Le bilan de la session parlementaire à Québec n'a rien de bien reluisant. Éthique, garderies, nomination des juges, financement des partis, gestion des redevances minières, la liste des dossiers entachés s'étire.

Le bilan de la session parlementaire à Québec n'a rien de bien reluisant. Éthique, garderies, nomination des juges, financement des partis, gestion des redevances minières, la liste des dossiers entachés s'étire.

Mais tout n'est pas noir pour autant, comme le confirme le bilan annuel des actions sur les changements climatiques, dévoilé par le gouvernement Charest hier.

On y souligne que depuis 1990, année de référence du protocole de Kyoto, le Québec est la province au pays qui affiche la plus importante baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Certes, la diminution n'est que de 0,9%, mais elle est néanmoins significative, sachant que durant la même période, le PIB du Québec a crû de 46 % et les émissions de gaz à effet de serre du Canada, de 24%.

Mais pour avoir une idée plus juste des réalisations du gouvernement à ce chapitre, il importe d'aller au-delà des statistiques. On constate alors que le plus grand accomplissement des dernières années ne se trouve pas dans une colonne de chiffres mais bien en coulisse, là où le Québec a su tisser un imposant réseau politique avec un paquet d'États fédérés et de gouvernements subnationaux qui ont à coeur la lutte contre les changements climatiques.

Sous l'impulsion du premier ministre Charest puis de la ministre Line Beauchamp, ces gouvernements (provinces, États américains, länder allemand, etc.) ont décidé de s'impliquer de manière beaucoup plus agressive dans le dossier du réchauffement planétaire, et ce, à partir de la Conférence sur le climat de Montréal, en 2005.

Se réunissant régulièrement au sein de divers regroupements, coalitions et forums, ces États fédérés ont réussi avec le temps, en montrant l'exemple, à s'imposer, à dicter le chemin à suivre, à fixer la barre plus haute, comme l'a longtemps fait la Californie aux États-Unis.

Au Québec, cela a donné des résultats très concrets au cours de la dernière année. Pensons à la Bourse du carbone ou aux normes de pollution des véhicules. Dans un cas comme dans l'autre, Ottawa a regardé les ambitions du Québec de haut (quand il ne l'a pas carrément insulté), puis il a fini par emboîter le pas.

On peut aussi penser à la table fédérale-provinciale, mise sur pied par le gouvernement Harper quelques mois avant la Conférence de Copenhague, pour répondre aux critiques du Québec.

Cette approche bottom up ne donne pas toujours les résultats escomptés (le Québec n'a pas réussi à imposer au pays un objectif de réduction des GES ambitieux à l'horizon 2020), mais elle permet néanmoins, même en cas d'échec, de maintenir la pression, de donner des munitions à ceux qui en demandent plus à Ottawa, comme l'ancien vice-président Al Gore, qui n'a pas hésité à affirmer publiquement que «le Québec est la conscience du Canada en environnement».

La déclaration est peut-être trop forte, mais elle prouve la pertinence de cette «diplomatie subgouvernementale».