L'Afrique de l'Est fait face à la pire crise alimentaire de ces 60 dernières années. En Éthiopie, en Somalie et au Kenya, plus de 10 millions de personnes ont absolument besoin de nourriture, d'eau et d'hygiène de base. Les pertes de vie sur une grande échelle sont un risque très réel, et la crise est en voie de s'aggraver dans les prochaines semaines. Le bétail meure, les marchés sont vides, le prix des denrées monte en flèche et la population est affamée.

L'Afrique de l'Est fait face à la pire crise alimentaire de ces 60 dernières années. En Éthiopie, en Somalie et au Kenya, plus de 10 millions de personnes ont absolument besoin de nourriture, d'eau et d'hygiène de base. Les pertes de vie sur une grande échelle sont un risque très réel, et la crise est en voie de s'aggraver dans les prochaines semaines. Le bétail meure, les marchés sont vides, le prix des denrées monte en flèche et la population est affamée.

Cette crise n'est pas arrivée du jour au lendemain. Elle s'est développée doucement, depuis des mois, à l'abri de l'attention du public. Il est facile d'ignorer l'ampleur de la crise, de ne pas en saisir toutes les causes ou de ne pas comprendre l'ensemble de ce qui doit être fait pour aider. Alors que la situation commence à attirer l'attention des médias, il est important que la population canadienne ait une bonne vue d'ensemble de la situation, de ses origines et des interventions nécessaires pour réellement faire une différence.

C'est la combinaison entre une sévère sécheresse et un conflit en Somalie qui a conduit la population à traverser les frontières à la recherche d'aliments, d'eau et de sécurité. Presque la moitié des enfants du sud de la Somalie qui arrivent dans les camps de réfugiés d'Éthiopie souffrent de malnutrition. Il s'agit d'une tragédie manifeste pour ces familles qui marchent pendant des semaines pour chercher de l'aide et qui voient leurs enfants dépérir à cause de la faim.

Même si la région a bénéficié de précipitations au début de l'année 2010, elles n'ont pas été suffisantes pour permettre à la population de reconstruire leurs actifs et de se remettre des conséquences des sécheresses récurrentes de ces dernières années. Très peu de ressources ont été disponibles pour assister les familles touchées.

Dans certains cas, le phénomène de «sécheresse verte» contribue à une incompréhension de la réalité de ce que les familles vivent au quotidien. Celles-ci apparaissent après de légères pluies, qui font jaillir une certaine végétation. Malheureusement, ces végétaux sont rarement comestibles et n'arrangent rien.

Dans d'autres cas, le manque de nourriture est causé par la rareté des terres agricoles. Les parcelles cultivables, transmises de génération en génération, sont de plus en plus morcelées et l'érosion des sols, entre autres, font en sorte qu'il y a rarement la capacité de produire assez de nourriture, en dépit de la quantité de pluie qui tombe.

Des organisations humanitaires engagées, incluant les membres de la Coalition humanitaire (Aide à l'enfance Canada, CARE Canada, Oxfam Canada, Oxfam-Québec et Plan Canada) surveillent la situation depuis des mois et interviennent auprès des millions de victimes de la sécheresse qui se battent pour leur survie. Nous oeuvrons dans la région depuis des décennies pour préparer les collectivités avec lesquelles nous travaillons à s'adapter aux sécheresses et autres chocs.

Dans les premiers stades d'une crise, il est difficile d'amasser des fonds, et particulièrement dans le cas d'une crise aussi complexe.

Il n'est pas aisé de mobiliser autour d'une situation avant qu'elle ne devienne une urgence à part entière. C'est également plus facile pour une organisation de prouver qu'elle a traité efficacement une urgence plutôt que de démontrer qu'elle en a évité une.

L'effet évident de cette situation est que la crise s'aggrave, jusqu'à ce qu'elle devienne si dramatique qu'elle ne puisse plus être ignorée. Mais au moment où elle devient publique, il est pratiquement trop tard. En agissant plus tôt nous pouvons avoir un effet plus important à moindre coût. Les Nations unies estiment que chaque dollar dépensé pour la prévention en sauve sept en dépenses d'urgence.

Nos organisations ont accru leurs efforts dans la région et répondent aux besoins pressants des millions de personnes touchées. Pour la survie, la priorité est accordée aux aliments et à l'eau, mais nous travaillons aussi ensemble et avec nos partenaires des Nations unies sur des solutions à plus long terme, comme le développement des moyens de subsistance, le renforcement des systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement et le soutien à l'éducation.

L'augmentation massive de l'aide d'urgence est nécessaire pour être en mesure dès maintenant de sauver des vies et de disposer de moyens de subsistance, afin que les gens puissent reconstruire une fois la crise passée. C'est pourquoi, au Canada, la Coalition humanitaire a lancé un appel pour l'Afrique de l'Est. Il est essentiel que les gouvernements et les donateurs investissent également dans le soutien à long terme de ces régions, afin d'aider la population à faire face à de fréquentes sécheresses et à prévenir de futures crises.

Il n'y a pas de temps à perdre. Nous ne pouvons pas rester inactifs tout en laissant cette tragédie se dérouler sous nos yeux.

* Patricia Erb, présidente et chef de la direction d'Aide à l'enfance Canada; Kevin McCort, président et chef de la direction de CARE Canada; Robert Fox, directeur général d'Oxfam Canada; Pierre Véronneau, directeur général d'Oxfam-Québec et Rosemary McCarney, présidente et chef de la direction de Plan Canada.