Henry Zavriyev a acheté sa première maison de chambres sans prêt hypothécaire, en 2017. Mais il a pu compter depuis sur le financement de prêteurs privés et de Desjardins.

Les caisses du Cœur-de-l’Île et Pierre-Boucher ont financé les achats de cinq immeubles abritant une cinquantaine de logements, en 2019, pour un total de plus de 10 millions de dollars.

Dans un courriel à La Presse, Desjardins assure ne pas « permettre le financement de flips immobiliers » ni approuver les « rénovictions ». « Il est toutefois difficile de détecter les motivations d’un promoteur au début d’une relation », précise la porte-parole Chantal Corbeil.

Les montants des prêts de Desjardins étaient supérieurs de centaines de milliers de dollars au prix payé par Henry Zavriyev pour ses immeubles. Rue Dorion dans le Centre-Sud, la Caisse du Cœur-de-l’Île lui a accordé une ligne de crédit de plus de 1,6 million, garantie par un immeuble de six logements payé 695 000 $ moins d’un an plus tôt. Elle a ainsi pris le relais de deux prêteurs privés qui avaient déjà prêté 1,8 million au promoteur pour rénover cette propriété.

La porte-parole de Desjardins souligne que les caisses ont cessé d’accorder de nouveaux prêts aux entreprises d’Henry Zavriyev en 2019.

Chantal Corbeil dit ne pas pouvoir divulguer les raisons de cette décision « par souci de confidentialité entre une institution financière et un client ».

La porte-parole ajoute toutefois que « Desjardins ne tolère pas les rénovictions ». « Nous sommes conscients des impacts sur les locataires qui sont aussi en majorité nos membres et clients. »

Un avocat spécialisé en actions collectives comme prêteur privé

Henry Zavriyev a pu compter sur près d’une vingtaine de prêteurs privés pour acquérir ses immeubles de logements. Parmi eux figure l’avocat spécialisé en actions collectives Jeff Orenstein, qui l’a financé pour des millions de dollars.

Contacté par La Presse, Jeff Orenstein ne voit pas de problème à financer les achats et les travaux d’Henry Zavriyev, même si les dossiers contre lui pleuvent au Tribunal administratif du logement.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU CONSUMER LAW GROUP

L’avocat et prêteur privé Jeff Orenstein

« Ce n’est pas nécessairement quelque chose que je regarde », dit l’avocat, qui explique ne pas faire de vérifications « sur Google » avant de prêter des fonds.

Selon le registre foncier, il a prêté 6,3 millions à Henry Zavriyev et ses entreprises pour le financement de 13 propriétés, presque toutes des immeubles de logements. Le promoteur et ses entreprises en ont revendu quatre pour 13,7 millions.

51 millions d’un seul prêteur privé

Le plus gros prêteur privé d’Henry Zavriyev, La Corporation d’hypothèque Westmount Capital inc., a pris des hypothèques totalisant plus de 51 millions sur les propriétés du promoteur depuis 2020. Le dernier prêt, de 2,8 millions, finance un immeuble de 27 logements, avenue des Vendéens dans l’arrondissement d’Anjou.

Le président de Westmount Capital, Robbie Peck, n’a pas rappelé La Presse.

Des prêts de la CIBC sur la rue du Fort

Pour financer l’achat des deux immeubles de la rue du Fort où des locataires tentent d’échapper aux évictions, Henry Zavriyev a obtenu des prêts auprès de la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC).

L’institution financière torontoise a pris des garanties de près de 20 millions sur les deux grands immeubles de logements du promoteur, qui abritent 140 appartements.

Les prêts de la CIBC ne couvrent toutefois que 75 % du prix qu’a payé Henry Zavriyev pour acheter ces propriétés, en 2023.

CIBC n’a pas répondu à nos questions.