En novembre, le magazine BusinessWeek reconnaissait HEC Montréal parmi les meilleures écoles de gestion au monde, tout comme Forbes, Financial Times et AméricaEconomia. Une fierté pour le Québec, une reconnaissance qui aide nos diplômés à oeuvrer sur les marchés québécois et international.

En novembre, le magazine BusinessWeek reconnaissait HEC Montréal parmi les meilleures écoles de gestion au monde, tout comme Forbes, Financial Times et AméricaEconomia. Une fierté pour le Québec, une reconnaissance qui aide nos diplômés à oeuvrer sur les marchés québécois et international.

De tels succès, tout comme les accréditations internationales que possède l'école, sont le fruit de beaucoup de travail et d'efforts de l'ensemble de la communauté. Or, le sous-financement chronique des universités québécoises pourrait venir compromettre ce statut acquis de haute lutte. Pour HEC Montréal, comme pour l'ensemble des universités, la qualité de la formation et notre capacité d'innover sont clairement menacées.

Une analyse récente de la Conférence des recteurs des principaux des universités du Québec (CREPUQ) chiffre à 600 millions de dollars par année le déficit du système universitaire québécois. Comment, de manière durable, peut-on offrir la même qualité en fait d'environnement d'apprentissage que les autres universités avec des revenus annuels inférieurs, en moyenne, d'environ 3000 $ par étudiant?

Avons-nous la détermination, collectivement, de préparer une relève de classe mondiale? Une relève qui aura accès aux mêmes ressources humaines, informationnelles et physiques que celles mises à la disposition des étudiants de Vancouver, Calgary ou Toronto? Si nous avons cette détermination, il faut avoir le courage de redresser la situation.

Entre Québécois, nous pouvons toujours nous faire croire que tout va bien et que nous pouvons continuer sur cette lancée. Cependant, alors que les autres pays, notamment les pays émergents, investissent massivement dans la formation de pointe, continuer d'accepter un tel sous-investissement est socialement dangereux. Ce sous-investissement compromet le développement social et économique du Québec.

Faisons une analogie avec notre sport national. Nous savons que le Canadien de Montréal a plus de chances d'accéder aux séries éliminatoires s'il dispose d'un budget annuel équivalent à celui des autres équipes du circuit. Sinon, à terme, l'équipe prendra du retard et sera incapable de se mesurer aux autres équipes de la ligue. Accepterait-on cela? Bien sûr que non.

Pourtant, il en va ainsi de la formation universitaire. Pourquoi accepter que notre système universitaire périclite? Pourquoi nos futurs médecins, ingénieurs, architectes et gestionnaires ne pourraient-ils pas acquérir les mêmes compétences, se mesurer à leurs confrères et consoeurs des autres régions du Canada et d'ailleurs dans le monde? La qualité a un prix et c'est précisément cette qualité qui est compromise depuis plusieurs années par le sous-investissement chronique dans nos universités.

Or, le financement du gouvernement québécois se situe au-dessus de la moyenne canadienne. Autrement dit, les contribuables québécois, par le biais de la fiscalité, font déjà largement leur part. La source du sous-financement est connue: ce sont les droits de scolarité. De fait, en contrôlant pour l'inflation, les étudiants québécois paient aujourd'hui leur formation moins cher que ce que payaient leurs parents en 1985 et leurs grands-parents en 1968!

On ne peut plus tergiverser. Les droits de scolarité doivent être augmentés pour se rapprocher de la moyenne canadienne dans l'ensemble des domaines et des disciplines. La réglementation gouvernementale, elle, doit être revue en conséquence, tout en bonifiant l'aide financière aux étudiants.

D'autres innovations, comme la modulation par discipline ou la définition d'un corridor à l'intérieur duquel chaque université pourrait fixer ses droits, introduiraient une dose de souplesse, encourageraient l'expression de missions particulières et résulteraient dans une offre diversifiée de propositions de formation.

Aurons-nous le courage de poser les gestes qui freineront la fragilisation du système universitaire québécois? Si nous n'admettons ni la pertinence des actions à entreprendre ni l'urgence de la situation, si nous n'accordons pas un juste prix à la qualité, un piège guette notre société. Celui de la complaisance qui nous condamne, à terme, à la médiocrité.