Retiré dans un village tranquille du Lac-Saint-Jean, l’ancien premier ministre du Québec a accepté de nous donner une rare entrevue depuis sa défaite électorale, il y a cinq ans. Question nationale, déclin du français, effondrement du Parti libéral, fédéralisme, le citoyen Couillard s’est entretenu avec notre chroniqueur.

(Saint-Prime) On quitte la rue Principale de Saint-Prime où circulent des camions chargés de billots de bois. On se retrouve dans des rues en croissants bordées de bungalows anonymes.

C’est dans ce village de 2760 âmes du Lac-Saint-Jean que vit, tout aussi anonymement, l’ancien premier ministre du Québec.

Mon collègue photographe Edouard Plante-Fréchette est arrivé avant moi. Il me texte : « Es-tu sûr que c’est la bonne adresse ? »

Ce n’est pas l’idée qu’il se fait d’une maison d’ex-premier ministre et ex-neurochirurgien.

Philippe Couillard nous accueille. Après avoir longtemps hésité, il a accepté de nous donner une rare entrevue depuis sa défaite électorale, il y a cinq ans.

Dans la cuisine, sa femme, Suzanne Pilote, a commencé à faire des gâteaux pour Noël. Elle m’offre un sucre à la crème des plus moelleux, et je descends au sous-sol avec le citoyen Couillard au milieu de ses bibliothèques.

« Les gens pensent que je suis riche, curieusement. Des gens disent même : “Ça se peut pas ! Il doit en avoir de caché.” Mais non. »

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Philippe Couillard devant le lac Saint-Jean, au village de Saint-Prime

Oui, il a très bien gagné sa vie : il a été neurochirurgien, dont cinq ans en Arabie saoudite dans les années 1990 – notamment en n’étant plus résidant fiscal canadien. « Mais il arrive plusieurs péripéties dans une vie [comprendre : un divorce]. Et j’ai abandonné ma profession en toute connaissance de cause pour me consacrer au service public en 2003. Je ne me plains pas du tout, je vis très confortablement, mais je n’en reviens pas de ce que j’entends, c’est quasiment méchant. »

C’est une sorte de paradoxe : celui qui est généralement vu comme le premier ministre le moins nationaliste de l’histoire récente est aussi le seul qui se soit installé en région. Pas à Chicoutimi. Dans un village du Lac-Saint-Jean.

Ministre de la Santé de 2003 à 2008 sous Jean Charest, après avoir quitté la politique une première fois, il est venu vivre dans le Roberval natal de sa femme, en 2009. Quand il est devenu chef du Parti libéral, il a tenu à se présenter dans cette région réputée souverainiste, en 2014.

« Quand je leur ai dit que j’allais me présenter à Roberval, les gens au parti m’ont dit : “Es-tu fou ?” Mais le métier de premier ministre, ça commence par celui de député. Les gens ont vu la sincérité avec laquelle j’ai fait progresser les dossiers ici. »

Élu avec 55 % des votes en 2014, il a été réélu avec 5000 votes de majorité dans sa circonscription quatre ans plus tard, malgré la débâcle de son parti face à la CAQ. Dans son discours de départ, il a dit sa fierté d’avoir été « un premier ministre de région, habitant en zone rurale auprès d’agriculteurs, de forestiers et d’entrepreneurs, à proximité d’une communauté autochtone ».

« Plusieurs expliquent votre défaite par votre indifférence face à la question nationale, à la situation du français…

— C’est quoi, le nationalisme ? J’ai toujours défendu les intérêts du Québec et mené les combats avec le fédéral quand c’était nécessaire de le faire, répond-il, un peu piqué.

Pour moi, le nationalisme, c’est une projection de l’excellence du Québec partout dans le monde. Quand je vois des gens, des créateurs, des entreprises d’ici qui réussissent, ça me remplit de fierté et c’est ça, le nationalisme.

Philippe Couillard, ancien premier ministre du Québec

Le déclin du français ?

« Il y a un problème avec la façon dont on mesure le fameux déclin du français. C’est un peu comme si on choisissait l’indicateur qui nous assure de montrer un déclin. Si vous prenez comme indicateur la langue parlée à la maison, c’est inévitable, quels que soient le gouvernement ou les lois, ça va toujours aller en diminuant parce que l’immigration est plus importante et le taux de natalité des francophones est bas – ce qui ne veut pas dire que ces personnes ne parlent pas français dans l’espace public. Le pourcentage de gens qui parlent français est demeuré très élevé. »

Je lui demande si cette analyse très cérébrale n’est pas ce qui donne l’impression qu’il ne se soucie pas de l’état du français. Qu’il faut comme premier ministre du Québec manifester un souci, une vigilance constante.

