«L'ADISQ est-elle en 2010?», demandait La Presse il y a quelques semaines en constatant l'abandon de la catégorie du meilleur album électronique, malgré une production électro extrêmement riche cette année.

«L'ADISQ est-elle en 2010?», demandait La Presse il y a quelques semaines en constatant l'abandon de la catégorie du meilleur album électronique, malgré une production électro extrêmement riche cette année.

Cette situation symbolise bien la grogne entretenue au fil des ans envers l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo, à qui l'on reproche de toujours favoriser les mêmes artistes.

Si l'ADISQ est censée être au service de tous artistes d'ici, pourquoi voit-on toujours la même gang rafler les Félix année après année, demandez-vous? La raison est fort simple: l'ADISQ est au service de tous les artistes d'ici qui sont membres de l'ADISQ. C'est évidemment dommage pour les idéalistes, mais c'est inévitable, et c'est d'une logique implacable.

Comme tout syndicat, l'ADISQ a besoin de la contribution de membres pour pouvoir fonctionner, et un disque qui n'est pas accompagné d'une cotisation ne mérite pas que l'organisme lui accorde de la visibilité. Chaque année, les gens de l'ADISQ se trouvent en porte-à-faux à cause de cette situation et font des pieds et des mains pour sauver les apparences, et remplir leur mandat, « défendre les intérêts de ses membres et favoriser le développement de l'industrie de la musique au Québec », avec les moyens qu'ils ont.

Mais l'ADISQ ne devrait-elle pas regarder plus loin que le bout de son mandat et démontrer qu'elle peut aussi s'élever au-dessus des chiffres comptables et des catégorisations bêtes en se tournant vers d'«autres» artistes? Que dire de la catégorie hommage, que l'on a choisi de mettre en veilleuse encore cette année ? C'est là que le bât blesse, car s'il y a une catégorie où l'idéal prime, c'est bien celle-là!

On a rendu hommage à une belle liste d'artistes et artisans méritants au fil des ans, mais il en reste encore beaucoup à honorer! Le cas le plus flagrant est certainement Alys Robi, qui a pavé la voie aux Diane Dufresne, Ginette Reno et Céline Dion (toutes trois déjà honorées) du Québec.

Il n'est plus ici question de considérations commerciales et des chiffres: le but est de saluer et de remercier une artiste québécoise qui a littéralement tout donné pour son art, et est devenue une star internationale à une époque ou le star-system n'existait même pas. Alys a été notre première ambassadrice populaire, et elle mérite certainement qu'on lui rende enfin hommage comme on l'a déjà fait aux Ferland, Charlebois, Plamondon.

Le Félix hommage, de par sa nature même, ne devrait plus jamais être mis en veilleuse ou négligé. Il n'y a aucun argument comptable qui tienne contre l'amour qu'ont les Québécois pour la musique et leur histoire. À l'année prochaine, donc!