Des évacués reviennent au bercail en dépit de l’incertitude

(Fox Creek) Une odeur de cendre flottait toujours mercredi près de Fox Creek, en Alberta, tandis que les premiers évacués rentraient à la maison après 19 jours d’absence. Les précipitations des derniers jours ont donné un coup de pouce salutaire aux pompiers, qui combattaient toujours l’incendie à un kilomètre de là.

Ce qu’il faut savoir

L’Alberta est aux prises avec des incendies de forêt sans précédent, qui ont forcé l’évacuation de 30 000 personnes au début du mois de mai.

Ils ont été causés par un temps anormalement chaud et sec pour un mois de mai, mais la pluie des derniers jours a permis aux pompiers de mieux les maîtriser.

Certains évacués ont pu regagner leur domicile au cours des derniers jours, faisant tomber leur nombre à environ 7000.

« Je n’aurais jamais pensé que je serais aussi heureuse de revoir Fox Creek », s’est exclamée l’une des personnes évacuées, émue, arrêtant son véhicule au passage pour serrer une pompière dans ses bras.

Le gouvernement albertain a levé l’ordre d’évacuation qui était en vigueur depuis le 6 mai dans cette petite ville située à plus de 250 kilomètres au nord-ouest d’Edmonton. L’état d’alerte demeure toutefois en vigueur, ce qui signifie que les résidants doivent être prêts à évacuer de nouveau à tout moment. Deux incendies de forêt dans le secteur sont toujours considérés comme non maîtrisés.

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Une habitante évacuée de Fox Creek rentrant chez elle a arrêté son véhicule au passage pour serrer une pompière dans ses bras.

« Le feu ne s’est pas rapproché de la communauté. Il est encore à peu près à un kilomètre, mais la principale différence est le terrain que les pompiers ont pu gagner », a indiqué la responsable des communications d’Alberta Wildfire, Christie Tucker, lors de son point de presse quotidien.

En tout, 89 pompiers ont combattu les flammes, dont une vingtaine de Fox Creek. Les dizaines de millimètres de pluie reçus lundi et mardi ont grandement facilité leur travail. « Ce n’est pas fini, a fait remarquer Jillian White, Néo-Brunswickoise installée dans cette petite ville depuis quelques années. Le gouvernement nous a dit que ça allait probablement durer tout l’été. »

Elle faisait partie d’un groupe de pompiers attroupés devant la caserne avec leurs camions rutilants pour accueillir les évacués. On pouvait entendre de joyeux coups de klaxon résonner dans les rues autrement désertes de la ville pour saluer leur travail.

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Secteur touché par les incendies de forêt à Fox Creek

« On a installé des arrosoirs sur toutes les maisons qui étaient du côté de la ville où le feu pouvait entrer, a expliqué la pompière. Le vent peut emporter les tisons et ça peut atterrir sur les toits ou les balcons. »

« Vous êtes des héros, s’est exclamée une résidante, au volant de son camion. Je ne sais pas comment vous remercier. »

Apaisement

Les flammes n’ont peut-être pas atteint la ville, mais elles ont laissé leur marque le long de la route 43 et l’ont même carrément traversée au cours du week-end. De nombreux arbres calcinés tiennent encore debout de part et d’autre. Quelques-uns ont été épargnés çà et là, signe de l’imprévisibilité de l’incendie. Presque toute la végétation est noire.

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Le maire de Whitecourt, Tom Pickard

« C’est le premier jour où on peut voir le ciel depuis deux semaines, fait remarquer le maire de Whitecourt, Tom Pickard. Nous avons eu une épaisse fumée, des cendres qui tombaient du ciel. »

Au plus fort de la crise, sa petite ville d’environ 10 000 habitants a accueilli 3000 évacués de la région, dont 1850 de Fox Creek qui se sont installés dans les hôtels et les terrains de camping aux alentours. La salle paroissiale a été transformée en centre de crise où les évacués pouvaient trouver un repas et une oreille attentive. L’incertitude commençait à peser sur le moral des évacués.

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La mairesse de Fox Creek, Sheila Gilmour, dans le centre de crise pour les évacués à Whitecourt

Nous avons eu beaucoup de hauts et de bas. On est passé de la frustration au découragement.

Sheila Gilmour, mairesse de Fox Creek

La famille Coulter comptait rester à Whitecourt au moins une journée de plus, de crainte d’être évacuée de nouveau. « C’est un soulagement jusqu’à un certain point, mais le feu n’est toujours pas maîtrisé », a souligné Stephen, rencontré à l’extérieur de la salle paroissiale.

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Stephen Coulter, évacué de Fox Creek

« Si le vent se lève, il peut se propager vite », a ajouté Kalene, à ses côtés.

La pluie ne sera pas suffisante

Le nombre d’évacués, qui atteignait 10 000 il y a quelques jours à peine, est tombé à environ 7000 au cours des derniers jours.

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Le repas est servi au centre de crise pour les évacués à Whitecourt.

La situation, alimentée par un temps anormalement chaud et sec pour un mois de mai, est sans précédent, selon les autorités de la province. L’Alberta comptait toujours 56 incendies mercredi, dont 19 n’étaient pas maîtrisés.

La météo a donné un grand coup de main aux pompiers, mais la pluie ne suffit pas à éteindre un incendie de forêt non maîtrisé.

Christie Tucker, responsable des communications d’Alberta Wildfire

Les pompiers doivent parcourir les bois pour éteindre les tisons cachés sous les cendres ou même les racines des arbres qui ont pris feu, sans quoi les flammes peuvent se propager de plus belle. Une centaine de militaires des Forces armées canadiennes sont déployés dans la région pour effectuer ce travail.

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Vue aérienne de Fox Creek

En tout, 2700 personnes luttent contre ces incendies qui font rage dans le nord de la province, dont 20 pompiers forestiers de la SOPFEU. Ils seront de retour au Québec vers la fin de la semaine. Des renforts de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie arriveront bientôt pour prêter main-forte à leurs confrères albertains.

Plus de 1 million d’hectares ont brûlé ce printemps en Alberta, surpassant l’ensemble de la superficie consumée par les flammes pour toute la saison de 2019.