L’actualité vous fait réagir. Les enjeux du Québec stimulent votre réflexion. Périodiquement, l’éditorialiste en chef de La Presse répond aux questions qui lui sont soumises par les lecteurs.

Je suis allée à la pharmacie pour aller chercher des tests rapides, car j’avais un party et je voulais m’assurer que mon petit mal de gorge n’était pas la COVID-19 afin de ne pas contaminer mes amis. Quelle surprise j’ai eue quand j’ai appris que ça coûte maintenant 44 $ pour cinq tests ! Comment se fait-il que la Santé publique ne fasse rien là-dessus ?

Sarah Maude Larose

Les écouvillons qui vous grattent le fond de la narine sont-ils devenus de l’histoire ancienne ? Peut-être bien…

Les tests rapides ont été une solution de rechange utile lorsque Québec, au bord de la rupture de stock, a dû renoncer aux tests PCR à grande échelle en janvier 2022. Mais aujourd’hui, l’utilité des tests rapides qu’on fait à la maison n’est plus aussi grande.

Outre la COVID-19, il circule désormais bien d’autres virus pouvant causer des problèmes respiratoires. Identifier la « bibitte » qui nous met sur le carreau n’est pas essentiel, dans la mesure où le comportement à adopter reste le même de toute façon.

C’est bien simple : si vous avez de la toux ou de la fièvre, il vaut mieux rester à la maison pour éviter la contagion. Et si vous devez absolument sortir, portez un masque.

Évidemment, c’est plus facile pour les employés qui peuvent accomplir aisément leur boulot en télétravail que pour ceux qui doivent être sur place. Au Québec, les normes du travail donnent droit à un minimum de deux jours de congé de maladie payés par année, ce qui reste bien peu.

Consultez le site web de la CNESST

Dans ce contexte, on comprend le gouvernement d’avoir arrêté de fournir des tests gratuitement à tout le monde. C’est beaucoup de sous ! L’argent n’est pas élastique et la valeur ajoutée des tests n’est pas tellement grande. Mieux vaut injecter les sommes économisées ailleurs dans le réseau de la santé.

Ceux qui veulent une boîte de tests se retrouvent donc à payer 44 $ entièrement de leur poche, comme Sarah Maude Larose, puisque les frais ne sont pas assurés par le régime d’assurance médicaments du Québec.

« Pensez-vous vraiment que les jeunes et les personnes à faible revenu vont dépenser 44 $ pour se faire tester ? Ils vont tout simplement contaminer le reste de la population sans égard aux conséquences », craint Mme Larose.

Mais il est important de souligner que certains patients peuvent encore se procurer des tests gratuitement dans la plupart des pharmacies.

C’est le cas des personnes dont la condition médicale nécessite un traitement contre la COVID-19 dès l’apparition de la maladie (ex. : avec du Paxlovid). C’est aussi le cas des jeunes de 14 à 17 ans, des étudiants à temps complet de 18 à 25 ans ainsi que des personnes qui bénéficient de la gratuité complète avec le régime d’assurance médicaments de la RAMQ. En outre, les écoles et les services de garde ont des tests qu’ils peuvent distribuer aux parents.

Consultez la page « Comment se procurer des tests rapides de dépistage de la COVID-19 » du site web du gouvernement du Québec

Mais attention : ces tests ne sont pas toujours efficaces, ce qui peut donner un faux sentiment de sécurité si on obtient un résultat négatif alors qu’on a la maladie.

Fiez-vous plutôt à vos symptômes… et à votre gros bon sens. Mieux vaut faire une croix sur un party que de contaminer son entourage. D’autant qu’on ne sait pas toujours si les personnes qu’on côtoie ont un problème de santé qui les rend plus vulnérables (ex. : immunosupprimés, greffés, etc.).

Les bonnes habitudes sanitaires acquises durant la crise sanitaire devraient rester en vigueur même si l’ombre de la pandémie s’est estompée.

Ne cherchez pas Medicine Hat en Scandinavie

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

En 2015, la Ville de Medicine Hat a retenu l’attention de la planète en annonçant qu’elle avait vaincu l’itinérance.

Vous devriez regarder du côté de la ville de Medicine Hat, en Alberta, qui aurait atteint zéro itinérance en adoptant le Housing First. Pouvez-vous faire des reportages pour en savoir plus sur ce qui s’est fait là-bas ?

Denise Turcotte

Ah, ces Scandinaves ! Ces pays du nord de l’Europe ! Ont-ils donc la recette pour régler tous les enjeux sociaux ?

Il est vrai que leurs approches sont souvent citées partout dans le monde. Par exemple, le modèle du « Housing First » appliqué par la Finlande a permis de réduire considérablement l’itinérance, comme le soulignait un récent éditorial.

