L'année financière 2010 a été marquée par les problèmes de dette des gouvernements, plus précisément ses excès et conséquences en Europe. Les justiciers obligataires ont forcé la Grèce et l'Irlande à adopter des plans d'austérité afin de résorber des déficits insoutenables, laissant craindre le pire pour l'économie de la zone euro.

L'année financière 2010 a été marquée par les problèmes de dette des gouvernements, plus précisément ses excès et conséquences en Europe. Les justiciers obligataires ont forcé la Grèce et l'Irlande à adopter des plans d'austérité afin de résorber des déficits insoutenables, laissant craindre le pire pour l'économie de la zone euro.

Un autre sujet qui a alimenté les préoccupations en 2010 aura été le risque de retour en récession aux États-Unis, soit le fameux double-dip. Malgré les manchettes inquiétantes en provenance d'Europe et des États-Unis l'été dernier, la reprise mondiale, sans être spectaculaire, s'est poursuivie. L'Allemagne  traverse d'ailleurs une de ses périodes de croissance les plus fastes depuis la réunification et l'économie américaine termine 2010 avec le vent en poupe.

Sur les marchés, le prix des denrées atteint des records et les bourses enregistrent des gains de plus de 10%. Également, bien que la croissance de l'économie chinoise surpasse aisément celle des États-Unis (10% versus 2,5%), la bourse chinoise affiche une baisse de 10% en 2010 contre un gain de 12% pour l'indice phare américain du S&P500.

Ces paradoxes tiennent leur source de trois facteurs : les anticipations, les pays touchés et la divergence de politique monétaire.   

Sur le plan des anticipations, il faut préciser que le sentiment des marchés financiers carbure aux changements relatifs plutôt qu'aux données absolues. Traduction: même si l'activité économique est moins robuste qu'avant la récession, le rythme de croissance reste positif et les améliorations sont notables.

De plus, les surprises positives abondent lorsque les attentes sont modestes. L'électrochoc de la récession mondiale de 2008 continue d'exercer une influence importante sur les perceptions des investisseurs et le pessimisme est à l'honneur.

Les pays touchés par la crise de la dette européenne ont alimenté l'incertitude et fourni des images-chocs de soulèvement populaire devant les mesures d'austérité. Toutefois, le poids économique de la Grèce et de l'Irlande reste négligeable. Le Royaume-Uni a quant à lui devancé les demandes du marché et instauré un plan de réduction de la dette qui a été bien accueilli par le marché.

La divergence de politique monétaire explique le paradoxe des performances boursières de 2010. Les pays qui affichent une plus forte croissance économique, comme la Chine et le Brésil, sont déjà en mode resserrement et les hausses de taux d'intérêt ont affecté la performance de leurs indices respectifs. En contraste, les États-Unis ont maintenu des conditions monétaires stimulatrices au cours de la dernière année. La bourse canadienne (+13%) fait encore bonne figure en 2010.

Les conséquences de la crise financière de 2009 continueront de se faire sentir longtemps, notamment par une réduction de l'endettement des gouvernements et un rythme de croissance plus modeste pour les pays développés.

Les failles de l'euro ont été révélées au grand jour en 2010 et on craint que le Portugal et l'Espagne n'ébranlent les marchés l'an prochain. Pour les pays les plus endettés, l'heure a déjà sonné et les mesures correctives ont été imposées.

Paradoxalement, Washington ne s'est pas encore attaqué au déficit et les États-Unis bénéficient d'un sursis. Toutefois, une douloureuse normalisation fiscale attend nos voisins du Sud.

Le Canada reste mieux positionné sur le plan de la dette, mais le retour à l'équilibre budgétaire ne se fera pas sans heurts. Il est aussi à espérer que le Québec prendra acte des événements des derniers mois. Il est toujours préférable de prendre l'initiative de régler ses problèmes de dette avant d'en être forcé par ses créanciers.

Les décisions politiques resteront largement impopulaires durant cette ère de désendettement, perpétuant ainsi un autre grand paradoxe. La réduction de l'endettement des ménages et des gouvernements obtient l'appui d'une forte majorité de la population... pourvu que les impacts ne les touchent pas.