« Elle était là, la vigilance. Mais il faut aussi avoir une posture de confiance. On n’est pas des gens faibles, des gens opprimés. Pour avoir vécu tout ce qu’on a vécu au fil des siècles, on a une culture qui est très forte, une langue qui est mieux qu’elle ne l’était, même si, en qualité, il faut continuer à travailler. Ce n’est pas une raison pour ériger des murs et diminuer l’accueil. »

« Pourtant, en politique, la perception compte…

— Le gens vont dire que… les gens vont penser que… ça va me rendre plus populaire de dire que… Ce n’est pas ma manière. J’y vais avec mes convictions personnelles et mes valeurs, sinon je ne me sens pas bien. Le français au Québec va toujours être sur un état de tension, qui est inévitable, et on doit examiner les indicateurs. Oui, c’est cérébral, mais à un moment donné, il faut expliquer les choses. Tant que vous choisissez cet indicateur, le soi-disant déclin va continuer de manière inexorable. Est-ce que ça donne une raison d’arriver avec des mesures plus coercitives, plus dures ? C’est la question qu’il faut se poser », dit le résidant d’une région francophone à 99 %.

Mes enfants parlent le français, mes petits-enfants parlent le français, mes arrière-petits-enfants vont parler français, et leurs enfants vont parler français. Je suis de l’école de la confiance, pas de celle du défaitisme.

Philippe Couillard

« Il y a le rêve de l’homogénéité culturelle dans tous les mouvements nationalistes ; c’est la nostalgie de l’époque révolue qui ne reviendra pas et on fait semblant qu’elle pourrait revenir, comme si les Québécois étaient tous des descendants des colons de la Nouvelle-France. Il faut que la définition soit beaucoup plus large. »

On n’est pas surpris, si on lui demande quels sont ses auteurs préférés, qu’il nomme Amin Maalouf, l’académicien auteur notamment des Identités meurtrières, qu’il a tenu à citer dans son discours de départ, il y a cinq ans, comme pour répondre au nationalisme identitaire : « Pour toute société, et pour l’humanité dans son ensemble, le sort des minorités n’est pas un dossier parmi d’autres ; il est, avec le sort des femmes, l’un des révélateurs les plus sûrs de l’avancement moral, ou de la régression. »

« Le Québec allait mieux en 2018 qu’en 2014 »

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L’ancien premier ministre estime avoir laissé les finances publiques en excellent état : « Le Québec était mieux à plusieurs égards, pas seulement sur le plan des finances publiques et de l’économie. »

Le Parti libéral ne s’est pas relevé de la défaite de 2018, et il a atteint un creux historique aux élections suivantes. Avec un appui minuscule chez les francophones, le parti ressemble à une espèce en voie d’extinction politique.

« Je ne crois pas à sa disparition, dit néanmoins l’ancien chef. Le PLQ existe depuis 150 ans, et tant qu’il est fondé sur des valeurs connues, bien exprimées, il va demeurer. Ce n’est pas la première fois qu’il vit quelques années d’éclipse. Le premier ministre historique que j’admire le plus, c’est Adélard Godbout. Quand il a perdu en 1944 contre Duplessis, ç’a pris 16 ans au parti avant de revenir au pouvoir. »

Godbout aussi a été accusé de défendre trop tièdement le Québec.

« On dit ça parce qu’il a accepté que le Québec participe à la Seconde Guerre mondiale ; il était de ceux qui disaient avec raison que le Québec ne pouvait pas s’isoler de ce combat de civilisation essentiel, qu’il fallait s’engager. Ça n’a pas été apprécié par l’élite cléricale de l’époque. C’est pour ça que je l’admire ; il a pris des positions courageuses, factuellement et objectivement nécessaires, mais pas faciles politiquement. C’est beaucoup plus facile de dire : ça, c’est la guerre des Anglais, on ne s’en occupe pas. Mais c’était la guerre de tout le monde, de toute la civilisation. En un mandat, il a fondé Hydro-Québec, accordé le droit de vote aux femmes, établi le salaire minimum, entre autres. Mais il a été aux prises avec un style de politique… différent. Un peu comme moi, je l’ai été. »

Il s’est fait rare dans l’espace public, considérant que « le plus beau cadeau qu’un ancien premier ministre peut faire à ses successeurs est de rester silencieux en général. Il y a assez de gens qui font des commentaires, des conseils, etc. ».

Mais puisque je lui pose la question…

« Des choses ont été bien faites par ce gouvernement. La stratégie batterie, je l’ai vue aux premières loges [il a dirigé brièvement un projet], elle a été planifiée et exécutée de manière très méthodique et professionnelle.

Il fallait que le Québec devienne autre chose qu’un acheteur de batteries, participer à la chaîne industrielle. Il faut arrêter d’être un peuple qui ne fait qu’exporter ses richesses naturelles non transformées.

