Le repêchage demeure une rare journée où les 32 équipes en sortent gagnantes. Peut-être moins le Lightning de Tampa Bay cette année, avec un premier choix au sixième tour seulement, mais l’acquisition d’espoirs sème justement beaucoup… d’espoir.

Voici dix citations à retenir dans l’environnement du Canadien à la suite de chacun de ses choix de premier tour entre 2011 et 2020, pour le meilleur et pour le pire !

2011

J’étais un peu surpris qu’il soit encore là (au 17e rang). Je croyais qu’il serait repêché au neuvième rang par les Bruins de Boston. Mais ça tombe bien, la défense du Canadien a plusieurs défenseurs âgés…

Jacques Beaulieu, entraîneur et père de Nathan, en entrevue à La Presse.

Les Bruins ont plutôt opté pour un autre défenseur, un certain Dougie Hamilton. Celui-ci vient au premier rang pour les points chez les défenseurs de sa cuvée avec 445, 232 de plus que le second, Jonas Brodin.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Nathan Beaulieu

Beaulieu est toujours dans la LNH, mais il n’a jamais pu s’établir à Montréal et remplacer ces défenseurs vieillissants, les Andrei Markov, Roman Hamrlik, Jaroslav Spacek, Josh Gorges et compagnie.

2012

Les gros joueurs de centre ne courent pas les rues. Lorsqu’il y en a un qui passe, il faut saisir l’occasion. C’est le type de joueur pratiquement impossible à aller chercher via une transaction.

Marc Bergevin

On a tout fait au cours des années suivantes pour faire d’Alex Galchenyuk, troisième choix au total cette année-là, le fameux centre numéro du CH. Mais il n’avait ni la compréhension du jeu ni l’efficacité en défense pour répondre au défi. Il roule encore sa bosse dans la LNH, mais sa saison de 30 buts à sa quatrième année dans la Ligue demeure le fait saillant de sa carrière. Au moins, il aura été échangé pour Max Domi, qui aura ensuite rapporté Josh Anderson.

2013

Ce n’était pas une surprise d’être choisi par Montréal, mais je ne m’attendais pas nécessairement à sortir au premier tour. Je suis tellement content, ça démontre que le Canadien croit en moi. J’ai des frissons simplement à l’idée de me joindre à l’une des équipes originales.

Michael McCarron, 25e choix au total.

Pour une deuxième année consécutive, le CH a repêché en fonction de besoins spécifiques. Il venait de se faire intimider, blesser et éliminer par les Sénateurs d’Ottawa au premier tour des séries et on cherchait un redresseur de torts capable de jouer au hockey. Du haut de ses 6 pieds 6 pouces et avec un coup de patin décent, McCarron semblait avoir le profil de l’emploi. Mais il manquait carrément de talent. Il est parfois rappelé à l’occasion par les Predators de Nashville, dans un rôle de soutien, ce qui est déjà digne de mention.

2014

On a déjà des Russes dans l’équipe pour l’encadrer, on a Markov, Galchenyuk, Emelin. Bien sûr, je ne peux pas garantir à 100 % qu’il n’ira pas jouer là-bas. On ne peut jamais le garantir. Il y a un risque et c’est pour ça qu’il ne serait pas parti dans les 10 premiers. Mais 26e, pour nous ça valait la peine. C’est un risque calculé. Ça pourrait être un coup de circuit.

Marc Bergevin

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Nikita Scherbak et Alex Galchenyuk

Nikita Scherbak a toujours répété sa volonté de jouer en Amérique du Nord, il jouait déjà dans les rangs juniors à Saskatoon à son année d’admissibilité. La KHL donc n’a jamais posé problème, mais la faible compréhension du jeu de Scherbak, oui. Il a disputé à peine 37 matchs dans la LNH et jouait en Slovaquie l’hiver dernier.

2015

Il était le joueur que nous voulions. Nous n’avons eu aucune hésitation. Notre recruteur qui l’a vu le plus souvent m’a dit qu’il allait dormir comme un bébé en sachant qu’on l’avait réclamé. Des membres d’autres organisations sont venus me dire que nous avions fait un bon choix.

Marc Bergevin

Le DG du Canadien n’avait pas tout faux. N’eût été deux blessures malencontreuses au visage, chaque fois après avoir reçu une rondelle de plein fouet, Noah Juulsen serait peut-être devenu un défenseur du top quatre à Montréal. Il semblait en voie de le devenir lorsque la malchance l’a frappé. Il joue toujours, au sein de l’organisation des Canucks de Vancouver, et y a disputé une douzaine de matchs cet hiver.

