Voici quelques causes, impliquant l’une ou l’autre des 12 entreprises détenues par Henry Zavriyev, qui se sont retrouvées devant les tribunaux.

2021 : Dominique Gorman

La locataire, âgée de 52 ans et peu scolarisée, habite depuis six ans dans l’immeuble. À l’issue d’une rencontre avec les représentants d’une société qui appartient à M. Zavriyev, elle signe une entente de résiliation de bail, moyennant une compensation de 2125 $. La rencontre n’a duré qu’une quinzaine de minutes. Durant l’audience, le propriétaire a admis ne pas avoir donné un délai de réflexion à sa locataire ni l’avoir encouragée à consulter des groupes d’aide avant de signer. « Elle a aussi été subjuguée par la somme qui lui était offerte, surtout après que celle-ci eut été bonifiée de 1000 $ pour constituer une somme telle qu’elle n’en avait jamais possédé. C’était comme gagner au bingo, dit-elle, écrit la juge Linda Boucher. L’argent qu’on lui a fait miroiter et les paroles habiles du mandataire de la locatrice l’ont convaincue qu’il s’agissait là de l’unique option possible pour elle. » La juge en conclut que son consentement a été vicié et annule l’entente de résiliation de bail.

2021 : Alin Fan

La locataire demande « l’arrêt de l’intimidation », ainsi que les réparations nécessaires au logement et à l’édifice. Elle réclame également que le service de conciergerie, inclus au bail, soit rétabli. Comme le bail n’a pas été respecté, elle réclame une diminution de loyer de 30 %. La locataire ne s’est pas présentée à l’audience, sa demande a donc été rejetée. Plusieurs causes impliquant les entreprises de M. Zavriyev sont basées sur des motifs semblables et se concluent de cette façon.

2022 : les résidants de la RPA du Mont-Carmel

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La résidence Mont-Carmel, au centre-ville de Montréal

En décembre 2021, M. Zavriyev acquiert la RPA de 216 logements pour 40 millions. L’acte notarié prévoyait que la vocation de l’édifice devait être conservée. Un an plus tard, le propriétaire annonce aux locataires que l’immeuble perdra sa certification RPA. Ils doivent donc partir, ou accepter une hausse de loyer et la perte de la majorité des services. Près d’une soixantaine de résidants contestent la décision devant la Cour supérieure. Ils obtiennent une ordonnance de sauvegarde devant le tribunal. Quelques mois plus tard, les locataires intentent une nouvelle poursuite pour outrage au tribunal, parce qu’ils allèguent que cette ordonnance de sauvegarde, qui devait leur garantir des services, n’a pas été respectée. Le propriétaire a interjeté appel du jugement initial et la Cour d’appel a renvoyé la cause devant le Tribunal administratif du logement (TAL). Une décision finale reste à venir.

2022 : Estère Nicolas

La locataire produit une demande visant à faire annuler l’entente signée avec la société propriétaire de son immeuble. Un accord est cependant conclu avant l’audience, qui accorde à la locataire un total de 17 840 $ en compensations.

2023 : Mathieu Valade

Mathieu Valade, l’un des locataires du 4790, rue Sainte-Catherine, a poursuivi la société Roxbury Capitale, appartenant à M. Zavriyev devant le TAL en 2023. L’immeuble acheté par M. Zavriyev avait été ravagé par les flammes, puis inondé. Chaque fois, les locataires avaient dû être évacués. L’appartement de M. Valade était dans un triste état, les infiltrations d’eau avaient fait céder le plafond de la salle de bains. Des moisissures étaient visibles à plusieurs endroits. Ses avocats avaient fait réaliser une étude de qualité de l’air, qui concluait que M. Valade devait impérativement être relocalisé. Juste avant l’audition au TAL, qui devait avoir lieu en décembre, Henri Zavriyev a finalement accepté de lui payer une chambre d’hôtel avec cuisine dans un premier temps, et par la suite, un appartement, pendant toute la durée des travaux.