Le ministre Raymond Bachand en appelle à la solidarité de tous les Québécois. La souveraineté fiscale du Québec serait menacée par le gouvernement du Canada. Je ne sais pas si c'est pour faire diversion à l'approche du prochain budget, mais j'ai le sentiment que notre bon ministre des Finances tente d'exciter ma fibre nationaliste. Désolé, mais je ne vibre pas!

Le ministre Raymond Bachand en appelle à la solidarité de tous les Québécois. La souveraineté fiscale du Québec serait menacée par le gouvernement du Canada. Je ne sais pas si c'est pour faire diversion à l'approche du prochain budget, mais j'ai le sentiment que notre bon ministre des Finances tente d'exciter ma fibre nationaliste. Désolé, mais je ne vibre pas!

Depuis plusieurs mois, le Québec exige une compensation de 2,2 milliards de dollars pour harmoniser sa TVQ à la TPS. Une rumeur veut qu'Ottawa soit disposé à acquiescer, à la condition de récupérer la responsabilité de cette perception. La réponse du Québec: notre souveraineté fiscale n'est pas négociable. Bref, nos politiciens ont une vision harmonieuse des taxes... seulement s'ils exercent leur souveraineté sur cette harmonie. D'où la querelle entre percepteurs!

Mais la souveraineté de qui, exactement? On a beau vouloir me vendre l'idée que l'autonomie fiscale est un symbole et que notre gouvernement ne cherche qu'à préserver le bien commun, je reste fiscalo-sceptique! Qu'elle soit fédérale, provinciale ou locale, une taxe est une taxe... peu importe qui la prélève.

Pour être honnête, ce n'est pas l'autonomie de nos gouvernements qui m'émeut, c'est la mienne. Dans une province où il faut attendre la mi-juin pour s'affranchir des impôts et taxes de toutes sortes, il est difficile de verser une larme sur les luttes intergouvernementales de souveraineté fiscale.

Il y a 25 ans, les économistes Geoffrey Brennan et James M. Buchanan (Nobel 1986) soutenaient que nos gouvernements n'ont qu'une ambition: maximiser leurs revenus. On en a encore une belle illustration. L'harmonie des percepteurs, si elle se réalise, permettra au gouvernement du Québec d'augmenter sa TVQ pour récupérer des contribuables la récente diminution de la TPS et compenser ses pertes issues de la «taxe sur la taxe» qu'il nous prélève depuis des décennies. La logique? C'est neutre pour le contribuable. Hum... fallait y penser! Lorsque deux voyous se querellent pour un butin, c'est neutre pour la victime.

Aujourd'hui, le niveau des impôts représente près de la moitié de ce que la population produit et gagne. Les Québécois sont parmi les plus taxés en Amérique du Nord. J'ai beau me draper dans le «fleurdelisé», ma fierté d'être Québécois est maigre si je n'ai que le choix du bourreau. Ma fierté s'amplifiera seulement lorsqu'on respectera davantage mon autonomie, ma liberté et mes préférences individuelles.

Si l'harmonisation des taxes se confondait avec ma propre souveraineté, si les 2,2 milliards récupérés du fédéral conduisaient à une diminution des taxes, je serais un ardent défenseur de l'autonomie fiscale. En attendant, j'ai la désagréable impression que cette querelle consiste essentiellement à s'échanger le butin des contribuables.

En marge de cette épopée autonomiste, notre ministre nous déclarait l'an dernier que l'important, ce n'est pas l'équilibre budgétaire, mais plutôt d'être heureux comme peuple. J'ai le sentiment qu'il s'y consacre corps et âme. Il a fait sienne l'ironie de Frédéric Bastiat: «J'essaierai de vous satisfaire, mais pour cela il me faut quelques ressources. J'ai préparé des projets concernant cinq ou six impôts tout nouveaux et les plus bénins du monde. Vous verrez quel plaisir on a à les payer.» Altruiste, je laisserais volontiers ce plaisir à d'autres!