Les données sur les ventes de nourriture nous indiquent que le Canada s’appauvrit à un rythme alarmant. Selon le Rapport sur les prix alimentaires au Canada pour 2024, une personne devrait dépenser 339 $ par mois pour s’assurer un régime alimentaire sain. La dépense mensuelle moyenne actuelle totalise 248 $. Jusqu’en juillet 2021, les Canadiens dépensaient en moyenne plus que le budget souhaité pour soutenir un régime alimentaire sain. Ce n’est malheureusement plus le cas.

Le Canada semble être un marché d’épargnants, une tendance qui pourrait persister pendant un certain temps. Les données récentes de Statistique Canada sur les ventes alimentaires au détail, ainsi que les valeurs mesurant le produit intérieur brut (PIB), dressent un tableau préoccupant et peu reluisant, en particulier pour attirer davantage d’entreprises alimentaires ou d’épiceries dans notre pays.

Même si notre population a augmenté d’au-delà de 3 % l’année dernière, notre PIB a démontré une hausse d’à peine 1 %. L’économie du Canada reste très intégrée à l’économie la plus robuste du monde, celle des États-Unis. Malgré notre proximité avec cette superpuissance économique, les avantages de notre position géographique semblent s’amenuiser. L’aspect le plus alarmant livré par les valeurs du PIB de janvier nous indique que l’un des secteurs économiques les plus dynamiques du Canada repose sur les services publics.

L’écart de PIB par habitant entre le Canada et les États-Unis s’est creusé de 106 % depuis 2015, et cette tendance ne montre aucun signe de renversement. Autrement dit, malgré une population croissante, le Canada s’appauvrit.

Pour ceux qui travaillent dans le secteur alimentaire, cette nouvelle ne réjouit personne. Par l’entremise de Statistique Canada, on apprenait aussi qu’en janvier 2024, le Canadien moyen dépensait 248 $ par mois en achats alimentaires au détail, contre 258 $ en janvier 2023 et 282 $ en février 2017. Ces données sont toutes en dollars réels. D’après le Rapport annuel sur les prix alimentaires au Canada pour 2024, une personne devrait dépenser 339 $ par mois pour maintenir un régime alimentaire sain. Jusqu’en juillet 2021, les Canadiens dépensaient en moyenne plus que le budget souhaité pour soutenir un régime alimentaire sain. Par la suite, la tendance s’est malheureusement inversée (voir graphique).

Les Canadiens gaspillent moins ou trouvent d'autres moyens pour se procurer de la nourriture en dehors des canaux habituels comme les magasins à un dollar et les soldeurs non traditionnels. Les dépenses alimentaires par habitant dans notre pays n’ont jamais été aussi basses qu’en ce moment.

On pourrait penser que les épiciers ont du mal à surmonter cette situation, mais ils réajustent leurs stratégies et exercent davantage de pression sur les fournisseurs en jonglant avec des frais plus élevés et des prix plus bas. Un ensemble de conditions parfaites pour une potentielle guerre des prix plus tard cette année !

Les données sur les services alimentaires offrent une perspective différente. En moyenne, les Canadiens ont dépensé 169 $ dans les restaurants en janvier, ce qui équivaut à peu près aux dépenses de l’année dernière et constitue une augmentation par rapport aux 149 $ de janvier 2018. Toutefois, ces sommes sont toujours en dollars réels. Environ 41 % de tout l’argent dépensé pour la nourriture au pays se fait dans les restaurants, un ratio qui n’a pas vraiment changé. La répartition aux États-Unis tourne autour de 54 %, en faveur du service alimentaire. Compte tenu de la frugalité du marché, on s’étonne de voir autant d’argent dépensé dans les restaurants, où l’on obtient généralement moins de nourriture pour son argent.

L’inflation force les Canadiens à dépenser moins dans les épiceries, ce qui peut sembler contre-intuitif, mais c’est ce que les données nous révèlent. Par chance, la population augmente. Actuellement, environ 18 % de tous les dollars dépensés au détail se destinent à la nourriture, contre 21 % en 2017. En d’autres termes, le coût de la vie représente un défi pour de nombreux ménages canadiens et pour équilibrer leur budget, ils choisissent de réduire les dépenses liées à la nourriture. Les gens optent plus souvent pour les commandes à emporter afin d’éviter les pourboires, les frais de livraison et les boissons hors de prix.

Indépendamment de la façon dont nous interprétons ces données, elles demeurent tout simplement peu encourageantes. Voilà malheureusement ce qui arrive lorsque notre population augmente, mais notre richesse économique collective stagne ou roule au ralenti.