Pour la seconde fois en quelques semaines, un député du Bloc québécois a utilisé l'expression «Québécois de service» pour décrire un ou des députés conservateurs. Suivant l'exemple de son chef, le député Serge Ménard a ainsi décrit la députation conservatrice québécoise en raison d'une évidente divergence d'opinions.

Pour la seconde fois en quelques semaines, un député du Bloc québécois a utilisé l'expression «Québécois de service» pour décrire un ou des députés conservateurs. Suivant l'exemple de son chef, le député Serge Ménard a ainsi décrit la députation conservatrice québécoise en raison d'une évidente divergence d'opinions.

Nonobstant le puéril argument du député de Joliette voulant que les bloquistes soient souvent «insultés» par les députés fédéralistes, il nous faut identifier l'expression de MM. Duceppe et Ménard comme étant méprisante et indigne. Ce mépris profond envers les Québécois fédéralistes se retrouve souvent dans l'argumentaire de plusieurs militants souverainistes particulièrement ceux du Bloc québécois. Je considère cela comme étant à la fois navrant et inquiétant.

Navrant parce que l'affront est de taille. L'expression rappelle celle tristement célèbre du «front office negro» des années 60 aux États-Unis. On qualifiait ainsi un Noir qui détenait une fonction importante et notoire dans une entreprise, refusant de lui reconnaître quelque mérite personnel et attribuant sa présence à «l'ouverture d'esprit» que l'entreprise prétendait avoir.

L'expression véhicule également une connotation de traîtrise réduisant les députés québécois au rôle de simples et dociles serviteurs d'intérêts anti-québécois. Elle est tributaire de cette infâme stratégie souverainiste qui identifie tout ce qui est fédéraliste comme étant mauvais et contre les meilleurs intérêts du Québec.

L'utilisation de cette expression est d'autant plus navrante qu'elle sort de la bouche du chef d'un parti politique qui a obtenu plus de 30% des suffrages des Québécois lors des dernières élections et de celle d'un éminent avocat dont on présume qu'il mesure la portée de ses paroles.

Ce genre de langage est inquiétant. Faut-il penser que pour être reconnu comme véritable québécois à la Chambre des communes, il faille nécessairement penser et voter comme le Bloc? Faut-il en conclure que hors du Bloc, point de salut? Faut-il penser qu'à défaut de croire au Bloc ou à la souveraineté, on doive mourir sous le poids du mépris et des insultes de ces possédants tranquilles et uniques de la Vérité nationale?

Je suis Québécois par ma mère depuis 1657 et par mon père depuis 1685. Personne ne pourra m'enlever cette caractéristique personnelle fondamentale en raison de ma vision de l'avenir d'un Québec à l'intérieur du Canada. Je ne permettrai pas non plus à qui que ce soit de me mépriser et de réduire l'authenticité de mes origines du seul fait que je croie au Canada d'un océan à l'autre.

Je souhaite sincèrement que MM. Duceppe et Ménard s'excusent publiquement d'avoir utilisé cette expression. Je souhaite aussi qu'ils cessent de dénigrer systématiquement les Québécois qui ne pensent pas comme eux. Je souhaite enfin que, si tant est qu'ils veuillent construire un pays, ils comprennent que cela ne se fasse pas avec du mépris, de l'insulte et de la réduction.