Il a 80 ans. Il est lucide. Le regard perçant. La vision claire. Le PQ qu'il a dirigé n'est plus le PQ de ses amours. Le PQ de Pauline Marois conserve comme toile de fond la souveraineté du Québec. Cela ne peut lui suffire. Lui, comme un grand timonier, voit plus loin. Les jeux de coulisses ne l'intéressent guère.

Il a 80 ans. Il est lucide. Le regard perçant. La vision claire. Le PQ qu'il a dirigé n'est plus le PQ de ses amours. Le PQ de Pauline Marois conserve comme toile de fond la souveraineté du Québec. Cela ne peut lui suffire. Lui, comme un grand timonier, voit plus loin. Les jeux de coulisses ne l'intéressent guère.

Pour lui, l'indépendance n'est pas un décor de théâtre. L'indépendance doit se jouer à l'avant-scène. Les acteurs, à visage découvert, doivent dire les choses comme elles sont. Les faiseurs de jeux, les amuseurs de circonstances doivent retourner dans les coulisses, les salles à débarras. L'indépendance, c'est trop sérieux pour confier cela à des néophytes. Il faut réserver le rôle principal à des gens courageux, humbles mais fermes, au verbe éclatant.

Il ne voit personne dans son ancienne formation politique pour prendre la barre du navire. Il regarde autour. Personne. Il louange quelqu'un qui siège dans le Parlement voisin. Il l'interpelle. Il le congratule. Il souhaite, à mots à peine couverts, qu'il abandonne là-bas, pour venir par ici. Ce dernier est venu jadis, le temps d'une nuit, et il est reparti. Aujourd'hui, devant l'impasse, Monsieur le supplie de revenir. Viendra-t-il ou s'il vient, comment sera-t-il accueilli par ceux-là même qui l'ont jadis viré?

Monsieur voit son parti, ballotté par les vents contraires, sans boussole. Sur le pont du navire, les matelots se tiraillent encore entre eux pour savoir ce qu'il faut écrire dans l'article 1, l'article qui indique le plan du parcours à réaliser. Le flou règne dans les esprits. On cherche un bon dictionnaire pour définir le mot qui tracerait l'itinéraire, le sens du mot qui galvaniserait les membres de l'équipage. On discute, on parlote, on refait 100 fois les débats: le fil d'Ariane est rompu. Il faut le «retricoter». Il faut le retisser. Il faut s'assurer que personne ne pourra le défilocher.

Monsieur propose que quelqu'un quitte. Monsieur propose que quelqu'un revienne. Certes, Monsieur a raison. On ne fait pas des révolutions politiques avec des mous, des tièdes. Il n'est pas de cette soupe. Peut-on le lui reprocher? Les convictions font les grands hommes. On peut les discuter dans nos salons. Mais, il reste que les politiciens qui laissent des traces ont toujours labouré en profondeur, se souciant peu des critiques venant de tous côtés, des interprétations à l'emporte-pièce.

Monsieur est de la trempe des autres façons de faire, des autres façons de gouverner. Qu'on soit d'accord ou pas avec lui, il dérange, stimule, réoriente. C'est la marque des grands hommes de l'histoire humaine de ne jamais dévier de la route. L'histoire retient qu'ils sont peu nombreux à le faire. C'est pourquoi, le temps ne peut les oublier.