La présente période de remise des diplômes favorise la réflexion sur l'évolution de l'université. L'université québécoise suit les tendances des institutions similaires d'Amérique du Nord. Sur une période de 50 ans et avec l'explosion des connaissances, l'université a pris la voie de la spécialisation: développement impressionnant des dépenses de recherche et établissement d'un nombre considérable de programmes gradués et en particulier de doctorat. Au début des années 60, il était peu question d'entreprendre des études avancées au Québec.

La présente période de remise des diplômes favorise la réflexion sur l'évolution de l'université. L'université québécoise suit les tendances des institutions similaires d'Amérique du Nord. Sur une période de 50 ans et avec l'explosion des connaissances, l'université a pris la voie de la spécialisation: développement impressionnant des dépenses de recherche et établissement d'un nombre considérable de programmes gradués et en particulier de doctorat. Au début des années 60, il était peu question d'entreprendre des études avancées au Québec.

La priorité donnée à la recherche et aux programmes spécialisés a-t-elle défavorisé un autre secteur de l'université, soit les études de premier cycle ou de baccalauréat?

Qu'en est-il de l'évolution du temps scolaire des étudiants à temps complet? Les institutions proposent régulièrement la norme suivante: un cours de trois crédits correspond à trois heures de cours en classe et à six heures par semaine de travail hors cours de la part de l'étudiant. Avec une charge normale de cinq cours, le tout correspond à une semaine de travail scolaire de 45 heures.

Une publication récente a intégré différentes enquêtes sur le temps scolaire des étudiants à temps complet de premier cycle aux États-Unis. Au début des années 60, la semaine moyenne était de 39 heures: 15 heures en classe et 24 heures en étude. Cette semaine moyenne est tombée à 27 heures au début des années 2000, soit 15 heures en classe et seulement 12 heures d'étude.

Cette baisse de plus de 10 heures par semaine de temps d'étude s'applique à tous les sous-groupes, comme la présence ou non du travail externe, et à ceux qui consacrent généralement plus de temps au travail scolaire, comme les femmes et les étudiants en génie. En somme, aujourd'hui, l'étudiant à temps complet est à temps partiel à l'université.

L'évolution des notes reflète-t-elle la semaine écourtée des étudiants? La réponse est négative. Au cours des dernières décennies, il y a eu deux phénomènes, soit l'augmentation de la moyenne des notes et leur compression ou la diminution de leur dispersion.

Un de mes anciens étudiants, Christian Nadeau, a étudié le phénomène à l'Université Laval. De 1988 à 2001, les 16 facultés sans exception ont vu croître les moyennes des notes. La dispersion des notes a d'ailleurs diminué dans toutes les facultés sauf une. À la session d'automne 1988, 26% des notes décernées à la faculté de médecine étaient des A contre 67% à l'automne 2001, soit 13 années plus tard.

Il existe une relation entre l'inflation des notes et la baisse du temps d'étude. Une recherche récente basée sur des données de l'Université de Californie à San Diego conclut que le temps d'étude moyen serait environ 50 % plus court si les étudiants d'un cours s'attendaient à une note moyenne de A au lieu de C.

La dépréciation des études de premier cycle reflète les incitations qu'affronte l'universitaire dans un monde de plus en plus spécialisé. Le chercheur vise la reconnaissance des membres de sa discipline et reçoit les nombreuses décharges d'enseignement à l'intérieur de son université. La promotion dépend des activités de recherche et l'inflation des notes achète la paix.

Le professeur généraliste s'apparente à une forme de dinosaure qui peut à la limite conserver un rôle dans les activités administratives et de relations publiques d'un département. Le développement des connaissances valorise la spécialisation.

Comment peut-on améliorer les conditions de formation au premier cycle et contrecarrer les tendances des dernières décennies? Pour l'économiste que je suis, l'instrument par excellence est celui de la concurrence. Il s'agit ici de favoriser la création d'institutions orientées exclusivement vers la formation des étudiants du premier cycle. Il existe au Québec un exemple de ce type d'institution, l'Université Bishop's.

Soumises à une telle concurrence, les universités traditionnelles pourraient prendre plus au sérieux la formation de premier cycle. C'est d'ailleurs la recommandation formulée récemment par le Conseil ontarien de la qualité de l'enseignement supérieur.