Tous les jours, quand j'entre à l'Hôpital général juif, je suis inspiré en pensant aux personnes remarquables que je vais bientôt rencontrer.

Tous les jours, quand j'entre à l'Hôpital général juif, je suis inspiré en pensant aux personnes remarquables que je vais bientôt rencontrer.

J'admire nos infirmières, nos médecins et professionnels de la santé qui traitent de maladies de plus en plus complexes. Je m'émerveille toujours de voir nos bénévoles qui partagent leur expertise et donnent si généreusement de leur temps. Je suis fasciné par les idées de nos chercheurs novateurs.

Je suis impressionné, en particulier, par nos patients, de partout à Montréal et dans la province - qui nous remercient pour l'expertise et pour la compassion dont ils ont bénéficié à l'Hôpital général juif pendant qu'ils luttaient vaillamment contre la maladie.

Comment réconcilier ensuite cette réalité inspirante avec l'autre réalité, celle qu'on voit dans les médias, celle qui nous parle des listes d'attente ou des accidents qui se produisent dans les soins aux patients? Ce qui ressort de ces reportages est que le Québec est profondément incapable de résoudre ses problèmes de santé.

Eh bien, voici une autre dose de réalité : ce n'est pas le Québec qui a inventé ou précipité l'engorgement de ses salles d'urgence. Il n'y a pas qu'ici où les listes d'attente sont trop longues pour une chirurgie. Le Québec, comme bien d'autres, est confronté à une population vieillissante, à une pénurie d'infirmières, et la croissance du coût des médicaments. Cette province, comme toutes les juridictions occidentales, cherche par tous les moyens à utiliser plus efficacement les ressources existantes.

Nous sommes extrêmement bien placés pour relever ce défi. En effet, le Québec fait preuve d'une créativité exceptionnelle, et possède une infrastructure solide dans le domaine de la recherche et de l'innovation commerciale, ainsi que d'un plan stratégique solide (le Plan stratégique 2010-2015 du ministère de la Santé). La capacité d'innovation du Québec est là. Il ne tient qu'à nous de la mobiliser dans une collaboration active.

Six éléments essentiels doivent être réunis pour qu'une véritable réforme des soins de santé se concrétise (certains de ces éléments sont en cours de réalisation à l'Hôpital général juif).

1. Procurer aux fournisseurs de soins de santé et aux patients l'information détaillée et habilitante qui leur permettra de prendre de meilleures décisions. À l'Hôpital général juif (avec l'aide du ministère), nous construisons un dépôt de données pour mesurer les effets cliniques et financiers majeurs, et rendre disponibles les résultats en temps réel sur notre site.

2. Modifier le rôle des médecins afin de permettre une participation accrue des infirmières et infirmiers, et des professionnels paramédicaux, dans les équipes où ils ont un rôle prépondérant.

3. Améliorer la circulation des patients et les autres processus hospitaliers en adoptant des pratiques opérationnelles établies telles que «Lean» ou autres programmes semblables.

4. Encourager les établissements de santé à créer des partenariats et à intégrer certains de leurs services, afin de pouvoir s'entraider et apprendre les uns des autres.

5. Dans la conception des salles d'urgence, veiller à ce que les principes clés soient l'efficacité des activités dans le service ainsi que la circulation optimale des patients vers le reste de l'hôpital.

6. Mobiliser les chefs d'entreprise en les incitant à s'impliquer dans l'administration des hôpitaux par le biais du perfectionnement professionnel et d'une participation accrue aux conseils des hôpitaux et aux régies régionales.

Un changement durable nécessite du temps et du courage, en plus d'une volonté de collaboration entre les établissements de soins de santé, les agences gouvernementales, et les dirigeants communautaires. Nous avons toutes les capacités requises pour y arriver. Pour les patients et les travailleurs de la santé qui nous inspirent tant. Après tout, c'est ce à quoi ils sont en droit de s'attendre et ce que nous leur devons.

* Originaire de Toronto,l'auteurl était auparavant vice-président du Centre régional de cancérologie de l'Hôpital d'Ottawa et directeur provincial du programme d'oncologie chirurgicale à Action Cancer Ontario.