Y aura-t-il une vague orange au Québec le 2 mai prochain et s'il y en à une, quelle en sera l'ampleur? Ces questions tout simplement inimaginables au moment du déclenchement de l'élection sont maintenant sur toutes les lèvres. Qui aurait cru que la campagne allait prendre un tel tournant et que le Québec, longtemps absent du débat national, allait soudainement changer la donne pour l'ensemble du pays?

Y aura-t-il une vague orange au Québec le 2 mai prochain et s'il y en à une, quelle en sera l'ampleur? Ces questions tout simplement inimaginables au moment du déclenchement de l'élection sont maintenant sur toutes les lèvres. Qui aurait cru que la campagne allait prendre un tel tournant et que le Québec, longtemps absent du débat national, allait soudainement changer la donne pour l'ensemble du pays?

De nombreux facteurs expliquent ce renversement. D'abord, il est indéniable qu'un grand nombre de Québécois éprouvent une fatigue bien réelle à l'égard d'un Bloc québécois, qui semble tenir leur vote pour acquis en ne leur promettant pourtant que l'opposition. Dans ce terreau fertile, la campagne résolument positive et le charisme de Jack Layton ont séduit. Il y a néanmoins un autre facteur. Les Québécois ont été particulièrement favorables à la tentative de coalition entre le Parti libéral et le NPD en 2008. L'une des raisons pour laquelle ils aimaient cette idée de coalition était qu'ils y voyaient l'occasion de récupérer une liberté de choix perdue. Le Parti libéral de Michael Ignatieff a depuis fermé la porte à l'idée. Pas le NPD.

Dans la plupart des démocraties occidentales, les électeurs ont généralement le choix entre deux types de gouvernement, l'un plus à «droite» et l'autre plus à «gauche». Le Canada a longtemps fait exception puisque le Parti libéral offrait sa propre synthèse de ces deux types de gouvernement tandis que le Parti conservateur, qui lui disputait le pouvoir, se disait lui-même «progressiste». Depuis que les conservateurs ont abandonné leur étiquette progressiste et depuis que les Québécois francophones ont abandonné le Parti libéral du Canada, cette version toute canadienne du choix entre la gauche et la droite a volé en éclat. Il est donc normal que l'on cherche à rétablir ce choix sous une autre forme.

Le NPD peut-il constituer seul l'alternative de gauche? En principe, sa plateforme en a tous les ingrédients: un rôle actif du gouvernement dans l'économie, de nouveaux transferts aux particuliers, des objectifs contraignants de réduction des gaz à effets de serre et même, le plafonnement des taux d'intérêt sur les cartes de crédit. Le NPD est contre la baisse du taux d'imposition des sociétés et propose même de ramener ce taux à 19,5%. Dans bien des domaines, la différence essentielle entre la plateforme du NPD et celle du Parti libéral tient à l'ampleur, que plusieurs diront irréaliste, plutôt qu'à la nature des initiatives proposées. Le NPD a cependant deux atouts que ne peut offrir le Parti libéral en 2011: la constance de ses idées, alors que le Parti libéral a souvent oscillé entre l'une et son contraire, et surtout, l'attrait du neuf pour des électeurs qui ont soif de changement, particulièrement au Québec où la marque libérale a souffert d'un important déclin.

Pour autant, personne ne s'attend à ce que le NPD remporte les élections le soir du 2 mai. Le NPD peut cependant sérieusement espérer réduire l'écart qui le sépare du Parti libéral et même, si les astres continuent de s'aligner en sa faveur, lui ravir le titre d'opposition officielle. Dans un cas comme dans l'autre, cela devrait donner au Parti libéral la dose d'humilité nécessaire pour que ceux de ses militants qui sont les plus favorables à une union avec le NPD gagnent en influence. Après l'union de la droite, le Canada aura-t-il son union de la gauche? Voilà un choix auquel les Québécois ont l'occasion de donner une poussée peut-être historique en délaissant le Bloc au profit du NPD.