Les autorités canadiennes ont adopté une ligne dure, tout récemment, en retournant Rémy Maliragora dans son Rwanda natal en raison de son épais dossier judiciaire. Depuis, sa famille, son avocat et d'autres sympathisants multiplient les dénonciations des méthodes de l'Agence des services frontaliers du Canada, et crient à l'erreur judiciaire.

Les autorités canadiennes ont adopté une ligne dure, tout récemment, en retournant Rémy Maliragora dans son Rwanda natal en raison de son épais dossier judiciaire. Depuis, sa famille, son avocat et d'autres sympathisants multiplient les dénonciations des méthodes de l'Agence des services frontaliers du Canada, et crient à l'erreur judiciaire.

L'homme de 27 ans, arrivé au pays à l'âge de 16 ans, n'est pas le criminel que l'on dépeint, soutiennent-ils, mais une victime du génocide rwandais qui combat deux démons, l'alcool et le stress post-traumatique. Un ancien directeur d'école, qui l'accompagnait à sa maison de transition, a confié à un quotidien de la capitale que Rémy Maliragora avait fait des pas considérables au cours de la dernière année, et avait obtenu son diplôme de l'école secondaire. Son agent de probation aurait aussi témoigné de son comportement exemplaire depuis que l e jeune homme a cessé de consommer de l'alcool.

Par contre, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada dépeint un tout autre portrait de M. Maliragora. Il aurait été un adolescent turbulent et a collectionné les peines au criminel entre 2002 et 2005 : vol, possession de véhicule volé, port d'armes prohibées, menaces. Des gestes graves, lourds de conséquence pour les victimes. Lors du plus récent épisode, en 2005, il avait été identifié comme un membre d'un sordide gang de rue, les Crips. Il y a à peine 18 mois, il était encore reconnu coupable d'agression, de menaces et de bris de probation.

Il semble y avoir suffisamment d'indices à l'effet que Rémy Maliragora était en train d'effectuer un virage positif dans sa vie.

Par contre, il faut avoir assisté à des comparutions devant des juges canadiens pour apprécier toute l'indulgence dont ils font preuve à l'endroit de jeunes contrevenants dans l'espoir qu'ils voient la lumière et se détournent de leurs comportements délinquants. Il n'y a aucun doute que Rémy Maliragora a fait l'objet de nombreux rappels, de la part de juges et d'autres représentants de la justice canadienne, des conséquences ultimes de ses crimes à répétition. La perspective d'une expulsion a dû être répétée à plusieurs reprises. De fait, la Commission rapporte qu'il n'allait chercher de l'aide pour ses problèmes que lorsqu'il sentait la soupe chaude.

Rémy Maliragora a poussé le système à la limite. Peut-être misait-il sur un autre pardon ? Dans la vingtaine, on ne peut plus invoquer indéfiniment le motif des erreurs de jeunesse. Le Canada a été ferme dans ce cas : que cela serve d'exemple aux criminels d'habitude.

Faillite louche

Le Procureur général du Canada fait bien de jeter un second regard sur la faillite du publicitaire Jean Lafleur. Vu de loin, ce dépôt de bilan a tout à fait l'air d'une manoeuvre pour éviter de payer plus de 8 millions $ à l'État.

Pendant six ans, entre 1994 et 2000, le principal dirigeant de Lafleur Communication Marketing a empoché 36 millions $ en honoraires, sur les 65 millions $ qu'il a facturés au Gouvernement du Canada dans le cadre du programme de commandites. Et de tout cela, il ne resterait rien ? En fait, à peine 2013 $, selon la déclaration officielle de M. Lafleur.

Il ne faut pas prendre les contribuables pour des valises. Dans les documents officiels fournis par M. Lafleur lui-même, rapportés la semaine dernière, une seule propriété de M. Lafleur aurait rapporté 1,5 million $, montant qui a été rapidement dissimulé dans un compte bancaire au Lichtenstein, via son avocat.

Dans les deux années qui ont précédé son retour au Canada, en 2007, Jean Lafleur vivait en Amérique centrale. Il a plaidé coupable de fraude et a été condamné à 42 mois de prison et une amende de 1,5 million $. Il a servi un sixième de sa peine, soit sept mois. Une sentence à rabais, quoi, commune pour les fraudeurs à cravate. Voilà qu'il tente d'éluder l'amende.

Le gouvernement ne doit pas tolérer les abus. Car c'est le système de justice, basé sur la confiance des Canadiens, qui écope par chaque abus dont il fait l'objet. Le Procureur général du Canada doit aller jusqu'au bout et démasquer le simulacre de justice, s'il y a lieu.