Dans L’argent et le bonheur, notre journaliste Nicolas Bérubé offre chaque dimanche ses réflexions sur l’enrichissement. Ses textes sont envoyés en infolettre le lendemain.

Il n’y a aucune honte à commettre des erreurs avec l’argent. J’en ai commis plus que je ne peux me rappeler.

Mais les plus grandes erreurs sont celles que l’on commet sans s’en rendre compte. Et c’est pire quand on fait partie de la classe moyenne. Chaque erreur avec l’argent a des conséquences importantes puisque notre capacité à épargner et à gagner en indépendance est aussitôt mise en jeu.

Voici sept erreurs à éviter.

1. Ne pas acheter en gros

Aller au supermarché et acheter ce dont on a besoin cette semaine-là est une erreur. Les quantités sont petites, alors ça nous oblige à y retourner 52 fois par année (quand ce n’est pas 100 ou 150 fois), et ça maximise les profits du supermarché. Mieux vaut fréquenter Costco ou une autre grande surface. Une enquête de Protégez-vous de 2022 a montré que les prix chez Costco étaient en moyenne 14 % plus bas qu’ailleurs et que le coût de la carte de membre (60 $) était amorti au bout de 430 $ en dépenses annuelles.

2. « Travailler » à payer ses dettes

Imaginez qu’une sirène de 145 décibels montée sur un chariot vous suive partout 24 heures sur 24, 365 jours sur 365. Est-ce qu’arrêter la sirène serait un projet sur lequel vous « travailleriez » de temps en temps ? Bien sûr que non : ce serait votre unique raison d’être. Ce devrait être la même chose avec les dettes de consommation, qui travaillent 24 heures sur 24 à diminuer notre qualité de vie pour le restant de nos jours. La bonne nouvelle, c’est que réparer l’erreur de l’endettement peut parfois aller vite, comme l’a réalisé ce couple qui a pulvérisé 36 000 $ de dettes en 18 mois⁠1.

3. Faire financer un véhicule

Les membres de la classe moyenne demandent généralement à la banque d’acheter leur véhicule à leur place, et se portent ensuite volontaires pour participer aux profits de la banque en lui versant des milliers de dollars en intérêts pendant des années. Cet arrangement nous est présenté comme une façon d’avoir de la « liberté ».

Ma position sur l’achat d’un véhicule personnel est simple : si vous n’avez pas dans votre compte bancaire l’argent pour vous acheter un véhicule, vous n’avez pas les moyens de vous le procurer.

C’est révélateur que la phrase précédente soit considérée comme tellement radicale et inconcevable en 2023, mais que nos grands-parents et arrière-grands-parents n’y verraient que l’évidence même. Et notez que je ne parle pas ici d’un véhicule neuf. Si votre maison n’est pas payée et que vous n’avez pas 1 ou 2 millions de dollars en actifs financiers, la seule idée de recourir à un véhicule neuf pour vous mouvoir devrait vous faire éclater d’un rire franc, un peu comme si quelqu’un vous suggérait de saupoudrer de l’or sur vos rôties chaque matin.

4. Dépenser toute sa paie

Parlant de véhicules, bien des gens croient émuler les riches en ajoutant du luxe dans leur quotidien (vêtements recherchés, sorties au restaurant, etc.). Pour y arriver, ils dépensent souvent l’entièreté de leur paie. Sans le réaliser, ils émulent plutôt les pauvres : les riches ne dépensent qu’une fraction de leurs revenus pour leurs besoins de tous les jours. Épargner 10 % de sa paie devrait être l’absolu minimum, l’équivalent de rouler à vélo avec des petites roues d’entraînement. Personnellement, j’ai toujours visé à travailler quatre jours par semaine pour payer mes besoins courants, et d’épargner et d’investir le salaire de la cinquième journée, ce qui donne un taux d’épargne minimum de 20 %. « Je travaille fort, je le mérite bien » devrait devenir « Je travaille fort, je mérite de m’enrichir, et de vivre sans dettes ni stress liés à l’argent ».

5. Ne pas développer une haine pure des prix inutilement élevés

Coût maximum d’un service de téléphonie cellulaire : 30 $ par mois (Fizz ou Public Mobile). Coût maximum d’une connexion internet : 40 $ par mois (Ebox ou Fizz). Coût maximum d’un forfait télé avec une qualité d’image 4K : 0 $ (les forfaits télé sont pour les millionnaires). Coût de trois nouveaux romans, six films, deux séries télé, dix BD pour les enfants, deux jeux de société et quatre jeux vidéo : 0 $ (bibliothèque). Coût d’un déplacement de 5 ou 10 km : 0 $ (marche ou vélo). Malgré tout, des gens bien intentionnés paient souvent plus de 200 $ par mois pour deux forfaits de téléphonie cellulaire et une simple connexion internet. Ou commettent l’erreur de s’enfermer dans leur voiture pour franchir de courtes distances, usant prématurément leur véhicule et privant leur corps de l’exercice vital minimum que les médecins s’époumonent à nous prescrire pour mettre fin à l’épidémie de sédentarité, plus grande tueuse au pays après le cancer. Et la raison pour laquelle je m’excite pour des montants comme 200 $ par mois, c’est que ça donne 35 000 $ par décennie lorsque c’est investi dans des actifs financiers avec un rendement historiquement ordinaire (7 %) au lieu d’être gaspillé. Trouver 35 000 $ entre les coussins du divan toutes les décennies : bienvenue dans votre nouvelle vie.

6. N’avoir qu’une seule source de revenus

L’une des différences entre les riches et la classe moyenne est que les riches ont plusieurs sources de revenus. Immeubles locatifs, actifs financiers, entreprises : ils n’ont pas tous leurs œufs dans le même panier. Les gens de la classe moyenne n’ont souvent qu’une seule source de revenus : le salaire. Mais notre salaire a ses limites, et peut disparaître lors d’un évènement aussi courant qu’une simple récession.

Acquérir des actifs financiers au fil des ans nous donne la liberté d’en vendre une partie pour acheter un véhicule, rénover notre maison, ou financer une réorientation de carrière.

Mais essayer de soutenir l’ensemble de son train de vie avec son salaire est difficile, risqué, et ouvre généralement la porte à un endettement massif.

7. Attendre avant d’épargner

En épargne et en investissement, c’est le temps qui fait le gros des efforts à notre place. Investir 400 $ par mois (13 $ par jour) à partir de l’âge de 25 ans donne 1 million de dollars à 65 ans lorsqu’on émet l’hypothèse de 7 % de rendements annuels. Si on commence à 40 ans, c’est 1250 $ par mois (42 $ par jour) qu’il faudra mettre de côté pour arriver au même résultat, et 3100 $ par mois (103 $ par jour) si on commence à 50 ans. Dans le premier cas, 200 000 $ en salaire auront été investis durant notre vie active. Dans le deuxième, 375 000 $, et dans le troisième, 555 000 $. Attendre coûte cher.

1. Lisez « Prendre ses finances en main : rembourser 36 000 $ de dettes en 18 mois » Écrivez à Nicolas Bérubé