Si, de nos jours, les célébrations de personnes centenaires sont de plus en plus fréquentes, plus rares sont celles de centenaires de commerces, de commerces familiaux tout particulièrement.

Le dimanche 10 août dernier, une foule composée de tous âges et estimée à plus de quinze cents personnes était assemblée sur les terrains jouxtant la Boulangerie François Guay inc. pour célébrer le 100e anniversaire de ce vénérable commerce.

Ressortie des cendres du grand feu de la nuit du 14 janvier 2005, telle le célèbre phoenix de la mythologie, notre boulangerie et binerie a été reconstruite plus grande et plus belle.

Il y eut, bien sûr, un certain moment de tristesse, puis une période de profonde hésitation, combien compréhensibles.

Va-t-on reconstruire?

Passés ces moments difficiles, en compagnie d'amis, surtout de leur fille Jacinthe, le couple Guay a fait courageusement confiance en l'avenir.

En rebâtissant, non seulement la famille a plus que doublé son commerce, mais encore elle a doublé son personnel et même ajouté de nombreux produits de vente.

Bref, trois ans après le feu de 2005, leur commerce est plus prospère que jamais.

Et pourquoi un tel succès?

La raison est simple, voire multiple.

Tout d'abord, un accueil chaleureux dès l'entrée ainsi que l'offre de produits sains et de qualité préparés à partir de recettes traditionnelles; puis les coeurs généreux de Jeannine et de François Guay qui ne craignent pas de se mêler aux clients presque la journée durant; enfin, et il ne faut pas l'oublier, une clientèle fidèle depuis bien des décennies.

Oui, en vérité tout un événement s'est déroulé dans le secteur trifluvien de Pointe-du-Lac en ce 10 août dernier, sous un soleil radieux et un ciel bleu quasiment absent de nuages, denrées rares cet été!

La célébration du centenaire a débuté à 11h par une messe à l'ambiance pieuse célébrée par l'abbé François Doucet.

À midi, un repas était servi.

Au menu, nous le désirions, des mets de notre boulangerie réputée.

Une heure plus tard, un tour de chant servi par M. Claude Bolduc, en présence du maire Yves Lévesque et du conseiller Michel Veillette.

Soulignons un autre trait de la générosité de la famille Guay, c'est-à-dire la ferme volonté d'acheter un chien mira pour le remettre à une petite fille aveugle de la région.

Le coût étant de 20 000 $, la famille avait déjà amassé une somme de 8000 $.

À l'occasion de la fête, le maire Lévesque a annoncé que, grâce à sa fondation, il va doubler ce dernier montant.

Le couple Guay annonçait à sa suite qu'il ajoutera toutes les recettes des repas de la journée au montant de 16 000 $.

Finalement, en ce jour, on peut déclarer que le chiffre magique de 20 000 $ est déjà atteint et même dépassé.

Fiers du succès de leur entreprise, Jeannine et François Guay l'étaient à juste titre quand ils serraient les mains chaleureuses de leurs invités.

Lors d'une brève allocution, ils ont remercié la foule.

Plus que cela! Ils ont aussi tenu à rappeler la mémoire des propriétaires qui les avaient devancés, soit Napoléon Rouette (1908-1919), Xavier Guay (1919-1940), secondé par ses frères Henri et Lucien, Léo Guay (1940-1981), Jeannine et Françoise Guay (1981- ).

Prudents, ces derniers ont déjà préparé leur succession.

Elle sera assurée par leur fille, Jacinthe Guay.

Ainsi, hormis la présence pendant onze ans de Napoléon Rouette, avec l'arrivée de cette dernière, quatre générations de la famille Guay se seront succédé à la tête du réputé commerce qui constitue une véritable institution régionale.

Combien nous sommes tous heureux qu'il continue après un siècle à avoir pignon sur rue au coeur même du vieux village de notre secteur.

Ressoudés, oui, dans la douleur lors de l'incendie de 2005, les Pointe-du-Lacquois l'ont été une nouvelle fois, et comment, dans l'allégresse cette fois, à l'occasion de ce centenaire mémorable.

Nous nous sommes aussi rappelés que, d'où qu'il vienne, un client qui se présente à ce commerce n'est plus un étranger, mais un ami qui entre comme dans une maison familiale où flotte agréablement une odeur de bonne cuisine d'antan.

François De Lagrave

Trois-Rivières