2016

Il a le potentiel de devenir un joueur de la trempe de Drew Doughty.

Rocky Thompson, l’entraîneur en chef chez les Spitfires de Windsor de Mikhael Sergachev, neuvième choix au total du Canadien.

Rocky a frappé dans le mille. Malheureusement, Sergachev a été échangé il y a longtemps au Lightning de Tampa Bay, où il est devenu la saison dernière, à 24 ans, le défenseur numéro un. Il a amassé 64 points en 79 matchs avec un temps d’utilisation de presque 24 minutes. Dommage…

2017

J’ai de la misère à trouver une comparaison juste, mais j’ai des visions d’un joueur qui pourrait devenir un peu comme Mikko Koivu plus tard. La seule raison pour laquelle les gens lui mettent des limites, c’est qu’il n’a pas présenté de grosses statistiques cette saison. C’est injuste à mon avis parce que ce gars-là va passer à un autre niveau et devenir un bien meilleur joueur offensif.

Bob Motzko, entraîneur à l’Université du Minnesota de Ryan Poehling, 25e choix au total.

Malgré ses trois buts lors de son premier match en carrière, Poehling était limité offensivement finalement. Il s’est trouvé une niche au centre du quatrième trio des Penguins, mais s’est contenté de 14 points en 53 matchs. Le CH l’a offert à Pittsburgh dans la transaction de Jeff Petry pour libérer un peu d’argent pour retenir Rem Pitlick. Il s’est trouvé une chaise conforme à celle de la plupart des joueurs choisis à ce rang.

2018

La position de centre est très difficile. Tous les DG en sont conscients. Les jeunes centres avec du potentiel ne courent pas les rues, donc tu dois les repêcher. On avait la chance d’en repêcher un, il ne fallait pas passer à côté.

Marc Bergevin

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jesperi Kotkaniemi

Même discours qu’en 2012 avec Alex Galchenyuk, repêché comme Jesperi Kotkaniemi au troisième rang. Les deux ne jouent plus pour le Canadien et les deux premiers centres actuels de l’équipe, Nick Suzuki et Kirby Dach, ont été obtenus dans des échanges, dont Suzuki par Bergevin lui-même !

2019

Le Canadien est meilleur au centre qu’avant. C’était une belle occasion d’ajouter un marqueur à l’aile.

Marc Bergevin, après avoir repêché Cole Caufield au 15e rang.

Tiens, tiens…

2020

Quand Kaiden sera à Montréal, je sais que Shea l’aura à l’œil et l’aidera à se développer. Il ne pourrait pas avoir meilleur modèle. Mais je ne sais pas si Kaiden deviendra aussi costaud, car Shea, c’est l’homme-montagne !

Marc Habscheid, entraîneur dans les rangs juniors de Kaiden Guhle, 16e choix au total, à La Presse.

Shea Weber est tombé au combat avant d’avoir eu la chance de guider Guhle. Mais celui-ci a déjà montré l’an dernier qu’il était un fichu bon défenseur, digne d’une première paire. Comme Sergachev d’ailleurs…

Le Jack-Adams ou la Coupe ?

PHOTO GEORGE WALKER IV, ASSOCIATED PRESS

Jim Montgomery

Il ne s’agit pas ici d’une critique envers quiconque. Mais il est néanmoins amusant de constater que le gagnant du trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur par excellence dans la Ligue nationale de hockey, a été remporté par Jim Montgomery, qui a remplacé chez les Bruins Bruce Cassidy. Celui-ci n’a pas tardé à se trouver un poste après son congédiement à Boston, il a été rescapé par les Golden Knights de Vegas. Moins d’un an plus tard, Cassidy remportait la Coupe Stanley. Pour la petite histoire, Cassidy a terminé au quatrième rang dans les votes pour l’obtenir du trophée Jack-Adams…

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  1. L’entraîneur des Bruins de Boston, Jim Montgomery, espère encore pouvoir compter sur Patrice Bergeron l’an prochain. Les détails de Simon-Olivier Lorange.
  2. Une Québécoise jouera en première division français. Justin Vézina lui a parlé.
  3. Les recruteurs ont tendance à sous-estimer les joueurs de petite taille. Alexandre Pratt évoque cette étude ce matin.