Heureusement, les francophones vivant à l'extérieur du Québec peuvent compter sur l'intervention musclée des tribunaux. Face à l'indifférence, l'incompréhension, voire l'hostilité d'une grande partie de la population anglo-canadienne, la contestation judiciaire demeure encore aujourd'hui l'arme la plus efficace des minorités canadiennes-françaises pour faire valoir leurs droits linguistiques.

Heureusement, les francophones vivant à l'extérieur du Québec peuvent compter sur l'intervention musclée des tribunaux. Face à l'indifférence, l'incompréhension, voire l'hostilité d'une grande partie de la population anglo-canadienne, la contestation judiciaire demeure encore aujourd'hui l'arme la plus efficace des minorités canadiennes-françaises pour faire valoir leurs droits linguistiques.

Parfois les enjeux sont d'importance nationale, comme le fut la défense juridique de l'hôpital Montfort à la fin des années 1990. Parfois il ne s'agit que d'une contravention émise en anglais seulement ou un accrochage verbal avec un policier ou un fonctionnaire qui n'est pas en mesure ou qui refuse de communiquer en français. Parfois - souvent même - les francophones sont confrontés à des traductions bourrées de fautes au point d'être incompréhensibles.

Quelle que soit la situation, l'histoire nous a appris que les soutiens politiques sont fragiles face à une frange d'opinion publique intolérante, et que plusieurs de ceux qu'on comptait parmi les alliés se sont prudemment rangés dans un camp plus neutre à la dernière minute, laissant quelques défenseurs - presque toujours les mêmes - au front.

Les Gisèle Lalonde. Les Jean Poirier.

Il n'y a rien à faire contre les Howard Galganov et les milliers d'auditeurs qui monopolisent les talk-shows à la radio pour se plaindre constamment que les francophones ont tous les droits, gagnent toutes les victoires et que les anglophones sont laissés pour compte, ou encore qui se demandent pourquoi les francophones exigent des services en français quand la majorité d'entre eux comprennent l'anglais...

Personne ne pourra extirper des préjugés si profondément ancrés et cette ignorance de la dualité historique du Canada.

Voilà pourquoi les francophones invoquent de plus en plus la protection des lois, constitutionnelles de préférence, et le milieu plus serein des palais de justice. Ils y ont trouvé - du moins depuis l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés - une oreille sympathique et une génération de juristes axés sur la primauté du droit plutôt que sur les sautes d'humeur de l'opinion publique. Ils y ont affirmé au fil des ans des droits qui leur étaient niés, y compris celui de gérer leurs propres systèmes scolaires.

En début de semaine, nous apprenions trois nouvelles victoires juridiques : contestation d'une contravention émise en anglais seulement en... Alberta, dénonciation de l'arrestation d'un francophone en Saskatchewan pour avoir exigé un peu trop énergiquement le droit de parler français à un policier de la GRC, et confirmation du droit des francophones des Territoires du Nord-Ouest à recevoir des services en français.

Ces jugements récents réaffirment, chacun à leur façon, le droit des Canadiens de langue française d'invoquer leur appartenance à l'un des deux peuples fondateurs de la fédération canadienne.

Qu'ils vivent à Calgary, à Regina ou à Yellowknife, ils ne font pas partie d'un groupe ethnique, culturel ou linguistique comme les autres.

Qu'ils ne forment que deux ou quatre pour cent de la population dans une province importe peu. Ils ont les droits que leur confère leur adhésion à l'une des deux langues officielles du pays.

Le respect de ces droits, que les anglophones se le disent et le comprennent bien, c'est le prix à payer pour l'unité du pays.

Ces petites reconnaissances juridiques des droits des francophones dans les provinces où ils sont minoritaires, l'opinion publique anglo-canadienne - et les médias qui contribuent à la façonner - devraient y voir une victoire pour tout le pays, plutôt que de maugréer et dénoncer comme ils le font trop souvent.

Dans un environnement parfois houleux, les tribunaux canadiens ont su garder le cap. On y a entendu, et on continue d'y entendre les voix de la raison et de la modération.

pallard@ledroit.com