Patiner dehors est toujours impossible dans plusieurs municipalités du sud du Québec. Les hivers de plus en plus chauds menacent la tradition associée aux vacances de Noël. Faut-il augmenter le nombre de patinoires réfrigérées ? Des amateurs de hockey interpellent la Ville de Montréal pour qu’elle finance davantage leur sport hivernal préféré.

Éliot Denault, 15 ans, planifiait de jouer au hockey avec ses amis pendant les vacances de Noël.

La météo en a décidé autrement.

La patinoire de son quartier, situé dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, s’est transformée en pataugeoire.

« Je suis déçu. C’est le seul moment de l’année où je peux jouer avec mes amis », se désole l’adolescent.

À Montréal, la grande majorité des 200 glaces extérieures sont actuellement fermées en raison de la pluie et du redoux des derniers jours.

C’est la même chose pour une longue liste de municipalités dans le sud de la province, dont Longueuil, Laval et Sherbrooke.

Il existe des patinoires réfrigérées, mais elles sont rares. Montréal en compte quelques-unes.

« Je suis allé une fois l’an passé, et c’était bondé de personnes. En plus, elle est vraiment plus loin de chez moi. Il en faut plus », déplore Éliot Denault.

Amateur de hockey, le fils de Nat Lono vit le même problème. « Il n’y a pas de patinoires réfrigérées près de la maison », raconte sa mère.

Au lieu d’être sur la glace, son garçon de 13 ans se tourne les pouces à la maison. « Ça le rend triste. Ses plans sont tombés à l’eau – littéralement. »

Les caprices météorologiques sont évidemment imprévisibles, mais la Ville peut investir davantage dans la réfrigération des patinoires extérieures, croit Mme Lono.

Une patinoire extérieure est « un lieu de rencontre », fait-elle valoir. L’expérience en aréna n’est pas la même.

« Mon fils me parle encore des rencontres qu’il a faites à la patinoire l’hiver dernier. C’est l’aspect social, pas juste l’aspect exercice, qui est une perte », soulève Mme Lono.

Un défi pour les années à venir 

L’entretien des glaces extérieures devient un défi de plus en plus grand à mesure que le climat se réchauffe.

« Ce n’est pas inconnu d’avoir de la pluie en janvier, mais la tendance, c’est que les hivers comme les étés deviennent plus chauds », confirme Nicolas Lessard, météorologue chez MétéoMédia.

Surtout, les variations de température sont plus intenses, entraînant le gel et le dégel des patinoires. Le sud du Québec est généralement plus touché par les redoux hivernaux, mais le nord de la province n’est pas à l’abri.

« Le 31 décembre, des records de chaleur ont été battus jusqu’à Baie-Comeau », indique M. Lessard. Des températures nettement au-dessus des normales saisonnières sont d’ailleurs prévues partout au Québec en ce début d’année 2023.

Plusieurs conditions doivent être réunies pour démarrer une patinoire extérieure, comme l’accumulation de 10 cm de neige au sol et des températures sous les -5 °C pendant au moins trois jours, explique la Ville de Montréal par courriel.

« Les récentes conditions météorologiques n’ont donc pas été favorables à l’égard des patinoires extérieures non réfrigérées », souligne le relationniste Guillaume Rivest.

Plus résistantes aux variations de température – et plus coûteuses –, des glaces réfrigérées sont aménagées pour permettre à la population de continuer à patiner en dépit de la météo.

En février dernier, Montréal a inauguré la nouvelle patinoire de l’esplanade Tranquille dans le Quartier des spectacles.

À travers la province, la Fondation des Canadiens pour l’enfance a également financé 13 glaces couvertes et réfrigérées, surnommées les patinoires « Bleu Blanc Bouge ».

Une nouvelle patinoire sera construite dans le parc Victoria, à Québec, avec une ouverture prévue à l’hiver 2025. Et ce n’est qu’un début : la capitale ambitionne de construire une patinoire extérieure réfrigérée dans chaque arrondissement.

« Je n’ai jamais vu ça »

Patrick Paquet construit une patinoire dans sa cour depuis 12 ans. « Généralement, on a toujours une patinoire pour le temps des Fêtes. Cette année, c’est un calvaire. Je n’ai jamais vu ça », confie-t-il.

L’entrepreneur de Mascouche, qui confectionne des toiles de patinoires extérieures, s’inquiète des redoux qui durent de plus en plus longtemps.

Une semaine complète au-dessus de zéro, on n’est pas capables de garder nos patinoires en vie.

Patrick Paquet

Guillaume Vaillancourt réside sur le Plateau-Mont-Royal depuis près de 30 ans. Patineur récréatif, il se désole lui aussi de la détérioration des patinoires extérieures.

« Il y a 20 ans, on pouvait généralement patiner pendant le temps des Fêtes. Maintenant, c’est exceptionnel », déplore le père de famille.

Il espérait profiter des vacances scolaires pour apprendre à sa fille de 6 ans à patiner. Et comme la neige a disparu, impossible d’aller glisser ou de construire des bonshommes de neige non plus.

« Il va y avoir du monde au Centre des sciences et au Biodôme ! », s’exclame-t-il.