Les Québécois semblent avoir découvert l'existence de nouvelles communautés autochtones cette semaine.

Les Québécois semblent avoir découvert l'existence de nouvelles communautés autochtones cette semaine.

En raison des incendies de forêt qui font rage en Haute-Mauricie, les habitants de Wemotaci ont été forcés d'évacuer leur village, situé au coeur de la forêt. Il s'agit d'une situation tragique pour n'importe quelle communauté, mais elle l'est encore plus pour une population déjà affectée par des dizaines d'années de politiques coloniales d'assimilation. Les médias ne parlent pas de ça, mais ce n'est pas le sujet qui m'amène à écrire aujourd'hui.

C'est plutôt la constatation que les médias ne prennent pas le temps de présenter le peuple touché par cette tragédie. Hier, dans tous les articles publiés sur ce sujet dans La Presse, au mieux on évoquait que Wemotaci est une «réserve autochtone» (sic). Nulle part il n'est mentionné qu'il s'agit d'une communauté membre de la nation Atikamekw.

Je vous présente donc les Atikamekws. Uniquement présents au Québec, les Atikamekws, dont le nom signifie «corégone», sont près de 6000 personnes. Ils vivent depuis plus de 5000 ans sur un vaste territoire qu'ils appellent Nitaskinan, situé dans la région de la rivière Saint-Maurice. Ce territoire ancestral s'étend de la rivière Gatineau jusqu'au lac Saint-Jean d'un côté, et jusqu'au nord du réservoir Gouin de l'autre, soit dans les régions de Lanaudière et de la Mauricie.

Les Atikamekws vivent en plein coeur de la forêt boréale, entre les territoires des Innus, des Algonquins et des Cris, dans une région parsemée de nombreux cours d'eau.

L'arrivée des étrangers euro-canadiens sur leur territoire, au milieu du XIXe siècle, n'a pas eu d'impact immédiat sur leur mode de vie. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que les effets se sont fait sentir avec la construction du chemin de fer, la mise en chantier des barrages sur les bassins de la rivière Saint-Maurice, l'afflux de main-d'oeuvre non autochtone et le refoulement des Atikamekws dans des «réserves indiennes», imposé par la Loi sur les Indiens qui visait, et vise encore, leur assimilation.

Les Atikamekws sont répartis en trois communautés: Obedjiwan et Wemotaci en Mauricie, et Manawan dans Lanaudière. Ils possèdent également un autre lieu de campement ancestral: la communauté inhabitée de Coocoocache (qui veut dire «hibou»). Loin des centres urbains, les Atikamekws ont pu conserver leurs coutumes et leur langue, qui est enseignée dans les écoles primaires. Le français est la langue seconde et certains aînés ne parlent que l'atikamekw.

Oui, les membres de la communauté de Wemotaci sont des autochtones. Mais soyons précis s'il vous plaît. Ce sont des Atikamewks, membres d'une des Premières Nations possédant histoire, langue et culture distinctes.