J'ai 39 ans et j'ai plus de 10 ans d'expérience dans une grande entreprise privée. J'y occupais un poste à temps plein avant d'avoir des enfants, et ma carrière était en plein essor.

Mon CV est rempli de belles expériences et de compétences intéressantes pour un employeur. Pourtant, depuis que je suis devenue une maman, j'ai fait le choix de mettre ma carrière au ralenti, car je n'ai pas accepté de la poursuivre à temps plein. Comme c'est le cas de plusieurs « mamans au travail à temps complet », j'étais de plus en plus essoufflée par la course folle quotidienne « travail-enfants-transport-tâches-activités ». J'avais l'impression que ma vie se déroulait à 100 milles à l'heure, toujours stressée et à la course dans tout.

Après mon second congé de maternité, nous avons donc pris la décision, mon conjoint et moi, que je ne retournerais pas au travail à temps plein. J'ai démissionné de mon poste, une décision difficile mais réfléchie.

Toutefois, je suis une personne très motivée, mon désir n'étant pas d'arrêter de travailler complètement. Je suis prête à travailler à temps partiel, selon un horaire de 4 jours/semaine, 6 heures/jour, mais il y a très peu d'employeurs intéressés à ce genre d'horaire. Pourtant, cette douzaine d'heures de moins par semaine (par rapport à un horaire à temps complet) feraient toute la différence d'un point de vue familial.

Il est dommage que notre société soit « conçue » de façon à ce que la semaine de travail standard et acceptable fluctue entre 35 et 40 heures, sans oublier qu'il faut y ajouter le transport qui est de plus en plus pénible...

Ne me parlez pas de la notion d'heures flexibles ou de la « fausse » conciliation travail-famille offerte par les entreprises: un horaire à temps complet impose qu'il faille tout de même les travailler, ces heures à temps plein. Je recherche un vrai poste à temps partiel, à 25 heures/semaine, dans mon domaine.

Comme je ne l'ai pas encore trouvé, et afin de ne pas perdre mes acquis, j'ai mis à profit mon expérience professionnelle dans un nouveau domaine d'emploi pour moi: l'enseignement au collégial, en dénichant ici et là des contrats de formatrice et de conseillère pédagogique.

Parce que les entreprises ne sont pas adaptées au travail à temps partiel, nous sommes privées, elles et moi, de belles opportunités de part et d'autre. Je ne juge aucunement les mamans désireuses de travailler à temps plein, par choix ou par obligation. Je les admire même, car je les trouve très bonnes de tout mener de front en même temps. Par contre, je suis prête à vivre avec un salaire moindre, afin d'obtenir, à mes yeux, une meilleure qualité de vie.

J'espère sincèrement que les choses changeront dans les années à venir. Avec mon emploi actuel, j'ai trouvé un compromis acceptable, j'ai fait ce choix au profit de ma qualité de vie et celle de ma famille, et je l'assume parfaitement. Mais je trouve que nous vivons dans une société où les longues heures de travail, même si elles sont parfois improductives, sont encore valorisées par l'employeur.

En ce début d'année 2012, nous sommes en droit de nous poser la question : pourquoi ce dilemme entre la carrière professionnelle et la qualité de vie familiale?  Pourquoi devoir choisir entre l'un des deux scénarios?  Selon moi (et lorsque possible financièrement), le meilleur compromis pour les mamans sur le marché du travail demeure le travail à temps partiel.  Il s'agit de changer nos paradigmes et je suis persuadée qu'une organisation du travail avec un horaire de 25 heures/semaine est possible et serait productif.

Encore faut-il que l'employeur soit réceptif et ouvert à cette idée. Tout le monde y gagnerait : l'entreprise au niveau de la performance, la maman au niveau de sa qualité de vie, tant pour son bénéfice personnel que celui de sa famille et de son employeur.