Les discussions « de haut niveau » à la COP15 ont commencé jeudi au Palais des congrès de Montréal. Et c’est le président chinois, Xi Jinping, qui a donné le signal de départ de ces quatre jours d’intenses négociations en vue de finaliser un nouveau cadre mondial pour la biodiversité.

Plus de 100 ministres représentant autant de pays sont arrivés à Montréal ces derniers jours pour le « segment de haut niveau », qui a commencé jeudi et où sont abordés les enjeux politiques d’un éventuel accord sur un cadre mondial pour la biodiversité.

L’entrée en scène des ministres a « complètement changé l’atmosphère », a déclaré en fin de journée Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire générale du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique.

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Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire générale du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique

Cette « ambiance positive » devrait aider à surmonter les désaccords qui subsistent tant sur l’ambition des objectifs que sur la façon de les atteindre, a ajouté la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina J. Mohammed.

« Les moyens nécessaires à l’implantation doivent être au rendez-vous, c’est là que sont les tensions », a-t-elle indiqué, rappelant qu’il reste peu de temps pour finaliser les accords clés pour l’adoption du cadre mondial pour la biodiversité post-2020.

Mobilisation « inédite »

Amina J. Mohammed s’est par ailleurs montrée emballée par la mobilisation générale envers la biodiversité qu’elle observe à Montréal et qu’elle qualifie d’inédite.

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Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies

On n’a jamais vu un tel engagement du secteur privé, de la société civile, jamais. C’est une bonne chose, ça crée l’impulsion nécessaire à un résultat ambitieux.

Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies

Plus tôt jeudi, au cours d’une séance plénière présidée par le ministre de l’Environnement de Chine, Huang Runqiu, le président Xi Jinping s’est adressé par vidéoconférence aux délégués et aux ministres présents. « Il nous faut bâtir un consensus global pour la biodiversité », a-t-il déclaré dans un discours en mandarin.

« Nous devons favoriser un développement pour protéger la biodiversité. […] Il faut que nous travaillions ensemble pour assurer un meilleur avenir à tous », a-t-il ajouté.

« Il nous faut revoir nos façons de produire, de consommer et de nous déplacer », a affirmé le président de l’Assemblée générale des Nations unies, Csaba Kőrösi.

« Nous devons vivre en harmonie avec la nature et non pas essayer de la dominer », a dit pour sa part le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

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Des délégués assistent à l'ouverture des discussions « de haut niveau » à la COP15, jeudi.

« Le Québec répond présent »

De son côté, le premier ministre du Québec, François Legault, a dit espérer que la COP15 devienne un moment historique. « Je souhaite que dans les livres d’histoire, on puisse parler d’un moment Montréal. »

« On n’a pas accordé à la biodiversité l’importance qu’on aurait dû lui accorder », a admis le premier ministre dans son allocution devant les délégués.

On a une opportunité exceptionnelle devant nous de changer les choses.

François Legault, premier ministre du Québec

« Le Québec répond présent et j’espère que tout le monde va faire la même chose », a précisé M. Legault, qui a aussi profité de l’occasion pour rappeler que son gouvernement allait déposer dès la prochaine session parlementaire un projet de loi pour mettre en placer le Fonds bleu, avec un financement prévu de 650 millions.

Rappelons cependant que la création du Fonds bleu est une promesse de la dernière campagne électorale de la Coalition avenir Québec. Il serait financé entre autres par l’augmentation des redevances des industries qui s’alimentent en eau sur le territoire québécois.

Sur Twitter, l’annonce de M. Legault a été qualifiée de « recyclage » par Alice de Swarte, directrice principale de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP). Plusieurs groupes de la société civile québécoise reprochent d’ailleurs au gouvernement du Québec de ne pas avoir accompli de gestes concrets à la COP15. La SNAP, par exemple, aurait aimé voir Québec annoncer son intention de protéger la rivière Magpie, sur la Côte-Nord.

Au cours de la journée, les discussions ont repris afin de trouver un terrain d’entente au sujet des ressources financières demandées par les pays en développement. En soirée, les négociations se poursuivaient dans un comité de travail formé à cette fin.

Fonds bleu et transparence

Une obligation de transparence sera incluse dans le projet de loi par lequel sera créé le Fonds bleu, a indiqué plus tard dans la journée le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

Les données relatives aux quantités d’eau puisées par les entreprises au Québec, actuellement protégées par le secret commercial, deviendront ainsi publiques.

Cette précision a été saluée par le Centre québécois du droit de l’environnement et par Eau Secours, qui militent depuis plusieurs années pour une plus grande transparence en la matière, essentielle selon eux à une gestion responsable de l’eau.

Le projet de loi sur l’eau sera le premier en matière d’environnement qui sera déposé lors de la prochaine session parlementaire, promet le gouvernement caquiste.