Ne soyez pas surpris, cette semaine, il y aura un 29 février. Précisément, un jeudi 29 février, venu se glisser entre le mercredi 28 février et le vendredi 1er mars. Si vous avez entrepris le défi Février sans alcool, vous devrez attendre 24 heures de plus avant de trinquer à volonté.

2024 est une année bissextile. Je sais, vous savez. Mais sait-on tant que ça ce que c’est, une année bissextile ? D’abord, c’est quoi une année ? C’est le temps d’une révolution de la Terre autour du Soleil. (Si vous faites partie de ceux pour qui la Terre est plate, donc fixe, je ne sais pas ce qui détermine, pour vous, une année, probablement le temps entre deux Bye bye.)

L’orbite de la Terre prend exactement 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 45 secondes. Voilà pourquoi tous les quatre ans, on ajoute une journée à l’année en cours. C’est l’année bissextile. Pourquoi « bissextile » ? On dirait un terme qui a plus rapport à la diversité sexuelle qu’au calcul des années. Il faut remonter à Jules César pour comprendre la racine de « bissextile ».

Au lieu de créer un 29 février, César a choisi de doubler le 24 février. On était le 24 février, on vivait notre journée, on se couchait, on se levait et on était encore le 24 février. Un peu mêlant. Se donner rendez-vous le 24 février n’était pas évident. Cependant, c’était la journée idéale pour la remise d’un travail.

Le « bis » de « bissextile » signifie donc deux fois. Le 24 février était aussi connu à l’époque comme le sixième jour avant les calendes de mars. Sex, en latin, signifie six. « Bissextile », deux fois le sixième jour avant les calendes de mars. Tout s’explique. Mais tout n’est pas expliqué…

Le 29 février est apparu pour la première fois en 1582. C’est le pape Grégoire XIII qui a promulgué cette nouvelle façon de procéder en spécifiant une mesure importante, car en ajoutant une journée tous les quatre ans pour ne pas être à court par rapport à l’orbite terrestre, on finissait au fil du temps par être trop long. Voilà pourquoi il a été décidé que les années bissextiles ne seraient plus que les années divisibles par 4 mais non divisibles par 100, à moins qu’elles ne soient divisibles par 400. Pas clair ? Ça veut dire, par exemple, qu’en 1900, il n’y a pas eu de 29 février, même s’il y en avait eu un en 1896, parce que 1900 est divisible par 100, mais pas par 400. Vous ne comprenez toujours pas ? Pas grave, la prochaine fois que ça va se produire, c’est en 2100. Soit vous ne serez plus de ce monde, soit l’intelligence artificielle réfléchira pour vous.

La dernière fois que nous avons vécu un 29 février, en 2020, on ne savait pas trop ce qu’était le coronavirus. Une dépendance à la bière ? Ça allait ben. La maison était un lieu pour se reposer, pas pour travailler. On a été chanceux dans notre malchance. Imaginez si 2021 ou 2022 avait été une année bissextile ! On n’aurait jamais été capable d’endurer une journée de plus de confinement.

Le 29 février arrive donc durant une année normale. Sur le coup, on ne se rendra même pas compte de ce temps supplémentaire, que les syndicats n’ont pas encore pensé réclamer, au moins temps et demi, mais le 31 décembre 2024, si vous vous sentez un peu plus fatigué que d’habitude, ce ne sera pas une illusion, vous aurez 24 heures de plus dans le corps. Vingt-quatre heures d’hiver, par-dessus le marché. Ça ne leur tentait pas, un 32 juillet ou un 32 août ? Y a pas juste Denis Villeneuve qui aurait été content.

Ceux qui seront contents jeudi prochain, ce sont ceux qui sont nés le 29 février, les grands oubliés, trois années sur quatre. Ce n’est pas notre faute, c’est la faute du calendrier. Il ne nous envoie pas de rappel quand l’anniversaire de l’ami est inscrit le 29 février.

Parmi les bizarreries de cette journée rare, il y a la famille Henriksen. Ses trois enfants sont nés le 29 février, en 1960, en 1964 et en 1968. J’espère qu’ils ont pris un 6/49. Ces Norvégiens ont inspiré une famille de l’Utah, aux États. Mme Estes a aussi accouché de trois enfants, en 2004, en 2008 et en 2012. Ça fête pas souvent, mais ça fête fort !

Dans l’histoire du Canada, l’évènement le plus marquant s’étant produit un 29 février a eu lieu en 1984, lorsqu’après une longue marche dans la neige, le premier ministre du Canada de l’époque, Pierre Elliott Trudeau, a annoncé qu’il quittait la vie politique.

Soyons aux aguets ce jeudi, si jamais Justin décidait de suivre les traces enneigées de son paternel. Ils annoncent une chute de neige, on ne sait jamais.

Le prochain 29 février sera en 2028. Qui sera à la tête du pays ? Le Canadien sera-t-il reconstruit ? Le Stade olympique, aussi ? Et le troisième lien, lui ? Le PQ sera-t-il au pouvoir ? Serons-nous en plein référendum ?

Calmos, calmos…

Vivons ça un 29 février à la fois.

Le prochain est dans quatre dodos.

Profitons-en ! Une journée de plus, c’est toujours mieux qu’une journée de moins.