Encore une fois cette année, on sent l'effervescence à l'approche des Fêtes: les magasins fourmillent, nos quartiers s'illuminent, les radios vibrent aux airs de Noël, on nous invite au partage avec les plus démunis et on renoue avec une certaine culture religieuse chrétienne. Mais que fêtons-nous au juste? La naissance de Jésus? Celle du Christ? Ou quoi encore?

Encore une fois cette année, on sent l'effervescence à l'approche des Fêtes: les magasins fourmillent, nos quartiers s'illuminent, les radios vibrent aux airs de Noël, on nous invite au partage avec les plus démunis et on renoue avec une certaine culture religieuse chrétienne. Mais que fêtons-nous au juste? La naissance de Jésus? Celle du Christ? Ou quoi encore?

Si à Noël, on célèbre la naissance de Jésus de Nazareth, sans référence à sa transformation pascale, on passe à côté du sens et de la portée de la fête. On sait aujourd'hui que c'est à Pâques que le Christ est né. Saint Paul ne l'appelle-t-il pas: «Le Christ, premier-né d'entre les morts » (Col 1,18)? Alors, pourquoi Noël? Tout simplement pour dire que toute la vie du Nazaréen porte les marques de la Croix et de la Gloire.

Dans leurs récits d'enfance, Matthieu et Luc n'ont pas la prétention de nous raconter l'événement matériel de la naissance de Jésus; ils n'en savent rien. Ce qu'ils font, par ailleurs, c'est qu'ils projettent sur la vie du Nazaréen, de sa conception à sa mort, ce que la Résurrection a déjà manifesté. Pour les premiers chrétiens, la lumière de Pâques a été d'une telle intensité, qu'elle a éclairé, non seulement ce qui est survenu après, mais aussi ce qui est arrivé avant, d'où la reconstitution de la vie de celui qui est devenu Christ et Seigneur à Pâques.

Les évangélistes Matthieu et Luc ont composé leurs récits de naissance à partir de personnages qui nous renvoient ailleurs pour dire la double identité de Jésus Christ: fils de David par Joseph (Mt 1,18-25) et fils de Dieu par Marie (Lc 1,26-38). Le Joseph de Matthieu ressemble étrangement à ce patriarche ancestral, Joseph, fils de Jacob, qu'on appelait l'homme aux songes (Gn 37,5), et qui a joué un rôle important auprès du pharaon d'Égypte. Par trois fois, en songe, l'ange du Seigneur apparaît à Joseph, comme dans l'Ancien Testament, avec une référence explicite à l'Égypte. Et puisqu'il lui demande de prendre chez lui, Marie, sa femme, qui porte en elle le fils de Dieu, n'est-ce pas une invitation qui est faite à l'ancienne Alliance, représentée par Joseph, d'accueillir la nouveauté de Dieu, la nouvelle Alliance, symbolisée par Marie, que saint Luc reconnaît comme le peuple nouveau, l'Église?

C'est donc la naissance du Christ ressuscité qu'on célèbre à Noël. C'est l'Esprit de Dieu qui intervient en Marie, l'Église, pour donner le Christ au monde. C'est Joseph qui lui donne le nom de Jésus, mais ce sont les chrétiens qui le reconnaissent comme l'Emmanuel, le Dieu-avec-nous.

Cette naissance du Christ nous concerne tous, puisque chaque année, lorsque les chrétiens se rassemblent pour célébrer Noël, ils réactualisent la naissance du Christ dans l'Église, pour que d'autres puissent le reconnaître vivant aujourd'hui.

Mais attention! Car en faisant une lecture littérale et fondamentaliste des récits d'enfance de Matthieu et de Luc, on risque de déshumaniser complètement le Jésus historique qui a vécu, aimé, souffert comme nous et qui est mort d'une manière infâme sur le gibet de la croix.

Par son humanité, Jésus nous a révélé un Dieu tellement humain qu'il a fait de nous ses enfants bien-aimés. Et, étant ses enfants, nous sommes, nous aussi, comme le Christ, nés de l'Esprit Saint. Au début du IVe siècle, l'évêque d'Alexandrie, saint Athanase, l'avait bien compris, lorsqu'il écrit: «Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu.»

Voilà ce que nous célébrons à Noël: la naissance du Christ et la nôtre, puisqu'il ne peut naître sans nous, qu'à travers nous, par nous et en nous...

Joyeux Noël!