Je prends la plume aujourd'hui pour vous faire part de mes peurs et mes espoirs quant à l'avenir de notre très chère langue française. Cette très chère langue qui vit depuis plus de 400 ans sur ce territoire du Québec, qui a affronté et vaincu plusieurs tempêtes, mais qui semble dangereusement malmenée à l'heure actuelle. Malmenée au point où elle perdra la bataille si on ne lui vient pas en aide.

Je prends la plume aujourd'hui pour vous faire part de mes peurs et mes espoirs quant à l'avenir de notre très chère langue française. Cette très chère langue qui vit depuis plus de 400 ans sur ce territoire du Québec, qui a affronté et vaincu plusieurs tempêtes, mais qui semble dangereusement malmenée à l'heure actuelle. Malmenée au point où elle perdra la bataille si on ne lui vient pas en aide.

On la parle de moins en moins dans les rues et les commerces de notre métropole, Montréal. Il en est de même dans les garderies et les écoles, où la langue anglaise prend de plus en plus de place. C'était inévitable qu'une telle menace arrive, nous avons choisi de vivre dans une société qui dépend de la croissance pour se maintenir. Or, les Québécois francophones ne pouvaient, par leur bas taux de fécondité depuis les années 60, assurer à eux seuls une telle croissance, ce qui a nécessité une forte immigration. Comme notre langue est de loin minoritaire sur le continent nord-américain, il était évident que la plupart des immigrants seraient plus attirés par l'anglais comme langue seconde. C'est pourquoi le Parti québécois a voté la loi 101 en 1977, pour que les nouveaux arrivants venant s'installer chez nous adoptent notre langue et participent avec nous à son rayonnement.

Durant les années 60-70, nous avons collectivement décidé que nous voulions que notre langue française survive sur notre coin de continent et nous nous sommes donnés les moyens pour que cela se produise. Lorsque l'Union nationale votait la loi 63 en 1969 et que cela ne nous satisfaisait pas, nous descendions dans les rues exprimer notre mécontentement. Lorsque le gouvernement Bourassa votait la loi 22 en 1974 et que cela ne nous satisfaisait pas, nous descendions également dans les rues exprimer notre mécontentement. Nous agissions collectivement et savions faire valoir nos droits.

Cependant, avec l'arrivée de la loi 101, nous nous sommes tranquillement assis sur nos lauriers. Nous pensions que la lutte pour notre langue était terminée et que sa pérennité était acquise.

C'était mal entrevoir l'avenir, car cet outil qu'est la loi 101 n'est plus d'aucune utilité aujourd'hui tellement il a été affaibli par les jugements successifs de la Cour suprême du Canada, qui ne reconnaît pas le droit collectif de la nation québécoise d'assurer sa survivance dans cette Amérique du Nord anglo-saxonne. Avec l'immigration accrue, la puissance des institutions anglophones du Québec et avec l'inertie du gouvernement libéral de Jean Charest, notre langue française perd constamment du terrain face à la langue anglaise. Cette langue, héritée des combats de nos ancêtres qui ont lutté pour qu'elle survive et que ses droits soient reconnus, est quelque peu fatiguée, elle ne se sent plus appuyée et nécessite qu'on l'aide.

Il dépendra donc de nous et de nous seuls que notre langue survive sur ce coin de continent. Il dépendra de notre volonté de continuer de vivre en français, de véhiculer cette belle langue qui fait de nous ce que nous sommes. Car la langue que nous parlons est beaucoup plus qu'un simple outil de communication, elle détermine notre façon de penser, notre façon particulière de voir et d'appréhender le monde qui nous entoure. Elle est notre façon particulière d'être, à nous les Québécois. Voulons-nous que cette particularité qui est la nôtre disparaisse à tout jamais?

Il est grand temps, devant l'inaction du gouvernement Charest, que nous recommencions à agir collectivement et au-delà de la partisanerie politique afin de faire valoir nos droits linguistiques.

Ce dimanche, à 13h, au Monument national, se tiendra un grand rassemblement pour protester contre le jugement de la Cour suprême du Canada, qui a jugé inconstitutionnelle la loi 104 votée démocratiquement par l'Assemblée nationale du Québec. Ce faisant, les enfants issus de l'immigration pourront désormais contourner la loi 101 et fréquenter l'école publique anglaise après avoir fréquenté une école dite passerelle. Ce jugement porte encore un dur coup pour l'avenir de notre langue et nous devons agir collectivement afin d'exprimer notre mécontentement et pour forcer le gouvernement à riposter avec une nouvelle loi empêchant les enfants issus de l'immigration de participer à l'expansion de l'anglais au Québec.

Ce rassemblement de dimanche est l'occasion idéale pour manifester notre mécontentement et notre volonté que la langue française vive à Montréal et partout au Québec. Si nous ne nous décidons pas à agir maintenant pour lutter contre les forces à l'oeuvre contre notre épanouissement linguistique, c'est notre identité collective et francophone qui, après 400 ans de combats, rendra progressivement l'âme. Seule une action collective et concertée des citoyens du Québec en faveur de leur langue commune pourra assurer la pérennité du français au Québec et forcer les instances politiques à agir pour en assurer le rayonnement.

Il est temps de montrer que nous sommes unis dans ce combat pour notre identité et que nous ne laisserons pas notre langue s'étioler sans rien faire. Il est temps de démontrer que ce qui compte le plus pour nous, Québécois des années 2000, n'est pas la vigueur du marché, le plein-emploi ou la fluctuation de nos REERs, comme semble le croire le gouvernement Charest.

Il est temps de démontrer que ce qui compte le plus pour nous est notre identité, qui elle-même se définit par notre langue commune, notre chère langue française.