Dans un article paru dans La Presse Affaires vendredi dernier («Touchez pas à ma SAQ!»), la porte-parole de la Société des alcools du Québec fait valoir le principe de «saine gestion» pour expliquer la décision de la société d'État de fermer plusieurs de ses succursales, notamment à Lebel-sur-Quévillon, à Shawinigan, ainsi que dans le sud-ouest de Montréal, dans les quartiers de Ville-Émard et de Pointe-Saint-Charles.  

Dans un article paru dans La Presse Affaires vendredi dernier («Touchez pas à ma SAQ!»), la porte-parole de la Société des alcools du Québec fait valoir le principe de «saine gestion» pour expliquer la décision de la société d'État de fermer plusieurs de ses succursales, notamment à Lebel-sur-Quévillon, à Shawinigan, ainsi que dans le sud-ouest de Montréal, dans les quartiers de Ville-Émard et de Pointe-Saint-Charles.  

La SAQ ajoute qu'en agissant ainsi, elle se comporte comme n'importe quelle autre entreprise de détail et ne fait que s'adapter aux besoins de sa clientèle. La SAQ, une entreprise comme les autres... vraiment? Fermer une succursale pour mieux s'adapter aux besoins d'une clientèle locale? Allons, ce n'est pas sérieux.

La SAQ, faut-il le rappeler, n'est pas une entreprise comme les autres: elle est une société d'État, à vocation commerciale certes, mais une société d'État quand même. À ce titre, elle doit desservir sa clientèle sur l'ensemble du territoire du Québec et tenir compte du développement des communautés locales, de la qualité du  service qu'elle offre à la population ainsi que de l'environnement.

Aussi, comment cette société d'État peut-elle sérieusement prétendre s'adapter aux besoins de sa clientèle alors qu'elle s'apprête à fermer sa succursale de Lebel-sur-Quévillon? Et ce, alors même que dans cette ville de 3250 habitants, on multiplie les efforts pour relancer l'activité économique de la région, des efforts qui ont permis d'attirer récemment de nombreux investissements, tant du privé que des gouvernements?

La même question se pose à Shawinigan, où la succursale vient d'être fermée, ainsi que dans les quartiers de Ville-Émard et de Pointe-Saint-Charles à Montréal. Dans chacun de ces endroits, des citoyens attachés à leurs commerces de proximité, et appuyés par leurs élus locaux ainsi que par des groupes communautaires, tentent de revitaliser la vie de leur quartier autour d'une artère commerciale. Or, que fait la SAQ? Elle plie bagage sans dire merci.

Dans son Plan d'action de développement durable 2008-2011, la SAQ dit vouloir «développer pour les gens» et «susciter la fierté de la population québécoise et de ses employés», tout en se positionnant comme «l'un des meilleurs détaillants du Québec en matière de développement durable». Dans sa stratégie de développement durable, la SAQ précise en outre que son objectif est de «continuer à minimiser l'impact environnemental» de ses activités.

Or, quand la SAQ décide de fermer une succursale - que ce soit dans le centre-ville de Rimouski ou sur la rue Green à Westmount, comme elle l'a fait récemment, ou encore à Ville-Émard ou à Pointe-Saint-Charles , comme elle entend le faire sous peu - elle oblige sa clientèle à aller dans une autre succursale, la plupart du temps située dans un centre commercial plus éloigné, favorisant ainsi les déplacements en voiture au détriment de l'environnement.

Et on ne parle pas des résidants de Lebel-sur-Quévillon qui, pour avoir droit à la même sélection de produits et au même service, devront se rendre à Senneterre, à quelque 87 km de là...

Saine gestion, dites-vous?