Si vous achetez du miel et de l’huile au Canada, vous avez pratiquement une chance sur quatre d’acheter un produit à l'étiquetage trompeur.

L’Agence canadienne d’inspections des aliments (ACIA) a de nouveau présenté son rapport annuel sur la fraude alimentaire. Ce rapport n’attire pas autant d’attention qu’il devrait, mais l’agence fédérale tente toujours de prendre le pouls de l’authenticité de notre alimentation au Canada.

Pendant la période de l’étude, la surveillance comprenait l’inspection, l’échantillonnage et les tests visant à vérifier l’authenticité et la représentation trompeuse de poissons, de miel, de viande, d’huile d’olive, d’autres huiles coûteuses et d’épices. L’ACIA a effectué une surveillance ciblée sur ces produits dans différents types d’établissements alimentaires, notamment les importateurs, les transformateurs nationaux et les détaillants.

Pour rédiger son dernier rapport, l’ACIA a collecté 844 échantillons ciblés pour détecter des types précis de représentation trompeuse. Les pourcentages suivants d’échantillons analysés se sont révélés satisfaisants : poissons, 92,7 % (91,2 % l’an dernier), miel, 77,5 % (88,5 % l’an dernier), viande, 99,1 % (aucun résultat l’an dernier), huile d’olive, 86,9 % (87,8 % l’an dernier), autres huiles coûteuses (huile d’amande, huile d’avocat, huile de coco, huile de lin, huile de pépins de raisin, huile de noisette, huile de graines de moutarde et huile de graines de sésame), 64,3 % (66,2 % l’an dernier), et épices, 90,8 % (92,1 % l’an dernier). Donc, si vous achetez du miel et de l’huile, vous avez pratiquement une chance sur quatre d’acheter un produit frauduleux.

Pour le poisson et l’huile d’olive, les résultats sont restés sensiblement les mêmes par rapport à l’année précédente. En effet, seul le poisson a connu une amélioration d’environ 1 point. Pour le miel, on accuse un recul de 11 points. Pour les autres huiles coûteuses, un recul d’environ 2 % cette année. Pour les épices, on constate aussi un recul de plus de 2 points par rapport à l’an passé. Des résultats qui sont décevants.

Les résultats des tests exposés dans ce rapport ne représentaient pas les taux de conformité globaux sur le marché canadien. Autrement dit, l’échantillonnage visait des produits présentant un risque plus élevé de non-conformité. Poissons, miel, huile, viande, épices constituent des produits classiques. Une telle approche peut entraîner des résultats qui semblent anormalement élevés, mais ils peuvent tout de même nous donner une bonne idée. Le rapport nous indique que la fraude alimentaire devient un problème grave maintenant, plus qu’avant.

Bien sûr, lorsque l’ACIA a constaté des manquements, elle a pris des mesures de contrôle et des mesures de répression, le cas échéant, conformément au processus normalisé de réponse réglementaire. Ces mesures comprenaient le retrait des produits au Canada, leur détention, leur destruction ou un nouvel étiquetage. Mais le nom des marques des produits frauduleux n’est pas publié. Les noms ne figurent pas dans le rapport annuel. Pour le bien du public, une fois qu’une infraction a été vérifiée et attestée, les entreprises fautives devraient figurer dans un registre public quelconque.

L’ACIA a nettement amélioré son approche concernant la fraude alimentaire au cours des dernières années. Elle met d’abord à disposition des outils d’étiquetage alimentaire pour aider les consommateurs à mieux comprendre les étiquettes alimentaires et les exigences en matière d’étiquetage canadien. Si les consommateurs ont une préoccupation en matière de sécurité, comme la présence d’un allergène non identifié, ou s’ils ont des raisons de croire qu’une étiquette alimentaire est fausse ou trompeuse, ils peuvent en informer l’ACIA directement. Plusieurs ne le savent pas.

Avec la pandémie et les problèmes de la chaîne d’approvisionnement, nous nous attendions à ce que certaines entreprises tournent les coins rond. Donc les résultats ne nous surprennent pas outre mesure. Pour le bien des consommateurs, une surveillance accrue et un plus grand nombre de tests deviennent nécessaires afin d’instaurer une meilleure discipline au sein des filières.

Point positif, les résultats pour la viande sont très rassurants. Étant donné que la plupart des grands scandales de fraude alimentaire se répertoriaient dans les viandes, les résultats nous surprennent agréablement.