Philippe Couillard

Il admet aussi être « jaloux » de la modification unilatérale de la Constitution par la loi 96 pour inclure la reconnaissance de la « nation » québécoise, et du français comme langue officielle.

« Je disais aux gens autour de moi à Québec : j’en ai assez de demander au reste du Canada de me reconnaître comme Québécois, trouvez-moi une façon de le faire unilatéralement. J’ai regardé avec Benoit Pelletier l’idée d’une Constitution québécoise, mais il me semblait qu’on entrait dans des méandres, et qu’il y avait un risque d’échec. »

Sauf les réserves publiées dans la lettre des six ex-premiers ministres, il est favorable à la réforme Dubé. « Il y a une tendance à la simplification et l’intégration des missions. L’idée de Santé Québec est bonne. Mais c’est comme un élastique : chaque fois que vous éloignez le centre de décision de l’endroit où le service est donné, l’élastique se tend, et on ne peut pas savoir où il se brise. On a déjà tiré beaucoup avec Gaétan [Barrette]… »

Comment analyse-t-il cette défaite, cinq ans plus tard ? Il a été « pris dans une élection de changement : peu importe ce que tu dis, les électeurs vont changer de gouvernement ».

Regrette-t-il d’avoir comprimé les dépenses de l’État si fortement, si rapidement ? On parle encore des postes éliminés dans les services publics sous sa gouverne.

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Philippe Couillard se défend d’avoir comprimé les dépenses de l’État, insistant pour dire qu’il a ralenti la croissance des dépenses, mais qu’il ne les a pas diminuées.

« L’impression d’austérité a été accentuée par un effort de propagande », dit-il. Il insiste pour dire qu’il a ralenti la croissance des dépenses de l’État, mais ne les a pas diminuées. Il rejette donc l’adjectif « austère ». Il m’a fait parvenir après l’entrevue une étude du fiscaliste Luc Godbout, qui analyse longuement le concept d’« austérité » et qui conclut qu’au Québec, « les plus importantes ont eu lieu en 1982, 1987, et de 1995 à 1997 ». Le chercheur ajoute néanmoins que « l’année 2015 », donc la deuxième du gouvernement Couillard, « a présenté les caractéristiques d’une période de restriction budgétaire ou d’austérité ».

De toute manière, il ne regrette aucunement sa politique budgétaire. « Si on n’est pas capables au Québec d’accepter ça, c’est très inquiétant pour l’avenir. Parce qu’il y a toujours des moments où on est allés trop fort, trop vite dans les dépenses, et ça force à redresser la barque par la suite. Ça fait partie des responsabilités d’un gouvernement.

M. Legault a été béni des dieux ! Ce n’est jamais arrivé, et je ne suis pas sûr que ça va arriver encore, d’entrer au gouvernement avec des milliards de dollars, je pense que lui-même n’y croyait pas. D’habitude, on arrive au gouvernement et on se plaint de l’état des finances publiques.

Philippe Couillard

« Je ne dis pas que c’était anodin, mais je veux que les gens aient un deuxième regard. Je referais la même chose, et heureusement qu’on l’a fait, sans quoi le Québec serait arrivé dans la pandémie sans la moindre marge de manœuvre. »

« Le Québec allait mieux en 2018 qu’en 2014. Il était mieux à plusieurs égards, pas seulement sur le plan des finances publiques et de l’économie. Les temps d’attente à l’urgence, la lutte contre la pauvreté, la culture. Il y a eu un progrès dans tous les secteurs. L’écart de richesse avec l’Ontario, la courbe a changé à partir de 2014-2015. »

« Moi, j’y crois, au fédéralisme »

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Philippe Couillard croit que le système fédéral est la bonne façon de faire progresser le Québec.

Regrette-t-il de ne pas s’être détaché suffisamment des années Charest, plombées par la commission Charbonneau sur la corruption et la collusion ? L’époque où les ministres libéraux devaient récolter 100 000 $ en dons.

« C’est des pratiques qui étaient répandues dans tous les partis. Ce qui nuisait, c’était la quantité d’argent en circulation. Mais j’étais tout à fait d’accord avec la réduction des dons à 100 $ [instaurée sous le Parti québécois en 2013]. Pour moi, en grande partie, ç’a réglé le problème. Les choses avaient commencé à se corriger avec la loi de 2011, avec la commission Charbonneau. La perception me fâche un peu parce que mon gouvernement sur ce point était irréprochable, mais ça fait partie des bagages historiques. »

Il rejette l’idée qu’il fallait couper les ponts avec les politiciens de l’ère Charest. Quand il a évincé Sam Hamad, d’ailleurs, et que la circonscription a été perdue, « ç’a été le début de la désescalade ».

Il a beau comparer l’effondrement du PLQ avec celui de 1944, il n’en reste pas moins que quand la CAQ fléchit, ce n’est pas vers les libéraux que l’électorat se tourne, mais vers le PQ.

