Le 2 mai, j'aurai le privilège de m'exprimer pour la première fois en tant que Canadien à l'occasion des élections fédérales. Ce premier vote revêt un intérêt particulier pour moi. Quel peut être le choix d'un Néo-Québécois, d'origine maghrébine, vivant depuis cinq ans au Canada?

Le 2 mai, j'aurai le privilège de m'exprimer pour la première fois en tant que Canadien à l'occasion des élections fédérales. Ce premier vote revêt un intérêt particulier pour moi. Quel peut être le choix d'un Néo-Québécois, d'origine maghrébine, vivant depuis cinq ans au Canada?

Comme beaucoup d'électeurs, je n'ai pas disséqué les programmes électoraux des partis en lice et je ne ressens nullement le besoin de le faire. Je me contente de ce que les médias me proposent à l'occasion de cette campagne. Aussi, ma réaction est-elle, d'abord et surtout, celle d'un électeur ordinaire.

Francophone et francophile, j'ai du respect et de l'admiration pour le combat des souverainistes qui se battent pour leur culture et veillent à la sauvegarde de cette citadelle québécoise qui s'affirme au milieu de cette «jungle» anglophone, laquelle va au-delà des frontières nationales. J'ai été assez attentif au «Vive le Québec libre» du général De Gaulle.

Ceci dit, devrais-je pour autant voter pour le Bloc québécois? Je n'en suis pas sûr. Voter pour le Bloc me renvoie au «vote sanction». Autrement dit, punir le parti au pouvoir. Par expérience, j'ai appris que cette option ne protège pas nécessairement contre la bêtise. Voter Bloc, c'est voter, sinon «statu quo», du moins «stérile». Ce n'est pas le sens que j'entends donner à mon devoir d'électeur. Oui, les souverainistes sont dans leur droit de revendiquer une forte présence à Ottawa. Sauf qu'à force de ressasser les mêmes arguments électoraux, le Bloc s'enfonce dans un autisme politique qui finira par lasser, y compris dans ses propres rangs.

Mais qu'est-ce qui peut motiver une telle position chez un immigrant francophone et francophile? L'immigrant que je suis a choisi le Québec, essentiellement, pour la langue française et la culture québécoise. Également, pour la grande métropole Montréal et ses attraits culturels. Mais j'ai fait le choix d'immigrer au... Canada.

Le citoyen-électeur que je suis ne conçoit pas le militantisme politique en dehors d'un combat pour la prise du pouvoir.

Je ne pourrais jamais voter pour le Parti conservateur. D'abord pour des raisons idéologiques. De plus, ce parti est trop à droite et aveuglément pro-américain. Ce n'est pas l'image que je me fais de ce pays. Des Canadiens sont abandonnés à leur sort à l'étranger, car M. Harper veut faire plaisir à ses alliés. Le registre des armes, le coût des derniers G8-G20, ses contradictions face à la question d'une coalition, le Soudasgate au port de Montréal, sont autant de dossiers qui rendent le chef du PCC peu convaincant.

Libéral alors? Dans un autre contexte, je l'aurais sûrement fait. Sauf que relents de scandale des commandites, le catastrophique épisode Dion à la tête du parti, le rejet d'une éventuelle coalition, alors que M. Ignatieff se sait incapable de battre M. Harper - sont autant d'éléments poussant à tourner le dos à ce parti qui mérite mieux.

Voter Vert? Un jour peut-être.

Reste le NPD. Les engagements, notamment les cinq mesures prioritaires à mettre en oeuvre dans les 100 premiers jours d'un gouvernement néo-démocrate sont des points positifs à inscrire au crédit de M. Layton qui n'arrête pas de bousculer ses adversaires devenant une cible à abattre, particulièrement au Québec.

Plus concrètement, l'immigrant que je suis n'oublie pas que le chômage chez les Néo-Canadiens est relativement plus élevé. Il est de l'ordre de 27% chez les Maghrébins de rang universitaire. La situation du secteur de la santé inquiète. Avoir un médecin de famille relève du parcours du combattant. Ceux qui ont été jusqu'ici aux commandes ont, quelque part, échoué. Alors, ils doivent céder la place.

M. Layton est rassurant dans ses promesses. Tout angélisme mis à part, il a pour lui son authenticité. Rêver avec le NPD à un meilleur avenir? Pourquoi pas? N'est-ce pas le rêve et l'espoir d'une vie meilleure, épanouie, qui ont fait que ces millions d'immigrants ont choisi de vivre au Québec et au Canada? Alors, Go Jack Go!