Lisez l’éditorial « Si on commençait par un toit… »

Mais des lecteurs de La Presse ont des doutes lorsqu’on brandit « une solution scandinave pour des problèmes québécois », car il s’agit « de deux mentalités et deux contextes très différents », disent-ils.

Cette observation est juste.

Mais l’approche du « Housing First » existe aussi au Canada. Elle a été poussée par le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Et chez nous, les champions de cette approche se trouvent… à Medicine Hat, une petite ville du sud de l’Alberta.

« C’est d’autant plus intéressant qu’il ne s’agit pas d’habituels sociaux-démocrates comme les Finlandais, mais de très conservateurs Albertains », fait remarquer Denise Turcotte, qui aimerait en savoir plus sur ce qui se fait là-bas.

En gros, voici le topo…

En 2015, Medicine Hat a retenu l’attention de la planète en annonçant qu’elle avait vaincu l’itinérance. Comment la ville de 63 000 habitants y est-elle arrivée ? En mettant sur pied, en 2009, un programme orienté sur le « logement d’abord ».

Cette approche consiste à fournir un logement aux personnes en situation d’itinérance, tout en leur offrant le soutien dont elles ont besoin pour résoudre les problèmes qui les ont menées vers l’itinérance : dépendance à la drogue ou à l’alcool, problème de santé mentale, enjeux financiers, etc. L’idée est qu’elles auront plus de chances de surmonter leurs problèmes si elles peuvent au moins compter sur un foyer stable.

À Medicine Hat, une des clés de ce programme a été la mise en place d’une liste centralisée pour faire le triage et pour s’assurer que chaque personne obtienne le logement et les services en fonction de sa situation particulière. Chef d’orchestre de la lutte contre l’itinérance, la Medicine Hat Community Housing Society a hébergé 1583 personnes, dont 344 enfants, depuis le lancement du programme en 2009.

Malgré tout, les défis persistent. Un décompte réalisé en septembre 2022 a permis d’identifier 120 personnes en situation d’itinérance. La plupart étaient dans des refuges ou d’autres formes d’hébergement temporaire. Mais certaines étaient à la rue.

Avec la hausse du coût de la vie et l’ascension du prix des logements, il faut redoubler d’efforts pour lutter contre l’itinérance.

Un funiculaire sur le mont Royal ?

PHOTO EDGAR GARIÉPY, ARCHIVES DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Le funiculaire du parc du Mont-Royal, en 1917

Il y a déjà eu un funiculaire pour monter vers le sommet du mont Royal. Pourquoi ne pas en réinstaller un ? Ça ferait un attrait touristique de plus pour Montréal et son magnifique parc sur la montagne.

Pierre Dion

Comme bien d’autres promeneurs sans doute, Pierre Dion a observé les vestiges de l’ancien funiculaire, au hasard de ses balades sur le mont Royal.

Ce funiculaire a été mis en service en 1885, afin de répondre à l’engouement des Montréalais pour la montagne. À son ouverture, il fallait débourser cinq cents pour monter et trois pour descendre, peut-on lire dans La Presse de l’époque. Bâti dans l’axe de l’avenue Duluth, le chemin de fer incliné a finalement été démantelé en 1920, parce que la sécurité des installations avait pâti du manque d’entretien.

« Pourquoi ne pas en réinstaller un ? », se demande M. Dion.

Cette idée a souvent refait surface.

À la fin des années 1980, l’administration Doré voulait installer un funiculaire sur l’ancien emplacement de la piste de ski près de l’Université de Montréal. Le Bureau de consultation de Montréal a dit non.

Au milieu des années 2010, on a vu émerger l’idée d’un téléphérique reliant le belvédère en haut du mont Royal au toit d’un édifice du centre-ville. Et, pourquoi pas, au Vieux-Port, au parc Jean-Drapeau et même au métro Longueuil !

L’idée avait été rêvée par Michel Archambault, alors titulaire de la Chaire de tourisme de l’UQAM et membre du C.A. de Tourisme Montréal. À ses yeux, ce projet de mobilité urbaine spectaculaire serait utile tant pour les résidants que pour les touristes, tout en donnant une toute nouvelle signature à Montréal.

Mais le prix ? Comment justifier une telle dépense quand on n’arrive même pas à entretenir le métro convenablement ? M. Archambault assure que Doppelmayr, une entreprise autrichienne établie à Saint-Jérôme, aurait pu financer et exploiter le projet.

Mais le cachet du mont Royal, qui est un site patrimonial ? Le professeur émérite plaide que d’autres villes ont réussi à intégrer des téléphériques dans leur paysage, notamment La Paz en Bolivie, Haïfa en Israël ou encore Coblence en Allemagne, où un téléphérique relie le centre-ville à une forteresse historique située de l’autre côté du Rhin.

Mais l’idée qui posait toutes sortes d’autres défis est retombée à plat.