Les universités québécoises peinent à soutenir leur mission. L'argent manque. Or, une des sources possibles de redressement financier est l'élévation des frais de scolarité. C'est une question de bons sens. Ces frais ont été maintenus au Québec à un niveau incroyablement bas par rapport aux sociétés voisines.

Les universités québécoises peinent à soutenir leur mission. L'argent manque. Or, une des sources possibles de redressement financier est l'élévation des frais de scolarité. C'est une question de bons sens. Ces frais ont été maintenus au Québec à un niveau incroyablement bas par rapport aux sociétés voisines.

La fuite en avant serait de vouloir les maintenir ainsi, pire de les réduire jusqu'à la gratuité. Dans ce dernier cas, il n'y a aucune preuve que l'achalandage augmenterait et, de toute façon, ce serait d'abord et avant tout une subvention déguisée aux mieux nantis économiquement et culturellement. Les leaders des organisations étudiantes me fusillent déjà en lisant cette dernière phrase, mais j'espère qu'ils vont prendre la peine de lire la suite.

Cette suite se veut fidèle à l'objectif de démocratisation scolaire que poursuivent tous les groupes progressifs au Québec, et la population en général. Quel parent, de quelque classe sociale fasse-t-il partie, ne rêve pas que son ou ses enfants puissent suivre le cheminement scolaire à la mesure de leurs aspirations? Or, les études l'ont prouvé, les bas frais de scolarité n'ont pas l'effet escompté. En supposant même qu'ils aient un infime rapport, le problème est ailleurs.

Si on veut que chaque enfant talentueux fasse les études qui lui conviennent, il faut le soulager et soulager sa famille démunie du fardeau financier que cette persistance scolaire amène. Pour ce faire, il ne faut pas lui donner comme perspective un endettement qui ira en grossissant à la mesure de ses succès scolaires.

Pourtant, c'est le message actuel qui lui est envoyé: plus tu réussiras mon jeune à te hisser aux plus hautes sphères scolaires, plus tu t'endetteras. Même si notre régime scolaire actuel ne produit pas une inégalité telle que seuls les parents fortunés peuvent envoyer leurs enfants à l'école, il reste que plus un élève d'un milieu modeste poursuit longtemps ses études, plus l'effet système va dans ce sens.

Dois-je le répéter? Il faut que les frais de scolarité des universités québécoises rejoignent ceux de leurs concurrents pour assurer une partie non négligeable de leur financement. Où est la solution alors pour ne pas perdre l'objectif de la démocratisation scolaire? Il est, pour une bonne part, dans une réforme en profondeur du système de prêts-bourses, qui devraient d'ailleurs devenir un système de bourses-prêts.

Il faut mettre fin à la situation où un père incite son fils étudiant à demander un prêt au gouvernement pour ses études, pour placer cet argent pendant qu'il le finance par en arrière. Dans un système de bourses-prêts, les seuls étudiants qui auraient droit à l'aide gouvernementale seraient ceux et celles qui sont réellement démunis.

Une fois le système réorienté vers ces étudiants moins bien nantis, je ne vois pourquoi, en termes de justice sociale, on les pénaliserait au départ, en leur faisant contracter une dette. Je serais porté à croire que c'est un facteur non négligeable d'arrêt scolaire, la perspective pour ces derniers d'un endettement à long terme.

Par conséquent, une fois identifiés les étudiants aux moyens financiers insuffisants, ils auraient droit à une aide réelle, non seulement pour payer leurs frais de scolarité, mais aussi pour leur assurer de ne pas être une charge pour leurs parents. Le ministère de l'Éducation, n'ayant pas, pour autant, un budget illimité, cette bourse serait plafonnée. À partir d'un certain seuil, une aide supplémentaire pourrait être offerte, pour les plus démunis d'entre ces étudiants sous forme d'un prêt à rembourser à la sortie de leurs études. Cette limitation ne serait pas catastrophique parce que, d'une part la majorité des étudiants travaillent à temps partiel en ce moment et sauraient ainsi rejoindre les deux bouts et d'autre part, les autres deviendraient des cas particuliers. Je laisse le soin aux fonctionnaires compétents dans ce domaine de trouver les meilleures modalités d'application d'une telle mesure.

Le bon sens devrait nous conduire dans cette direction plutôt que de nous cramponner au gel des frais de scolarité. Il ne faut pas se faire accroire que tous les problèmes reliés à l'accessibilité scolaire seront réglés d'un coup pour autant. Il y a aussi des mentalités à changer relié aux valeurs véhiculées par notre société comme l'importance de l'avoir sur le savoir et il faut s'attaquer dans les milieux défavorisés aux traumatismes des parents vis-à-vis de l'école qui les a souvent rabaissés au lieu de les faire grandir.