Un excellent article intitulé «Ça fait peur» rédigé par Luc Dufresne est paru dans la tribune des lecteurs relativement à l'affaire d'Omar Khadr, accusé de crimes de guerre et emprisonné à Guantanamo depuis 2002.

En complément d'information, ce citoyen canadien n'avait que 15 ans lorsqu'il a été incarcéré pour des gestes qu'il aurait commis en Afghanistan alors qu'il vivait avec son père en suivant ses instructions, un dirigeant d'Al-Quaïda tué par les Américains.

Dans le monde, plus de 300 000 enfants soldats, garçons et filles, parfois âgés de 8 ans, portent armes et combattent pour le compte de chefs de guerre sans scrupule.

La grande maniabilité des armes légères modernes ainsi que l'abondance d'enfants expliquent ce phénomène.

Depuis quelques années, le lieutenant-général à la retraite des Forces armées canadiennes et sénateur, Roméo A. Dallaire a fait des recherches sur les enfants soldats grâce à une bourse de recherche du Carr Center for Human Rights Policy, John F. Kennedy School of Government, de l'Université Harvard.

Comment le décrire: une personne engagée contre l'exploitation des enfants soldats et également qui s'efforce de sensibiliser la population canadienne au syndrome de stress post-traumatique de nos militaires.

Le 16 février 2007, lors d'une conférence, le général Dallaire a décrit une aventure traumatisante du Rwanda.

«Mes hommes venaient de découvrir une église pleine de réfugiés terrorisés. Ils y étaient en grand danger puisque, comble du cynisme, les bouchers annonçaient à la radio que les églises étaient des abris sûrs... pour mieux y rassembler leurs victimes... Lorsque soudain, des tirs atteignirent les soldats canadiens. Ils provenaient d'enfants qui utilisaient comme bouclier humain une rangée de petites filles. Mes hommes ont dû riposter et restent encore atteints du syndrome de stress post-traumatique. Peut-on laisser le monde aux mains de tels monstres qui utilisent des enfants soldats? Est-ce la façon dont nous voulons que le monde continue à fonctionner? Non, partout où les droits humains sont bafoués, une nation telle que le Canada a le devoir d'intervenir.»

Le 18 juin 2008, le sénat canadien a adopté la motion déposée par le sénateur Roméo Dallaire demandant le rapatriement immédiat du citoyen canadien Omar Khadr et ancien enfant soldat.

«Honorables sénateurs, si nous laissons Omar Khadr en prison et le soumettons à ce processus américain, nous devrons ensuite rester chez nous, sinon, nous passerons pour une bande d'hypocrites dans les autres pays».

La motion exhorte le gouvernement du Canada à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le rapatriement et la réhabilitation d'Omar Khadr en vertu des obligations internationales de notre pays relativement aux droits des enfants dans des conflits armés.

Comme l'a mentionné le général Dallaire, le Canada a adopté il y a longtemps une position de principe concernant les droits des enfants à l'échelle internationale.

En juillet 2000, il a été un des premiers pays à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, et concernant la participation des enfants aux conflits armés.

«L'inaction du Canada dans le cas de Khadr compromet notre réputation comme défenseur des droits de la personne et de la justice ici et à travers le monde» a conclu le sénateur Dallaire.

Même Amnistie internationale, mouvement mondial qui milite pour le respect des droits humains énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, en fait mention de l'affaire Omar Khadr sur son site Internet, une publicité peu enviable pour le Canada.

Dans le cas présent, le Canada se rend coupable d'une violation aussi flagrante qu'aberrante des droits de la personne et de la Convention des Nations unies sur les droits des enfants.

Non seulement «ça fait peur», mais c'est honteux de voir l'inaction du gouvernement Harper qui nuit à la réputation du Canada et à la promotion des valeurs fondamentales de notre beau pays.

André Laperrière

Trois-Rivières