En 2006, le parc canadien de chars de combat était en voie de disparaître. Mais en raison des problèmes rencontrés par les troupes canadiennes en Afghanistan, le vent a tourné. Et le Canada a acheté 120 chars Leopard 2. Un peu d’histoire.

Du Leopard 1 au Leopard C2

À la fin des années 1970, le Canada acquiert des chars Leopard 1. En 2000, plus d’une centaine d’entre eux sont mis à niveau et renommés Leopard C2. Le gouvernement canadien décide ensuite de laisser tomber les chars de combat. Pour les remplacer, un projet d’achat de 66 systèmes de canon mobile (SCM) sur roues est annoncé – puis abandonné, en 2006. Les Leopard C2 entrent en phase de déclassement. Le Corps blindé royal canadien est pratiquement dépossédé de ses chars et relégué à un rôle de reconnaissance et de surveillance, écrit le lieutenant-colonel à la retraite Perry Wells dans article publié dans Le Journal de l’Armée du Canada.

Kandahar

PHOTO SERGENT CAROLE MORISSETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Soldats canadiens à Kandahar, en 2006

Pendant ce temps, en Afghanistan, la mission canadienne se déplace de Kaboul à Kandahar. Les soldats sont engagés dans une opération (MEDUSA) destinée à chasser les talibans du district de Panjwai. On déplore de nombreuses pertes humaines et matérielles. « L’opération MEDUSA a souligné le besoin criant d’un véhicule tracté polyvalent, blindé, de fort calibre, ayant une capacité de tir direct – autrement dit, un char », poursuit le lieutenant-colonel Perry Wells dans son article. Un escadron de 15 Leopard C2, auxquels s’ajoutent deux chars de rechange et deux blindés de dépannage, est déployé. La situation s’améliore. Mais le C2 présente des lacunes face à des armes non conventionnelles comme les engins explosifs improvisés.

Achat de Leopard 2

En janvier 2007, dans le cadre du projet de remplacement des chars, un comité est formé pour trouver une solution de rechange. Pour l’Afghanistan, ce comité choisit le Leopard 2 de modèle A6M – le M indique une protection contre les mines. En attendant, le Canada emprunte, pour deux ans, 20 chars et deux véhicules de dépannage à l’Allemagne. Une entente est aussi conclue avec les Pays-Bas pour l’achat d’une centaine de Leopard 2 A4. Leur coût est estimé à 650 millions. « Il est préférable pour nos troupes d’acquérir des chars plus solides et lourdement armés qui augmenteront leur protection », déclare le ministre de la Défense nationale de l’époque, Gordon O’Connor. Un premier Leopard 2A6M CAN arrive en Afghanistan le 15 août 2007. Le Canada ne rendra les chars allemands qu’en 2010, après une remise à niveau et des coûts supplémentaires.

Le dur climat afghan

Quatre ans de travail sur le terrain en Afghanistan ont mis à l’épreuve les Leopard 2 canadiens. Une vingtaine de ces véhicules reviennent au pays en 2011. Un contrat de 10,16 millions est accordé à l’entreprise de Québec Wajax Systèmes de puissance pour l’entretien des moteurs. « Ce sont des conditions extrêmes. Les chars roulaient quotidiennement, il faisait extrêmement chaud et avec la roche, le sable, ça devient très dur pour l’équipement », indique le capitaine Yves Bouffard dans une entrevue avec Le Soleil.

Très utilisés pour l’entraînement

Éditeur de la revue militaire Esprit de corps, Scott Taylor a des réserves sur le don de chars canadiens à l’Ukraine. « De tous les chars donnés à l’Ukraine, ce sont les véhicules canadiens qui auront le plus besoin de mise à niveau, dit-il en entrevue. Car on les utilise beaucoup plus pour l’entraînement. » Et comme tous les véhicules à la mécanique complexe, ils doivent régulièrement faire l’objet d’entretiens complets, de sorte que tous les véhicules ne seront pas opérationnels en même temps. « Le pays n’a pas une grande réserve, poursuit M. Taylor. Si on enlève 10 ou 15 chars du parc, on va beaucoup réduire nos propres capacités. Et ça ne se remplace pas rapidement. Comme plusieurs pays donnent des chars à l’Ukraine, le constructeur Krauss-Maffei va recevoir plusieurs commandes. »

Où sont-ils ?

Où se trouvent ces chars Leopard 2 ? « [Le parc] se trouve principalement à la base des Forces canadiennes d’Edmonton, à celle de Gagetown [au Nouveau-Brunswick] et au Centre de mise en service de l’équipement de l’armée à Montréal », répondent les Forces armées canadiennes par courriel. D’autres chars se trouveraient à Petawawa, en Ontario.

Avec Le Journal de l’Armée du Canada, military-today.com, Le Soleil, CBC et army-technoloy.com

En savoir plus
  • 51,9 milliards US
    Somme des ventes d’armes américaines à des gouvernements étrangers au cours de l’exercice 2022. Il s’agit d’un bond spectaculaire par rapport aux 34,8 milliards de l’année précédente. Deux facteurs expliquent cette hausse : un ralentissement des achats d’armes imputable à la pandémie de COVID-19 et l’empressement des pays ayant fait don d’armes à l’Ukraine à regarnir leurs stocks.
    Source : Defense News