Le développement à long terme du potentiel minéral des grands pays miniers, y compris le Québec, se déroule de façon quasi universelle selon deux tendances principales. Dans les régions minières matures, le potentiel en profondeur sera développé lorsque tous les gisements présents en surface auront déjà été découverts et exploités; dans les régions vierges, la découverte de gisements majeurs, initialement en surface, pourra entraîner l'émergence de nouvelles régions minières qui évolueront sur des périodes de 20 ans à plus de 100 ans jusqu'à un stade mature.

Le développement à long terme du potentiel minéral des grands pays miniers, y compris le Québec, se déroule de façon quasi universelle selon deux tendances principales. Dans les régions minières matures, le potentiel en profondeur sera développé lorsque tous les gisements présents en surface auront déjà été découverts et exploités; dans les régions vierges, la découverte de gisements majeurs, initialement en surface, pourra entraîner l'émergence de nouvelles régions minières qui évolueront sur des périodes de 20 ans à plus de 100 ans jusqu'à un stade mature.

Avec le projet de loi 14 et l'annonce quasi simultanée du Plan Nord, le gouvernement du Québec met en place une politique totalement contradictoire vis-à-vis du développement des ressources minérales. Par exemple, dans les régions minières, conférer aux municipalités le droit d'autoriser ou de refuser des projets miniers dans les limites des territoires urbanisés et des zones de villégiature va hypothéquer lourdement le développement en profondeur du potentiel minéral et oblitérer une vision économique durable. Tandis que dans les régions vierges, l'activité minière constituera un des principaux moteurs du Plan Nord.

Tout le monde s'entend pour dire que la richesse minérale fait partie du patrimoine collectif des Québécois. Si l'intérêt est véritablement national, alors il est inconcevable que le développement de ce potentiel dépende de l'échelon local. Le projet de loi 14 va instrumentaliser la richesse collective du Québec pour en faire un enjeu permanent de politique municipale. Cette proposition inconséquente ouvre une boîte de Pandore: des projets miniers d'envergure vont devenir l'objet de marchandages et de surenchères entre factions opposées, ballottés d'une élection municipale à l'autre. Un tel climat de blocage et d'incertitude, propice à faire fuir les investisseurs les mieux disposés à l'égard du Québec, ne peut être souhaité par aucun gouvernement. Dans une industrie où le risque technique et financier est omniprésent, le rôle de gestion de l'État doit être central. Il doit donc rester le gestionnaire unique de la ressource et, via la taxation, assurer une juste répartition des bénéfices pour la collectivité nationale.

À ce point, comment expliquer une telle remise en cause du «modèle minier québécois»? Un modèle, développé à travers les alternances gouvernementales, qui a propulsé le Québec comme une référence internationale en matière de politique minière, accompagné du rayonnement aux quatre coins du monde de ses entreprises, de ses universités et de ses travailleurs. Une fierté nationale!

Ceux qui dénoncent avec acharnement «l'archaïque loi» sur les mines pourraient peut-être répondre. Depuis des mois, on apprend que notre loi est directement héritée du Far West, que les citoyens vivent sous la menace permanente d'expropriations sauvages, qu'il y a appropriation du bien collectif par des multinationales étrangères assoiffées de profits et que l'État québécois s'est dévoyé pour une bouchée de pain. Cet argumentaire caricatural, voire grotesque, disséminé selon les tactiques activistes classiques avec la sempiternelle étiquette de «citoyen», a-t-elle produit des effets chez nos gouvernants?

Soulignons ici que la qualité de citoyen ne souffre pas d'exception. Des milliers de mères et de pères de famille, des centaines d'étudiants, tous les citoyens impliqués au sens large dans l'industrie minière ont, depuis des années et à de très rares exceptions, totalement intégré dans leur vie quotidienne les dimensions sociales et environnementales découlant de leurs activités. Avec près de 54 000 emplois directs et 3800 entreprises actives dans toutes les régions du Québec, y compris Montréal, les entreprises minières font partie des communautés. Les Québécois se disent à 72% en faveur ou très en en faveur de l'industrie minière selon un récent sondage réalisé par Saine Marketing. Ces résultats encourageants ne dispensent pas l'industrie minière québécoise de ses devoirs. Elle doit renforcer le dialogue avec tous les citoyens et continuer à développer des pratiques sociales et environnementales exemplaires.

Ainsi, entre intégration et dés-intégration, il faut choisir. Le défaut conceptuel du projet de loi 14 est de marginaliser l'activité minière pour en faire une nuisance municipale, soumise à l'arbitrage des conseils locaux.

Plutôt que de favoriser l'extraction d'une richesse nationale, le projet de loi 14 enterre les ressources minérales en les transformant en source permanente de conflits. Dans le contexte d'un Plan Nord visionnaire, la gestion des ressources minérales doit rester la prérogative du gouvernement. Comme dans tous les grands pays miniers.