Au Québec, il est permis de tuer sans être accusé de quoi que ce soit, à condition de conduire une auto, de ne pas être en boisson au moment de l'accident et d'accomplir son geste sans témoin oculaire. Même si toutes les preuves circonstancielles sont irréfutables: le véhicule porte les traces de l'accident et les victimes sont trouvées à proximité.

Au Québec, il est permis de tuer sans être accusé de quoi que ce soit, à condition de conduire une auto, de ne pas être en boisson au moment de l'accident et d'accomplir son geste sans témoin oculaire. Même si toutes les preuves circonstancielles sont irréfutables: le véhicule porte les traces de l'accident et les victimes sont trouvées à proximité.

Pourquoi? Il faut regarder du côté de la Société de l'assurance automobile et de la loi qui la créa, une loi presque unique au monde, celle du «no fault». On peut frapper, causer des blessures, voire même enlever des vies sans autre conséquence que de «revivre le drame» le reste de sa vie. Pire, si l'agresseur est blessé lors de l'accident, il recevra une rente de la SAAQ pour ses séquelles physiques.

Belle province.

L'ex-ministre Marc Bellemare avait promis de modifier cette section de la loi de la SAAQ et Jean Charest l'avait inscrit dans ses «promesses» électorales. Me Bellemare s'est fait carrément refuser son projet par le Conseil des ministres car, évidemment, ces politiciens craignaient de perdre leurs prochaines élections.  

Dans le dossier de l'accident à Rougemont, la procureure de la Couronne a décidé de jouer le rôle du juge et des jurés. Car lorsque la Couronne détermine qu'«il n'y a pas de preuves irréfutables de conduite dangereuse ou de négligence criminelle», elle se substitue au juge et au processus judiciaire. Ce n'est pas à un ou quelques avocats, et surtout pas à des policiers, de déterminer l'issue d'un procès, c'est au juge et aux jurés.

J'espère que le coroner interviendra pour «reprendre» ce dossier. Loin de moi l'idée de penser ni même de suggérer que le conducteur fautif, un pompier volontaire, est connu des policiers, mais la Couronne a pris sa décision à la suite de son analyse du rapport des policiers.

On ne doit pas tuer sans avoir à en subir les conséquences. Sinon, comment expliquer aux conducteurs qu'il faut être prudent quand on file sur une route avec une arme entre les mains?

Lundi, à l'heure de pointe à Sherbrooke, j'attendais mon feu vert pour traverser à vélo une artère principale lorsque deux véhicules, dont un autobus scolaire, ont brûlé un feu rouge, l'autobus scolaire ayant «suivi» le premier véhicule sur la rouge. Si je n'avais pas attendu cinq secondes (ce que je fais toujours) après avoir reçu le signal de traverser la rue, mon nom aurait paru dans la section des faits divers. Probablement qu'on aurait suggéré que «le cycliste décédé n'avait vraisemblablement pas respecté les règles de la route. Ni l'alcool ni la vitesse n'étaient en cause (ce qui aurait été véridique). Le décès du cycliste a été constaté dès son arrivée à l'hôpital. Le conducteur de l'autobus a été traité pour un choc nerveux. Il a pu quitter l'hôpital en soirée».

Bonne route.