À la lecture de notre sondage Segma-LeDroit-Gesca, on comprend bien pourquoi Stephen Harper a tant insisté hier, lors du déclenchement des élections générales, pour affirmer qu'il s'attendait à former un autre gouvernement minoritaire. La raison en est fort simple : les conservateurs se dirigent tout droit vers la majorité et ils ne veulent pas donner davantage de munitions à leurs adversaires.

À la lecture de notre sondage Segma-LeDroit-Gesca, on comprend bien pourquoi Stephen Harper a tant insisté hier, lors du déclenchement des élections générales, pour affirmer qu'il s'attendait à former un autre gouvernement minoritaire. La raison en est fort simple : les conservateurs se dirigent tout droit vers la majorité et ils ne veulent pas donner davantage de munitions à leurs adversaires.

En fait, notre sondage dit tout haut ce que les conservateurs (et les autres partis sans doute) savaient déjà. Les troupes de Stephen Harper sont à portée d'une majorité, mais il ne faut surtout pas insister, de crainte de fournir des arguments à l'opposition qui ne manquera pas de marteler le message au cours des prochaines semaines. On l'a clairement senti dans les déclarations de Gilles Duceppe qui est le seul chef d'un parti d'opposition à pouvoir dire tout haut ce que ses collègues Dion et Layton pensent tout bas, c'est-à-dire qu'un des enjeux de l'opposition est de priver les conservateurs de la majorité.

L'avance de 18 points sur le Parti libéral est d'autant plus significative qu'elle se manifeste surtout en Ontario tant dans la région torontoise qu'à l'extérieur de la Ville-Reine, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les libéraux dont la marque demeure un argument porteur dans la campagne. Au Québec, les gains conservateurs vont sans doute se matérialiser à l'extérieur de la région métropolitaine et le fait que le chef bloquiste Gilles Duceppe ne s'attaque même pas aux libéraux démontre que ces derniers ne sont même plus un facteur déterminant au Québec.

En fait, notre sondage est un autre clou dans le cercueil de Stéphane Dion dont la campagne s'annonce comme une longue marche funèbre qui n'en finit plus et qui pointe inexorablement vers un enterrement de première classe. Pourquoi? Parce que Stéphane Dion ne passe tout simplement pas auprès de l'électorat et que son Tournant vert ne suffira pas à consolider les appuis ontariens dont il a tant besoin pour maintenir ses acquis. Désorganisés, mal préparés et à court de ressources, les libéraux s'en vont à la guerre sans grande conviction qu'ils ont un chef gagnant sur un cheval gagnant.

L'analyse du sondage Segma-LeDroit-Gesca démontre que Stéphane Dion ne fait pas le poids face à Stephen Harper, peu importe la façon de comparer les deux chefs. Que ce soit sur la capacité pour contrer le ralentissement économique, sur l'attrait comme individu, sur l'amélioration comme politicien, le chef libéral ne supporte pas la comparaison avec son homologue conservateur. En fait, le plus troublant pour Stéphane Dion, c'est de réaliser que sur ses qualités de chef, il marque sur la ténacité et l'intelligence à 14 %, mais que les gens ne le connaissent pas vraiment puisque 15 % "ne savent pas" quelles sont ses principales qualités. Même l'enjeu de l'environnement vient derrière le financement de la santé et de l'éducation ainsi que l'économie dans les préoccupations des Canadiens. Pour le chef libéral, c'est un sérieux handicap puisque peu de Canadiens sont prêts à parier sur son cheval et pas davantage sur le cavalier.

On voit bien pourquoi Stephen Harper voulait tant aller en élection et qu'il a autant mis l'accent sur la possibilité d'un gouvernement minoritaire. Avec des coffres bien garnis et un bon bulletin de santé, il a suffisamment de munitions pour lutter sur ses propres termes, ce que Stéphane Dion ne réussira pas à faire, à moins d'un miracle. D'autre part, la grande différence entre 2006 et 2008, c'est que Stephen Harper est maintenant la cible, que l'économie ontarienne est fragile, que le scandale des commandites ne peut plus servir d'enjeu électoral et qu'il ne peut matérialiser ses promesses en cinq formules faciles à vendre. Avec les moyens à sa disposition, la possibilité de gains intéressants au Québec et substantiels en Ontario, le chef conservateur ne manque pas de défis. Qui plus est, Stéphane Dion lui offre sur un plateau d'argent un Tournant vert qu'il n'aura aucune difficulté à réduire en miettes.

Pour Stéphane Dion et les libéraux, la bonne nouvelle, c'est qu'ils ne peuvent descendre plus bas et que de sous-estimer le chef libéral est un sport national.

pbergeron@ledroit.com