Dans l’infolettre L’argent et le bonheur, envoyée par courriel le mardi, notre journaliste Nicolas Bérubé offre des réflexions sur l’enrichissement, la psychologie des investisseurs, la prise de décisions financières.

J’aime utiliser des analogies pour me représenter des concepts abstraits.

Par exemple, les taux d’intérêt. Quoi de plus abstrait qu’un taux d’intérêt ?

Dans mon esprit, un taux d’intérêt est un peu comme un panier de basketball. Quand le taux est bas, c’est comme si le panier de basketball était à un mètre du sol. Marquer des points devient facile.

Une semaine dans le Sud ? Un week-end de ski à Tremblant ? Pas de problème, on va mettre ça sur la marge de crédit. Tout le monde est Michael Jordan quand le panier est bas.

Plus le panier monte, cependant, plus le jeu devient difficile. On y pense à deux fois avant d’emprunter. On consomme moins, et cette diminution de la consommation finit par faire baisser l’inflation. Éventuellement, les banques centrales peuvent ramener le panier de basketball vers le bas, et le cycle reprend.

Aujourd’hui, on le sait, le panier de basketball est en train de remonter. L’intérêt fait plus mal, et on cherche des façons de faire cesser cette douleur.

L’une des questions criantes est de se demander s’il n’est pas préférable de rembourser son prêt hypothécaire plus rapidement, quitte à cesser d’épargner et d’investir.

Est-ce une bonne idée ?

Vouloir se débarrasser de son hypothèque peut paraître logique : psychologiquement, ne rien devoir à la banque offre une quiétude qu’aucun classeur Excel ne parviendra jamais à refléter. Mais, sur le plan purement financier, les dollars que l’on consacre à rembourser un prêt hypothécaire ne sont sans doute pas les mieux investis. Et c’est vrai même avec la remontée des taux.

C’est le résultat d’une analyse récente faite par Wealthsimple. L’entreprise financière canadienne a voulu savoir si un portefeuille de fonds négociés en Bourse (FNB) indiciels composés d’actions et d’obligations avait plus de chances d’offrir un rendement supérieur aux pertes infligées par l’intérêt payé sur un prêt hypothécaire.

En supposant un rendement de 6 % du portefeuille, le calcul montre que la probabilité de finir avec plus d’argent a été historiquement plus grande avec le choix de l’investissement dans les marchés financiers que celui du remboursement du prêt hypothécaire, comme le montre le tableau suivant.

On voit que les probabilités ne sont pas fixes : plus on laisse nos placements travailler longtemps, plus les chances d’avoir un résultat positif augmentent (avec un horizon de moins de cinq ans, mieux vaut ne pas investir du tout, car les marchés sont trop imprévisibles à court terme).

L’analyse ne tient pas compte de l’impôt à payer sur les investissements. Et donc on a avantage à mettre nos placements dans un compte qui permet d’éliminer tout impôt sur leur croissance, comme le CELI.

Et notez qu’il s’agit d’un calcul prudent. Un portefeuille équilibré et diversifié composé de FNB indiciels d’actions canadiennes, américaines et internationales et d’obligations a donné des rendements annuels moyens de près de 9 % depuis un demi-siècle. C’est 50 % de plus que les 6 % utilisés par Wealthsimple dans son calcul.

Le choix d’investir a historiquement été le bon pour une personne qui est prête à laisser son argent travailler et à ne pas vendre ses placements dans une baisse boursière, comme celle que l’on traverse cette année.

C’est contre-intuitif, mais il ne faut pas cesser d’investir, même quand notre maison nous coûte plus cher. Et ce, peu importe la hauteur du panier de basketball.

Trop beau pour être vrai

Je vous demandais la semaine dernière dans l’infolettre ce que vous avez appris en 2022. Voici certaines des réponses que vous m’avez envoyées.

Je retiens que l’année 2022 a confirmé la thèse voulant que les “saveurs du mois” et les cryptos de ce monde sont parfois (même pratiquement toujours) dangereuses financièrement si on veut se bâtir un patrimoine financier viable.

Philippe

J’ai appris en 2022 que les recommandations d’achat de titres des analystes ne valent pas mieux que la pire des voyantes ou sorcières de quartier. Après avoir pris connaissance de ces recommandations, j’ai acheté il y a un an des actions de Lightspeed et de Lion. Elles ont depuis largué 70 % de leur valeur.

Francis

Je me suis juré de respecter cette trinité de conseils : 1. jamais la “saveur du mois” ; 2. me méfier de l’enthousiasme des médias ou autres pour un titre ; 3. me rappeler toujours et à jamais les règles n° 1 et 2 !

Alain

L’infolettre fera relâche la semaine prochaine et reviendra le 3 janvier. Passez de joyeuses Fêtes !

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