Près de 6000 migrants ont demandé l’asile au Québec le mois dernier pour un total record de 65 570, en 2023, selon les plus récentes données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), publiées vendredi.

Le Québec a ainsi reçu 45 % des 144 035 demandes de protection présentées au Canada, en 2023.

Cette proportion est moins élevée qu’en 2022, lorsque le chemin Roxham était grand ouvert, mais le nombre de demandeurs d’asile, lui, est à la hausse.

En 2022, le Québec a reçu 58 805 demandes sur un total canadien de 91 735, soit 56 %.

Devant cet afflux de migrants sans précédent, le premier ministre François Legault a demandé à son homologue fédéral Justin Trudeau de freiner l’arrivée des demandeurs d’asile et de mieux les répartir à travers le pays, dans une lettre datée du 17 janvier. Le Québec s’approche du « point de rupture », en raison du nombre « excessif » de demandeurs d’asile sur son territoire, a-t-il déclaré, ajoutant que la situation est devenue « insoutenable ».

Lisez la lettre de François Legault

Le record de demandeurs d’asile établi en 2022 avait été dépassé en novembre, avant même la fin de l’année, comme le rapportait La Presse.

Lisez l’article « Demandeurs d’asile au Québec : Encore une année record, malgré la fermeture du chemin Roxham »

Principal point de chute

Malgré le fait que le flux de migrants s’est diversifié vers les autres provinces, l’an dernier, le Québec est toujours le principal point de chute des demandeurs d’asile au Canada.

Dans sa lettre, M. Legault signale que, « sur une base par habitant, le Québec en a accueilli trois fois plus que le reste du Canada », en 2023. « La venue soudaine d’un aussi grand nombre de personnes génère une pression très importante », ajoute-t-il, tout en demandant à M. Trudeau de dédommager financièrement le Québec pour les frais engagés depuis 2021.

Justin Trudeau a répondu, jeudi, en conférence de presse, que son gouvernement allait « être là pour partager le fardeau et la responsabilité » de l’accueil des demandeurs d’asile.

Contrairement à ce qu’on attendait, la fermeture du chemin Roxham n’a pas freiné le flux de migrants, qui ont trouvé d’autres façons d’entrer au pays. On a assisté tout au long de l’année à l’entrée par avion de titulaires d’un visa de visiteur qui ont ensuite demandé l’asile. Cela a été facilité par l’assouplissement de critères de délivrance de ces visas, notamment en Afrique, dans le but de réduire l’inventaire.

La pression exercée par ce nouveau mode d’entrée devrait toutefois s’atténuer en 2024 parce que le gouvernement fédéral a annoncé, le 15 décembre, qu’il mettait fin au programme qui consistait à accélérer la délivrance de visas de visiteur pour les pays où ces délais étaient très longs.

Deuxième destination

En 2023, l’Ontario a été la deuxième destination en importance des migrants avec 44 % de toutes les demandes reçues au Canada. Le rattrapage de la province voisine a été spectaculaire : l’Ontario a accueilli 63 390 demandeurs d’asile, plus du double par rapport à l’année précédente, où 26 505 demandes avaient été enregistrées.

Loin derrière, la Colombie-Britannique a reçu 7695 demandes, et l’Alberta 6050. Les autres provinces ont été très peu touchées par l’arrivée des migrants.

Selon les données du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA), qui relève du gouvernement du Québec, les demandeurs d’asile arrivés au Québec en 2023 étaient en majorité issus du Mexique, dont les citoyens peuvent entrer au Canada sans visa, de la Colombie, d’Haïti, de la Turquie et du Venezuela.