Après une année 2022 catastrophique, les titres de revenu fixe sont appelés à tirer leur épingle du jeu l’an prochain, croient des conseillers financiers. Ceux qui s’en réjouiront sont les détenteurs de portefeuilles équilibrés qui ont souffert le martyre cette année.

En date du 20 décembre, un portefeuille équilibré, investi à 60 % en actions et à 40 % en obligations, a offert un rendement négatif de 16 % en 2022.

Tout porte à croire que ce sera le contraire l’an prochain, avancent quatre conseillers en placements que La Presse a consultés.

« Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire des États-Unis que les actions et les obligations aient eu des rendements négatifs lors de deux années consécutives », souligne Sylvain Lapointe, conseiller en placements à Valeurs mobilières Peak.

Dans les 40 dernières années, souligne Sylvain Lapointe, le rendement annuel moyen d’un portefeuille 60/40 est de 10,8 %.

« Il ne serait pas surprenant qu’en 2023, l’indice obligataire canadien génère des rendements supérieurs aux alentours de 10 % », avance Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier. « Ça demeure des prévisions, insiste-t-il. Mais on devrait être très agréablement surpris des performances obligataires. » Selon lui, un portefeuille 60/40 va nécessairement en profiter.

Plus réservé, le planificateur financier André Lacasse s’attend néanmoins à un rebond l’an prochain. « Généralement, avec un portefeuille 60/40, on assiste à un rebond l’année suivant une année négative », fait-il remarquer, tableau à l’appui. « Quand on a une bonne stratégie de diversification, ça permet d’aller chercher une stabilité à long terme en dépit de rares années de rendements négatifs », ajoute-t-il.

Autant 2022 aura été une année défavorable pour les obligations, autant l’année 2023 devrait être une excellente cuvée à la fois pour les obligations et le 60/40, quoique certains suggèrent fortement de surpondérer les obligations pour les premiers trimestres, et je suis totalement d’accord avec eux.

Jean-François Robert, représentant de courtage en épargne collective chez Mérici Services financiers, à Sherbrooke

Il faut remonter aux années 1930 pour trouver une année aussi catastrophique que 2022 pour un portefeuille 60/40, d’après une compilation réalisée par l’Université de New York et reprise dans le blogue de Ben Carlson, gestionnaire de portefeuille chez Ritholtz Wealth Management.

Dans notre exemple donnant un rendement de -16 % évoqué plus haut, la partie actions est composée du fonds négocié en Bourse (FNB) VIT Vanguard Total Stock Market, dont le symbole est VIT, et la partie obligataire par le FNB Vanguard Total Bond Market (symbole BND). Le premier a généré un rendement de -20 % jusqu’à maintenant dans l’année ; le second est à -12 %. Ce sont des FNB américains. Le rendement pondéré de -16 % ne tient pas compte de l’effet de change qu’aurait subi un investisseur canadien.

Que s’est-il passé en 2022 ?

« Ce qui a fait mal aux obligations, ce sont les hausses de taux rapides, répond Sylvain Lapointe. Il reste encore peut-être des hausses de taux à venir, mais je ne pense pas qu’elles soient rapides ni qu’il en reste beaucoup. Ça devrait aider les obligations de ce point de vue. » Il demeure toutefois plus réservé pour ce qui est du rendement attendu des actions en 2023.

Habituellement, les obligations servent à diversifier un portefeuille, car elles sont faiblement corrélées avec les actions. Quand les actions vont bien, les obligations se tiennent tranquilles.

Quand le prix des actions recule, généralement les obligations surperforment. En 2022, les valeurs des deux catégories d’actifs, dont les évaluations étaient gonflées, ont dégringolé.

« On a connu la pire année depuis une centaine d’années dans le marché obligataire, souligne Sylvain De Champlain. Ce qui a fait mal, c’est qu’on n’avait aucun endroit pour se réfugier [à l’abri des mauvais rendements], sauf dans l’énergie. »

La partie revenu fixe d’un portefeuille

Un portefeuille obligataire est investi auprès de différents émetteurs gouvernementaux, plus sûrs, et d’entreprises, qui donnent un meilleur rendement. Il répartit les échéances dans le temps. Il peut aussi être diversifié à l’international.

Plus la durée d’un portefeuille obligataire est longue, plus sa sensibilité à une variation de taux sera prononcée. La durée estime en années le temps pour rembourser l’investissement initial effectué par le détenteur de l’obligation en tenant compte des coupons d’intérêt qui y sont rattachés.

Un investisseur achète des obligations à la pièce ou investit dans des parts de fonds négociés en Bourse ou de fonds communs de placement obligataires. Ceux-ci peuvent être indiciels ou gérés activement par un gestionnaire professionnel.

Dans le contexte actuel, nos conseillers financiers préconisent l’achat de fonds gérés activement pour tirer profit de la forte volatilité des marchés. Deux experts, Sylvain De Champlain et Sylvain Lapointe, aiment le FCP Manuvie Revenu stratégique, géré activement, dont les frais de gestion s’élèvent à 0,89 % pour la série F. Sa durée réelle atteint 4,77 années. M. De Champlain investit aussi dans le FCP Dynamique Obligations à prime, géré par Derek Bastien.