Vendredi 13: à 7h45, je roule tranquillement à vélo sur la piste cyclable. Je me rends au travail. Je suis seule sur la route. Soudain, j'entends le crissement aigu de pneus derrière moi et je suis violemment heurtée par un véhicule qui roule... sur la piste cyclable!

Vendredi 13: à 7h45, je roule tranquillement à vélo sur la piste cyclable. Je me rends au travail. Je suis seule sur la route. Soudain, j'entends le crissement aigu de pneus derrière moi et je suis violemment heurtée par un véhicule qui roule... sur la piste cyclable!

Je sens encore le choc sourd et puissant me propulser huit mètres en avant. J'atterris sur l'asphalte sur mes deux genoux. Mon corps, telle une poupée de chiffon, continue sa motion sur un autre trois mètres. Je vous épargne dans quel état sont mes coudes, mes genoux, mes hanches et mon épaule...

La voiture démolit un poteau d'électricité et s'immobilise. Le passager du véhicule, sur son cellulaire, ne sort pas de son véhicule pour me prêter assistance et essaie plutôt de contacter sa compagnie d'assurances. Je suis conduite à l'hôpital où je reçois les premiers soins, radiographie et points de suture.

Au-delà des blessures physiques, j'ai subi un choc psychologique. Je me repasse sans cesse la scène. Je repense à l'état du poteau et je me dis que j'ai été extrêmement chanceuse. Et si j'avais heurté le poteau? Si une autre voiture m'avait roulé dessus? S'il m'avait frappé sur le côté? Et si j'avais transporté avec moi Juliette ou Béatrice, mes filles?

J'entends les gens me dire: «C'est vrai que c'est dangereux faire du vélo en ville», et je constate à quel point on a les valeurs à la mauvaise place.»

Ce que je voudrais entendre c'est: «C'est dangereux une voiture et il faut conduire ces autos prudemment.» Nous oublions que le droit de conduire une voiture, de choisir le modèle qui nous plait (je pense entre autres aux bolides plus grands que nature qui fréquentent nos routes) vient avec la responsabilité d'assurer la sécurité des autres. C'est la base.

Rien n'obstruait la vue du conducteur au moment de l'impact. Rien. Il aurait dû me voir et il aurait dû m'éviter. Sa distraction est le seul élément en jeu. Et ça nous arrive à tous: enfants qui pleurent en arrière, changer de CD, se chercher une place de stationnement, repérer un magasin...

Mais la «liberté» de rouler en voiture à toutes heures du jour et de la nuit, en ville comme en campagne, ça on ne remet pas ça en question... ça, c'est bien trop important...

Je suis furieuse lorsque je pense au conducteur. Je veux l'entendre me dire «je m'excuse», au moins... Ma fille de 4 ans sait faire ça. J'aimerais savoir que cet événement aura changé sa façon de conduire. À voir sa réaction lors de l'accident, rien n'est moins certain... et ça m'enrage! Au moment où j'écris ces lignes, est-ce qu'il a de la difficulté à remonter à bord de son véhicule? Peut-être. Pour combien de temps? Quatre jours, une semaine, deux semaines au plus? Et après?

J'espère avoir la force de remonter sur mon vélo, mais à quel prix? Je suis encore fébrile quand je pense au choc de la collision et à la fragilité de nos vies. Faire du vélo en ville est un risque, mais ce n'est pas dangereux. Conduire une voiture l'est. Lorsque je conduirai la mienne, je redoublerai de prudence. Une distraction peut coûter cher.