que tu sois de Métis près du Saint-Laurent
Ou que t’aies du sang 100 % métis
En dépit des marées, de la neige et du vent
Les Québécois s’unissent sous la fleur de lys

Loco Locass, Le mémoire

J’en rêve à chaque compétition internationale. Oui, chaque fois. Cette semaine, c’était (encore) la faute des Croates.

Cette petite nation de quatre millions d’habitants a battu le Brésil, géant du soccer et géant démographique (215 millions d’habitants). Quelle fête cela a dû être dans les rues de Zagreb ! Les Croates ont finalement perdu contre les Argentins, mais ils ont atteint le carré d’as cette année et, en 2018, ils avaient perdu en finale contre la France.

Cette idée que le Québec participe à des compétitions internationales sous son propre nom n’est pas nouvelle… Il n’y a pas si longtemps, le premier ministre Legault lui-même n’y était pas indifférent1.

Et elle est tout à fait réalisable. L’argumentaire le plus complet pour cette idée se retrouve dans Équipe nationale du Québec – Un projet rassembleur et identitaire, de l’auteur Robert Sirois, un ancien des Capitals de Washington et des Flyers de Philadelphie. L’auteur y affirme notamment qu’il y a 35 nations ou territoires qui ne sont pas des pays et qui ont des équipes nationales participant aux Jeux olympiques, aux Jeux du Commonwealth ou encore aux Jeux panaméricains. Exemple récent, au début de la Coupe du monde, l’Angleterre a affronté le pays de Galles, ce sont deux des quatre nations qui forment le Royaume-Uni.

Autre exemple, une équipe iroquoise de crosse2 espère se rendre aux Jeux olympiques en tant qu’équipe nationale… Imaginez l’extraordinaire effet que cela aurait sur la fierté autochtone !

En avril dernier, dans la balado La poche bleue, les anciens hockeyeurs Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse avaient constitué une équipe impressionnante uniquement avec des Québécois présentement actifs dans la Ligue nationale3. Nous serions certainement parmi les meilleurs au monde. Imaginez le Québec battre les Russes en finale du Championnat du monde de hockey !

Les équipes québécoises seraient performantes en particulier au hockey, mais nos athlètes individuels le seraient également dans à peu près tous les sports d’hiver et dans de nombreux autres sports comme le tennis (la Croatie a gagné la Coupe Davis en 2018) ou encore dans les sports de combat.

En novembre, à New York, quand le Québécois Olivier Aubin-Mercier a été couronné champion des poids légers de la Professional Fighters League, il a lancé un joyeux « Québec is back, tabarnak ! », pour souligner que le Québec reprenait le devant de la scène internationale des sports de combat, scène où nous avions dominé notamment grâce à Georges St-Pierre.

Rappelons-nous également qu’aux Jeux olympiques d’hiver de cette année, les Québécois ont récolté la moitié des médailles du Canada4. À Lillehammer, moment inoubliable, nous avions remporté 9 des 13 médailles canadiennes. Le rayonnement de nos athlètes en tant que Québécois aiderait puissamment le Québec à consolider sa personnalité internationale.

En mars 2020, un sondage Léger nous apprenait que 74 % des Québécois étaient favorables à la création d’équipes sportives québécoises.

Plus encore, dans tous les sondages depuis des années, une très grande majorité des Québécois, toutes allégeances confondues, appuie une plus grande présence du Québec sur la scène internationale. C’est aussi ça, le sport : une ouverture sur le monde.

Gagner une Coupe du monde rend fier, évidemment, mais cela rend également heureux. Grâce à leur victoire de 1998, la confiance en l’avenir des Français avait bondi de 15 points, même la popularité du président Chirac avait monté dans les sondages, c’est dire ! Finalement, le sport peut être un formidable liant pour une nation. Rappelez-vous, toujours en 1998, le moment « Black, blanc, beur » des Français. Je rêve de notre moment « Québec arc-en-ciel ».

Les grands rassemblements sportifs sont nés du désir des nations du monde de mettre en valeur leurs habiletés et de s’affronter dans l’amitié et le respect.

Pour donner l’exemple de création d’équipes nationales, le Québec devrait dès maintenant demander aux Jeux de la Francophonie d’accepter des sportifs et des artistes autochtones comme compétiteurs, mais pas sous le chapeau du Québec, en tant qu’Innus, Cris, Attikameks et ainsi de suite.

Le Canada reconnaît la nation québécoise et les nations autochtones, il pourrait les accompagner dans leur désir de rayonner.

Un jour, les Croates remporteront la Coupe du monde de soccer. Dans bien des sports, des équipes du Québec pourraient, si elles existaient, impressionner le monde. J’espère que le gouvernement du Québec agira en ce sens. En attendant, « Allez les Bleus ! »

1. Lisez l’article « François Legault sommé de tenir parole » 2. Consultez l’article « L’équipe iroquoise de crosse espère se rendre aux Jeux olympiques » 3. Lisez le texte « Voici à quoi pourrait ressembler une équipe de Québécois dans la LNH » 4. Consultez l’article « Le Canada fait bonne figure grâce aux athlètes québécois »