« La montée du PQ, je la prévoyais. La CAQ dit : “OK, on ne sera ni fédéraliste ni souverainiste.” Je n’ai jamais cru que ce serait possible. Il y a des enjeux spécifiques sur lesquels il faut forcément être d’un côté ou de l’autre de la clôture et non assis sur la clôture Frost avec les piquants qui te gardent en place.

« Dans un ton de revendication perpétuelle gouvernementale, la question vient toujours : et si Ottawa dit non, tu fais quoi ? Pas évident.

— Mais ce n’est pas plus évident pour un fédéraliste…

— Ben moi, j’y crois, au fédéralisme. Pas par une sorte d’adoration religieuse. Simplement parce que je crois que le système fédéral est la bonne façon de faire progresser le Québec. Oui, en voyant le PIB, le Québec pourrait fonctionner comme pays, bien qu’on aurait de la misère pendant de nombreuses années, il faudrait des ajustements douloureux. Mais ce n’est pas ça, l’enjeu, pour moi. C’est le type de citoyenneté qui sous-tend le fédéralisme qui m’attire. Cela suppose une mise en commun, un partage. C’est la raison de mon allégeance. »

Il suit de loin l’espèce de refondation du PLQ qui est en cours, sans chef. Pour lui, le parti doit revenir aux valeurs qui le distinguent, dit-il : l’adhésion au fédéralisme, par choix et non par obligation ou pis-aller, et la défense des libertés individuelles.

La défaite a été difficile à encaisser, concède-t-il.

Tu t’es dévoué corps et âme pendant quatre ans et demi… On avait un bilan appréciable. J’aurais voulu continuer. La transition a été abrupte.

Philippe Couillard

« Mais j’avais intégré le fait que c’était une entreprise à terme. Tu es locataire de cette fonction, tu n’es pas propriétaire. Je n’aurais pas fait plus de deux mandats. Aussi, Suzanne m’a rapidement emmené en voyage. Ça m’a sorti du milieu, j’ai arrêté de lire les commentaires, ça m’a fait du bien. On se promenait un peu partout en Europe, on voyait des Québécois qui me disaient : “Vous avez l’air bien, on est contents de vous voir, on a tous voté pour vous !” J’ai dit à ma femme : “Il y a quelque chose qui ne marche pas, je devrais revenir demander un recomptage…” »

Il rit.

« J’ai beaucoup aimé faire des politiques, un peu moins faire de la politique », résume-t-il.

Par la suite, la neurochirurgie n’étant pas, comme le vélo, un truc auquel on peut revenir après avoir arrêté d’en faire pendant 20 ans, il a brièvement été embauché au cabinet d’avocats Dentons, comme consultant. Il l’a quitté pour devenir un des dirigeants de British Volt, qui devait implanter une usine de batteries à Bécancour, mais le projet a échoué et la société a fait faillite.

Aujourd’hui, à 66 ans, il est consultant pour StrategyCorp, une firme canadienne de conseil. Il siège à un conseil d’administration en santé numérique et à celui d’une firme de propulsion électrique de bateaux – Vision marine.

Il va deux ou trois fois par jour sur le site du REM, pour voir comment va ce qui est un peu son bébé. Sinon, la biographie d’Alexander von Humboldt, un peu de chasse à la gélinotte ou de pêche à la mouche l’intéressent infiniment plus que les soirées mondaines. Au PLQ, d’ailleurs, certains se plaignaient de ses habitudes de reclus, sans véritable réseau ni antenne à Montréal.

Les gens de Montréal doivent comprendre l’énergie que ça prend pour maintenir en vie et faire prospérer une région. Les dossiers des régions ne sont jamais en haut de la pile, au gouvernement. Ça prend quelqu’un pour les faire monter. Les Serres Toundra [à Saint-Félicien], c’est moi qui les ai mises en haut de la pile. Le nouveau palais de justice à Roberval aussi. On est seulement un comté parmi d’autres, à Québec.

Philippe Couillard

« J’ai dit que je ne sacrifierais pas d’emplois pour les caribous. Non pas que je n’aime pas le caribou, mais j’aime les familles forestières. Si on diminue l’accès au massif forestier sans avoir mis en place une solution de rechange, les communautés vont fermer.

« Je suis un optimiste. On a de quoi être très fier de ce qu’on a accompli collectivement au Québec. Est-ce que parfois on a des raisons d’être enragé face aux services publics ? Oui, mais on oublie souvent de mesurer le chemin parcouru. »

Nous remontons du sous-sol. Suzanne Pilote m’a emballé du sucre à la crème et des gâteaux pour la route. En m’éloignant, je vois le citoyen Couillard rapetisser dans mon rétroviseur. Il marche tranquillement vers la boîte postale communautaire dans cette rue tranquille d’un village tranquille. Peut-être qu’il y aura du courrier.