L'importance des inondations que nous connaissons cette année dans le bief d'amont de la rivière Richelieu soulève de nombreuses questions, tant en ce qui concerne leurs causes que les mesures d'atténuation et de protection qui pourraient être mises en oeuvre face à ce problème majeur et récurrent.

L'importance des inondations que nous connaissons cette année dans le bief d'amont de la rivière Richelieu soulève de nombreuses questions, tant en ce qui concerne leurs causes que les mesures d'atténuation et de protection qui pourraient être mises en oeuvre face à ce problème majeur et récurrent.

Plusieurs experts nous ont expliqué avec raison que la conjugaison de nombreux facteurs a provoqué des débits exceptionnels cette année: la neige, la pluie, la fonte, le vent... On faisait ainsi référence à l'hydrologie du cours d'eau et de son bassin versant, c'est-à-dire les facteurs qui déterminent les apports hydriques et les débits en jeu.

Mais les niveaux résultants dans le bief d'amont de la rivière Richelieu dépendent tout autant, et quels que soient les débits, des facteurs hydrauliques qui caractérisent le lit du cours d'eau. L'examen du profil-en-long du fond de la rivière et de celui des niveaux d'eau révèle qu'au premier chef les niveaux d'eau depuis Saint-Jean vers le lac Champlain sont influencés par la présence d'un haut fond à la hauteur de Saint-Jean.

L'arasement de ce haut-fond et l'aménagement d'un ouvrage de contrôle avec des vannes (un ouvrage de très faible hauteur) offriraient la possibilité d'une diminution importante des niveaux d'eau dans tout le bief d'amont et le lac Champlain.

Le principe de fonctionnement de la solution serait le suivant: en période de crue, grâce à l'arasement du haut fond, les vannes de l'ouvrage étant ouvertes, les niveaux d'eau dans le bief d'amont et le lac Champlain seraient notablement plus bas; en période d'étiage, lorsque les débits sont faibles, on éviterait des niveaux d'eau trop

bas en refermant partiellement les vannes de l'ouvrage de contrôle.

Les caractéristiques de l'ouvrage de contrôle proposé ont été étudiées dans les années 70 (cote de dragage du lit, nombre et dimensions des vannes). Ces études ont été commandées par Environnement Canada et incluaient des simulations numériques et des études sur modèle réduit dont les résultats sont concluants et connus. Le Québec et les États de New York et du Vermont s'y sont intéressés. Comme la correction envisagée ne toucherait que localement le lit de la rivière, elle aurait des conséquences relativement limitées sur son écosystème. La proposition avait été généralement bien accueillie de ce côté-ci de la frontière.

Le projet a néanmoins été mis sur la glace, car il suscitait des objections de groupes américains davantage préoccupés par la perte des milieux humides auxquels contribuent les inondations récurrentes que par les dégâts subis par les riverains. Ces enjeux mériteraient à mon avis un nouvel examen, dans le contexte des événements de cette année.