À l'occasion du Jour de deuil des travailleurs, le 28 avril, la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM) exprime sa grande préoccupation par rapport aux dangers et risques liés à l'amiante.

À l'occasion du Jour de deuil des travailleurs, le 28 avril, la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM) exprime sa grande préoccupation par rapport aux dangers et risques liés à l'amiante.

Les maladies provoquées par l'amiante continuent de tuer des millions de personnes dans le monde. Pourquoi cette substance mortelle n'a-t-elle pas été interdite? Le Canada détient la clé de ce mystère.

Les traités internationaux sont signés par les gouvernements nationaux. Le Canada n'est pas le plus grand producteur mondial d'amiante. Cependant, il est un assez gros producteur et le plus important parmi ceux du «premier monde». Pendant longtemps, le Canada a fait office de leader politique et «scientifique» pour les autres pays exportateurs d'amiante.

L'industrie de l'amiante au Canada n'existerait pas aujourd'hui sans de lourds subsides du gouvernement. L'Institut de l'amiante du Canada (ou comme il s'appelle lui-même, l'Institut du chrysotile, dans l'espoir de créer la confusion en distinguant le chrysotile des autres formes d'amiante) est le principal fournisseur de pseudo études scientifiques qui «prouvent» l'innocuité de l'amiante. Sachant cela, les autres producteurs d'amiante tendent à suivre l'exemple du Canada en la matière. De manière régulière, le Canada organise tranquillement l'opposition à la mise sous contrôle de l'amiante par des instruments internationaux tels que la Convention de Rotterdam.

La clé pour obtenir une interdiction mondiale de l'amiante se trouve au Canada. Si le soutien du Canada à l'industrie de l'amiante disparaît, alors l'interdiction mondiale de l'amiante pourra être proclamée. Quiconque s'est penché sur les preuves sait aujourd'hui que le lien entre toutes les formes d'amiante et l'asbestose, le mésothéliome et autres cancers, est irréfutable.

Le Canada est pour le moment vulnérable sur ce sujet. Il n'y subsiste que quelques centaines de mineurs concernés par l'amiante et son exploitation y est fortement subsidiée. Transformer ces subsides en fonds pour financer un programme de transition juste en faveur des mineurs et de leurs communautés permettrait de mettre en place un programme en béton. De récents efforts visant à mettre dans l'embarras le premier ministre québécois Jean Charest lors de sa mission commerciale en Inde ont été très efficaces.

Cependant, l'amiante n'est pas une industrie comme une autre. Au Québec et partout au Canada, c'est une icône. Elle fait partie de l'histoire culturelle et de la mythologie non seulement du mouvement ouvrier, mais aussi de la province du Québec et même de l'ensemble du Canada. C'est dans les mines d'amiante du Québec qu'est né le mouvement ouvrier moderne québécois. Peu de leaders syndicaux osent dès lors critiquer cette industrie. La grève violente d'Asbestos au Québec, en 1949, est devenue un symbole des luttes des travailleurs francophones contre les patrons anglophones et contre les compagnies étrangères qui ne se souciaient aucunement des communautés au sein desquelles elles fonctionnaient.

Ce fut un tournant dans la Révolution tranquille du Québec durant laquelle de nombreux Québécois se sont détournés de l'Église catholique en faveur des institutions séculaires. C'était l'une des premières grèves au Canada à faire explicitement d'une question de santé et sécurité une revendication clé des grévistes. C'est aussi pendant cette grève que de nombreux futurs leaders ont forgé leurs idées et prises de position sociales. Parmi eux, un jeune journaliste qui couvrait la grève et nommé Pierre Elliot Trudeau, qui deviendra plus tard l'un des plus célèbres premiers ministres canadiens. L'amiante est une icône politique et historique à laquelle les politiques répugnent à toucher.

Mais tout finit par changer avec le temps. Le Canada et le Québec doivent trouver une façon d'honorer l'héritage de ces héroïques mineurs d'amiante sans pour autant défendre cette industrie qui sème la mort. La plupart des Canadiens, y compris la plupart des Québécois, sont conscients que l'amiante tue. Si le mouvement syndical international continue à mettre la pression sur les leaders politiques canadiens et québécois, ceux-ci seront un jour obligés de faire ce que leurs électeurs savent déjà qui devra être fait.

Avec la venue des réunions du G8 et du G20 au Canada en juin, il est opportun pour le mouvement syndical international de rappeler au Canada que sa position est embarrassante.

* L'auteur, un Canadien, est le responsable de la santé, la sécurité au travail à la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses (ICEM). L'ICEM a son siège à Genève, en Suisse, et compte 467 syndicats de 132 pays.