Lors du récent congrès du Nouveau parti démocratique (NPD), les délégués avaient à débattre d'une résolution suggérant de remplacer dans le préambule de la constitution du parti le mot «socialiste» par le mot «social-démocrate». Bien qu'ils aient finalement choisi de remettre cette décision à plus tard, la proposition n'en a pas moins suscité de nombreuses réactions; au sein du parti bien sûr, mais aussi chez les éditorialistes.

Lors du récent congrès du Nouveau parti démocratique (NPD), les délégués avaient à débattre d'une résolution suggérant de remplacer dans le préambule de la constitution du parti le mot «socialiste» par le mot «social-démocrate». Bien qu'ils aient finalement choisi de remettre cette décision à plus tard, la proposition n'en a pas moins suscité de nombreuses réactions; au sein du parti bien sûr, mais aussi chez les éditorialistes.

La plupart des éditorialistes soulignent l'effet «épouvantail» du terme et appellent à la cohérence. Après tout, disent-ils, il y a longtemps que le NPD propose un programme social-démocrate. Du côté des militants, on est déchiré, se sentant forcé de choisir entre, d'une part, le pragmatisme nécessaire à la conquête du pouvoir et, d'autre part, les racines identitaires du parti. Or, ce qui est déplorable, c'est plutôt la perte de l'idéal socialiste.

Partout la gauche assiste à la souffrance humaine causée par la plus récente crise du capitalisme financier, ainsi qu'au démembrement de l'État-providence et de ses baumes, et que fait-elle? Elle se cherche! Elle est démunie; elle a perdu ses repères, sa boussole. Partout elle réagit en adoptant un pragmatisme aveugle ou un purisme sectaire. Quels en sont les résultats? Cynisme et désaffection. Il lui faut un projet, une alternative au capitalisme qui soit viable et désirable. Le socialisme est ce projet.

N'ayez crainte, je ne parle ici ni de parti unique, ni de contrôle étatique de l'économie. J'invoque plutôt cette tradition du socialisme démocratique qui, depuis le XIXe siècle, réunit ceux épris de justice sociale autour d'un idéal où la liberté, l'égalité et la fraternité sont plus que de belles paroles.

Peut-être que ses formes pratiques sont pour la plupart encore à inventer. Pourtant, quelques idées circulent déjà: une allocation universelle, des mesures de démocratie participative dans les entreprises ou les municipalités, un élargissement du secteur de l'économie sociale. Voilà des éléments qui peuvent jouer au grain de sable dans l'engrenage capitaliste et tracer par le fait même le contour d'une alternative de gauche. Nous n'avons même pas à l'appeler «socialisme».

En effet, qu'y a-t-il dans un nom? Ce socialisme sous toute autre appellation conserverait son attrait, pour paraphraser Shakespeare. L'important est de remettre cet idéal au coeur du projet de la gauche, tout en étant conscient que les circonstances imposent souvent des compromis. Seulement, il ne faut jamais perdre de vue ce qui justifie ces compromis: la réalisation de l'idéal socialiste. «Utopie!», je vous entends crier. Bien sûr, cet idéal n'est réalisé nulle part. Il n'en demeure pas moins possible. Je propose donc de chercher le chemin réaliste qui saura nous y mener. Peut-être est-ce tout de même utopique que d'être guidé par une telle vision. Alors, dans ce cas, l'utopie est nécessaire. Aucun progrès social ne s'est accompli sans que des femmes et des hommes aient d'abord réfléchi à ce qui n'était pas.

Le NPD, comme la gauche internationale, a mal à l'âme. Il leur faut un remède; pourquoi pas le socialisme?