La faculté de médecine pourrait être relogée dans l’ancien hôpital dont la vocation reste à déterminer

À la fin octobre, 30 patients de l’Hôpital général juif seront transférés temporairement à l’Hôtel-Dieu. Mais quelle devrait être la nouvelle vocation du site patrimonial ? La question continue d’être débattue à l’heure où l’institution est aux trois quarts vide. Parmi les options, l’Université de Montréal (UdeM) lorgne l’endroit pour y loger sa faculté de médecine, a appris La Presse.

L’établissement cherche en effet des locaux pour sa faculté de médecine. « Avec 390 étudiants attendus en 2024, les espaces actuels à la faculté sur le campus de la montagne ne seront pas assez vastes pour accueillir tout le monde », indique Geneviève O’Meara, porte-parole.

La faculté est actuellement située sur le campus de la montagne, au pavillon Roger-Gaudry, du boulevard Édouard-Montpetit.

« En ce qui concerne l’Hôtel-Dieu, poursuit-elle, l’option a été évoquée, comme plusieurs autres. L’UdeM et la faculté de médecine évaluent donc divers scénarios qui pourraient répondre à nos besoins d’espace, à court et à plus long terme. Nous sommes en attente d’approbation du côté des deux ministères [Santé et Enseignement supérieur]. »

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Façade de l’Hôtel-Dieu

Expert consulté par La Presse, Jean Laurin, président de l’agence immobilière Avison Young au Québec, y voit une solution plausible. « Pour qu’une université s’intéresse au site, il faudrait que son projet soit relié, selon moi, à la santé. Par exemple, l’Université de Montréal pourrait décider d’établir quelque chose en lien avec la médecine. Ça pourrait être une option. »

L’Hôtel-Dieu a soigné des générations de Montréalais depuis son ouverture en 1861 rue Saint-Urbain, dans ce qui s’appelle maintenant l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Nombreux sont ceux parmi nos lecteurs qui y ont été soignés ou encore qui ont été au chevet de leur mère, d’un fils ou d’un proche lors de leur hospitalisation, à proximité du mont Royal.

Les lieux abandonnés par les patients et le personnel soignant depuis 2017 laissent toute la place aux souvenirs, a pu constater de visu La Presse le lundi 25 septembre. Le quotidien avait été invité par le syndicat et l’organisme Communauté St-Urbain.

Pendant notre visite, les rencontres ont été rares dans les corridors du complexe formé de huit bâtiments construits entre 1861 et 1962. Autre constat : les lieux sont moins vétustes qu’on aurait pu se l’imaginer.

  • Visite de l’Hôtel-Dieu : les rencontres se font rares dans les corridors.

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    Visite de l’Hôtel-Dieu : les rencontres se font rares dans les corridors.

  • Visite de l’Hôtel-Dieu le lundi 25 septembre. Toute la place est laissée aux souvenirs.

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    Visite de l’Hôtel-Dieu le lundi 25 septembre. Toute la place est laissée aux souvenirs.

  • La cafétéria reste ouverte pour servir les 125 travailleurs du CHUM toujours sur place.

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    La cafétéria reste ouverte pour servir les 125 travailleurs du CHUM toujours sur place.

  • L’organisme Communauté St-Urbain propose d’aménager des logements communautaires dans le pavillon Jeanne-Mance. Quelque 150 logements familiaux de grande taille seraient aussi bâtis à la place de l’immense stationnement dont on voit une partie au premier plan.

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    L’organisme Communauté St-Urbain propose d’aménager des logements communautaires dans le pavillon Jeanne-Mance. Quelque 150 logements familiaux de grande taille seraient aussi bâtis à la place de l’immense stationnement dont on voit une partie au premier plan.

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La clinique de physiatrie du CHUM occupe un étage du pavillon Jeanne-Mance. Une pharmacie, une cafétéria et un centre de prise de rendez-vous sont toujours en fonction. En tout, environ 125 syndiqués y travaillent.

Il y a aussi le pavillon Le Royer qui héberge des personnes itinérantes. Une demi-douzaine de visiteurs tuait le temps à l’extérieur lors de notre passage. Si certaines voix ont soulevé des problèmes de cohabitation avec le voisinage, il n’y paraissait rien en ce lundi matin.

L’ancien hôpital a aussi servi temporairement de centre de vaccination pendant la pandémie.

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L’Hôtel-Dieu avec, en arrière-plan, le mont Royal

Et pour l’avenir ?

Pour sa part, le Syndicat des employés du CHUM souhaiterait qu’une partie de l’établissement conserve sa vocation hospitalière. « L’Hôtel-Dieu est né avec Montréal et les deux devraient continuer à vivre et grandir ensemble », dit Charles Sainte-Marie, vice-président à l’information du Syndicat des employés du CHUM (SECHUM). Sa grand-mère, sa mère et lui y ont travaillé tour à tour.

Le sort incertain du premier hôpital de Montréal, construit en 1644 rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal, contraste avec celui d’anciens hôpitaux comme Notre-Dame, qui a conservé une vocation santé sous les auspices du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, ou encore Royal Victoria, ancien composant du Centre universitaire de santé McGill, qui a été cédé en partie à l’Université McGill. La Caisse de dépôt étudie la possibilité d’aménager une cité universitaire sur le reste de la propriété.

Ce flou est déploré par le groupe Communauté St-Urbain qui promeut un projet destiné à convertir la propriété en un lieu ayant une mixité d’usage incluant 300 logements communautaires et familiaux et des espaces réservés aux groupes sociaux.

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Dimitri Roussopoulos, président du conseil d’administration de la Communauté Saint-Urbain

« Dans le contexte actuel où l’abordabilité en habitation et la rareté des terrains posent problème, quand un terrain devient disponible et que celui-ci, par-dessus le marché, appartient à un corps public, sa première utilisation devrait être à des fins d’habitation », soutient Dimitri Roussopoulos, président du conseil d’administration de la Communauté Saint-Urbain.

Une estimation préliminaire des coûts datant de quelques années les évaluait à 250 millions.

C’est un dossier très important et d’actualité parce qu’on est dans un contexte où il y a des besoins d’habitation et que ça pourrait être une partie de la solution.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Toutefois, ajoute celui qui suit de près le dossier de la conversion des anciens hôpitaux universitaires, la vision qui s’articule autour d’une vocation d’habitation à forte composante sociale et communautaire soulève des enjeux de coûts, en raison du caractère patrimonial du site, et de cohabitation avec le voisinage.

Dans l’immédiat, le CHUM va se dessaisir de l’Hôtel-Dieu au profit du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, confirme Andrée-Anne Toussaint, porte-parole du CHUM. À la fin d’octobre, 30 patients de l’Hôpital général juif seront transférés au pavillon De Bullion.

« Afin de faciliter les rénovations de certaines unités de soins dans les pavillons B, C et D à l’Hôpital général juif, les patients et les membres du personnel des unités concernées seront transférés temporairement vers l’Hôtel-Dieu de Montréal », précise Carl Thériault, spécialiste en relation avec les médias du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Avec Louise Leduc, La Presse

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    Avec 390 étudiants attendus l’an prochain, l’effectif de la faculté de médecine de l’UdeM bondit de 35 % par rapport à son niveau prépandémique de 288 étudiants en 2019.
    Université dE Montréal