Comme beaucoup de téléspectateurs, je ne rate jamais l'excellente série 19-2 qui nous présente, de manière se voulant réaliste, le quotidien de patrouilleurs du SPVM. L'éditorial d'hier de Mario Roy («Deux flics, le soir») nous relaie certaines questions existentielles que se posent les héros de la série et que se posent probablement les policiers dans la vraie vie. La plus percutante porte sans doute sur la haine.

Comme beaucoup de téléspectateurs, je ne rate jamais l'excellente série 19-2 qui nous présente, de manière se voulant réaliste, le quotidien de patrouilleurs du SPVM. L'éditorial d'hier de Mario Roy («Deux flics, le soir») nous relaie certaines questions existentielles que se posent les héros de la série et que se posent probablement les policiers dans la vraie vie. La plus percutante porte sans doute sur la haine.

Dans ma longue carrière, que je n'ai même pas faite dans la police, il m'est arrivé de me faire haïr, de me faire enguirlander et d'entendre des propos moins qu'élogieux à mon endroit. À des témoins s'enquérant du pourquoi de mon apparente passivité devant des propos injurieux, je me rappelle avoir répondu par ces mots attribués à Félix Leclerc: «Être haï des imbéciles est un compliment.»

C'est l'attitude que je conseillerais aux policiers à qui on reproche de faire leur travail de protection des citoyens et de la paix publique. Il faut en effet s'attendre à ce que les fauteurs de trouble vocifèrent et crient leur rage. Cela ne veut pas dire que la majorité silencieuse n'apprécie pas les services rendus. C'est juste que ce n'est pas tout le monde qui prend le temps de le leur dire.

Je n'hésiterais pas à remonter au créneau pour dire tout le bien que je pense des policiers en de telles circonstances. En novembre 2005, La Presse avait publié ma réaction indignée à un reportage sur une agression sauvage dont un policier avait été victime. Ma colère était d'autant plus manifeste que des gens avaient eu l'air de trouver cette agression quasi normale, voire méritée. Des agents rencontrés par la suite s'étaient dit surpris qu'un simple citoyen aient pris leur parti.  

Cependant, pour reprendre les mots de Caron de Beaumarchais, «sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur». Après les fleurs, voici donc le pot. À mon avis, il est plus que temps que les patrons des policiers, politiciens comme cadres des divers services de police, cessent de les utiliser comme percepteurs fiscaux sous prétexte de sécurité routière.

La haine des malfrats, elle est attendue, voire normale. La haine du travailleur qui, se rendant au travail à 7h, se fait coller une contravention pour cause de «trappe à tickets» et de quotas de contravention, est inutile. C'est de celle-là dont les patrouilleurs pourraient bien se passer.

J'ai habité à Montréal durant trois décennies, dont la dernière au centre-ville. J'ai trop vu la nouvelle escouade de la circulation ne pas faire la circulation, mais plutôt se dissimuler pour prendre au piège des automobilistes n'ayant pas réalisé qu'il y avait eu changement dans l'affichage, sans qu'on ne l'indique au moyen d'un avertissement clair et visible. Cela touche trop de monde et fait de trop belles manchettes. C'est ce qui crée une haine chez le citoyen ordinaire, avec comme conséquence le refus irrévocable de monter au créneau pour la police, même si les circonstances le justifieraient.          

Sans oublier que faire du radar «habillé en bouffon», pour faire des pressions syndicales, ça n'aide pas à l'image. Cela aussi, les dirigeants de leur fraternité devraient en tenir compte.