Un an avant que les Forces canadiennes ne commencent à se retirer de l'Afghanistan, les Canadiens prennent conscience de l'importance de la mission militaire et de notre départ imminent. Entre-temps, l'OTAN, à la tête de la force multinationale là-bas, exhorte discrètement le Canada à continuer à y envoyer des militaires.

Un an avant que les Forces canadiennes ne commencent à se retirer de l'Afghanistan, les Canadiens prennent conscience de l'importance de la mission militaire et de notre départ imminent. Entre-temps, l'OTAN, à la tête de la force multinationale là-bas, exhorte discrètement le Canada à continuer à y envoyer des militaires.

Le Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan de la Chambre des communes affirme qu'il est temps que le Parlement «amorce une discussion sérieuse sur l'avenir de la mission canadienne».

Nous nous réjouissons que d'autres participants se joignent au débat. Notre comité sénatorial, qui étudie la même question, a entendu d'importants intervenants canadiens et d'autres intervenants en Afghanistan. Aucun d'eux n'a dit que la mission devrait se terminer. Bon nombre croient qu'au moins quelques troupes devraient y demeurer. Et tous conviennent que notre contribution a été remarquable.

Le Canada participe depuis le début à la force internationale sanctionnée par les Nations unies pour une raison primordiale: notre sécurité nationale. Quand, le 11 septembre 2001, des terroristes d'Al-Qaïda ont frappé, ils ont tué 2976 personnes de 77 pays, dont 24 Canadiens, et ils ont laissé planer la menace du terrorisme sur nous tous. C'est en Afghanistan, sous la tutelle des talibans, que ces terroristes et d'autres ont reçu un entraînement. Fait sans précédent, l'OTAN a invoqué l'article 5 de son traité fondateur selon lequel une attaque contre un des membres est une attaque dirigée contre tous.

Les Forces canadiennes ont touché le sol afghan en 2002, et depuis 2005, elles montent la garde presque seules dans la province de Kandahar, lieu d'origine des talibans, dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité. Elles y dirigent les forces américaines, effectuent des patrouilles de combat, protègent l'équipe provinciale de reconstruction, lui prêtent main-forte et assurent l'entraînement de même que l'encadrement de l'armée nationale afghane. Elles ont aussi élaboré une stratégie anti-insurrectionnelle qui suscite l'admiration de l'armée américaine. Elle consiste à s'établir et à vivre dans de petits villages afin que le gouvernement afghan, les organismes d'autres gouvernements et les organisations non gouvernementales puissent y venir en toute sécurité pour contribuer à la reconstruction de la société civile afin que celle-ci résiste à la coercition des talibans.

Devenir autonome

Le Canada joue un grand rôle dans cette reconstruction de la société civile. Nous avons bâti des écoles, conseillé des ministères, participé à la réparation du barrage Dahla et du système d'irrigation pour fournir l'eau vitale et bien d'autres choses. En ce qui concerne le développement de la capacité de gouverner de l'Afghanistan, rien ne sert de former des agents de police s'il n'y a aucun système judiciaire fonctionnel pour les appuyer. De même, il serait plus facile de créer un corps policier et une armée si les recrues avaient une certaine instruction et savaient lire et écrire. L'objectif de l'OTAN et du Canada est d'aider l'Afghanistan à devenir autonome.

Pour ce qui est du travail de nos troupes, près de 3000, le Comité n'a entendu que des éloges de la part des hauts gradés de l'armée américaine aussi bien que de groupes de pression politique. Comme Terry Glavin, du Comité de solidarité Canada-Afghanistan, a dit au comité: «Il est difficile d'établir un lien direct de cause à effet entre la mort d'un soldat et une jeune fille qui apprend à écrire son nom pour la première fois, mais ce lien existe vraiment.»

Les unités d'entraînement et d'encadrement de l'armée nationale afghane constituent une partie importante des Forces canadiennes à Kandahar. Après tout, leurs soldats et leurs policiers devront assurer la sécurité et l'application de la loi après le retrait des forces internationales et ils sont loin d'être prêts. Les quelque 200 troupes canadiennes qui s'en occupent font partie des équipes de liaison et de mentorat opérationnel et de l'équipe de liaison et de mentorat opérationnel de police.

L'un des plus éloquents arguments que le Comité a entendus en faveur du maintien des troupes en Afghanistan a été avancé par le brigadier-général (retraité) Serge Labbé, qui se trouve maintenant à Kaboul comme adjoint d'un haut représentant civil de l'OTAN. Selon M. Labbé, le temps ne semble pas opportun pour retirer toutes les troupes alors qu'«il faut plus de soldats pour renverser la vapeur». Il a demandé que soit entraînée une autre brigade de l'armée afghane, ajoutant que «nous ne pouvons les laisser se dépêtrer tout seuls».

L'ambassadeur du Canada en Afghanistan, Jawed Ludin, a vivement recommandé au Canada de poursuivre ses activités de sécurité en contribuant à la création de forces afghanes. C'est la priorité stratégique la plus importante de l'Afghanistan. «Nous aimerions y donner suite avec votre appui.»

Nous partageons ce point de vue.