Comment réagissez-vous aux résultats des élections au Québec? Des surprises? Des déceptions?

L'ambivalence des Québécois

Selon l'historien Jocelyn Létourneau: «Pour avancer empiriquement dans la réalité de l'histoire, les Québécois ont toujours apporté des réponses ponctuelles, prudentes et réfléchies aux questions circonstancielles et de portée limitée par lesquelles ils colonisaient leur devenir ».

Le résultat de cette élection démontre qu'une fois encore les Québécois ont fait le choix du renard plutôt que celui du hérisson (selon la division du monde de Berlin) en se laissant guider, pour leur avenir immédiat, par la prudence plutôt que l'incertitude. Un réflexe typique de leur ambivalence proverbiale.

Claude Poulin, Québec

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Ne nous décevez pas, Madame Marois

Comme femme je suis très heureuse d'avoir pour la première fois une femme comme premier ministre.

Comme souverainiste, je suis fière d'avoir de nouveau un gouvernement souverainiste.

Cependant, la barre est placée très haut. J'ai été très tentée de voter pour la CAQ. Leurs politiques économiques m'attiraient parce que je sais pertinemment qu'on ne pourra pas être indépendant dans les conditions actuelles.

Les Québécois veulent travailler, avoir accès à de l'instruction de qualité pour leurs enfants jusqu'à l'université, même si cela veut dire d'augmenter les frais.  Ils veulent être bien soignés et dans des délais raisonnables, lorsqu'ils sont malades.  Ils veulent être traités comme des personnes, lorsqu'ils sont âgés.  Ils veulent avoir des routes carrossables qui ne ressemblent pas à celles de l'Afghanistan.  Ils veulent que cesse le copinage dans l'attribution de contrats dans l'industrie de la construction qui nous coûtent très cher et nous empêchent, en partie, d'augmenter notre richesse. Ils veulent qu'on exploite nos ressources naturelles de façon responsable, en nous enrichissant collectivement.

L'indépendance, on la fait depuis les années 60, depuis que les Québécois ont pris les rênes de leur économie, de leur langue et de leur culture. Avant, on était nés pour un petit pain, mais la baguette grossit de plus en plus. Faites du Québec une économie forte, avec des dirigeants intègres et le pays viendra. Même nos anglophones et allophones suivront. Restez main dans la main avec les syndicats, en évitant de prendre les décisions qui s'imposent et plus personne ne vous suivra.

Oui, Madame Marois, je suis fière de votre élection, mais je serai très critique lors de votre mandat et j'espère ne pas avoir à voter pour la CAQ la prochaine fois.

Sylvie Leduc , Ile-Bizard

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Quelle soirée électorale!

Après le printemps érable, les carrés rouges puis les casseroles, voici la première femme élue premier ministre de l'histoire du Québec. Mais pour combien de temps? La CAQ et le PLQ, avec plus de sièges et de pourcentage de suffrages exprimés, pourraient former une coalition et renverser le gouvernement péquiste. Ce scénario est-il possible? Les analystes politiques feront couler beaucoup d'encre à ce sujet dans les prochaines semaines.

l'Abolition de la Loi 78, oubliez ça! Verra-t-on un automne des feuilles rouges?

Les paris sont ouverts.



Christian Fortin, Richelieu


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Est-ce une victoire?


En analysant les résultats, nous pouvons voir que les Québecois francophones, qui ont partagé leurs votes entre quatre partis politiques, ont fait la preuve que la devise ''diviser pour régner'' est véridique. Nul besoin pour la majorité des anglophones et allophones de s'inquiéter sur la question  de la souveraineté. Ils ont juste à laisser les francophones s'entre-déchirer entre eux. Quel petit peuple nous formons!

Michel Binette,  Montréal

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Je suis catastrophé par ce résultat



Que le PQ forme le gouvernement, normal. Le prochain gouvernement sera minoritaire et je m'en réjouirais presque,  espérant que le prochain gouvernement écoute vraiment la base, l'électorat.

Mais là, plus de 45 députés libéraux, c'est absolument atroce! Jamais dans l'histoire du Québec n'y a-t-il eu autant d'allégations de copinage en tout genre, et de retours d'ascenseur depuis 1867. Juste pour ça il était honteux de voter Libéral. Mais surtout, les Libéraux ont retardé au maximum l'institution d'une commission d'enquête, à un point où ils ont sali la classe politique, le sens de la responsabilité gouvernementale et le Québec dans son ensemble. En plus, ils n'ont pas eu le courage d'attendre le moindre résultat avant de déclencher des élections.

Je suis dégoûté!

Jean-François Trottier, Greenfield Park

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Plus faible que Joe Clark

En 1979, Joe Clark avait battu les Libéraux de Trudeau après 11 ans de pouvoir. Mais il était faiblement minoritaire avec 48.2% des sièges (10 de moins que l'opposition) et son gouvernement n'avait duré que sept mois. Cette fois, Pauline Marois a battu Charest après 9 ans de pouvoir, mais elle n'a que 44.8% des sièges (13 de moins que l'opposition libérale-caquiste). Si on lui ajoute les deux voix de Québec solidaire, elle n'a que 46.4% des sièges, 11 de moins que l'opposition. Elle est donc en plus mauvaise posture que Joe Clark l'avait été.

Michel Magnant



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J'ai honte


Comment peut-on célébrer une victoire quand des milliers de personnes craignent une personne au point de la détester? C'est ce que je me demande lorsque je pense à Madame Marois qui ce soir, célèbre sa victoire.

En tant que femme, je devrais être fière de voir une femme prendre la tête de notre province, mais ce soir, je ne le suis pas. Comment être fière d'une femme qui s'acharne à rendre un segment de la population si misérable? Nos voisins, ceux juste aux côtés de nous, nos voisins, pas ceux à l'autre bout du pays, se sentent attaqués. Ils craignent l'avenir de cette province, craignent ce parti à cause de leur langue. J'ai honte du nouveau parti au pouvoir. Qui prêche pour créer une seconde classe québécoise: ceux qui ne sont pas aussi importants que les francophones. J'ai honte du nouveau parti au pouvoir, car j'ai vu nos grandes compagnies s'enfuir autrefois et je sais que la cloche du départ vient de sonner à nouveau.



Ginette Beaupré

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Le peuple a parlé

Un gouvernement minoritaire est porté au pouvoir. Jean Charest n'est plus député de Sherbrooke et François Legault aura réussi l'impensable en faisant élire 19 députés issus de sa formation politique née il y a neuf mois seulement. En tant que citoyen, je me permets de féliciter les gagnants, mais aussi les perdants de ce scrutin qui ont brigué les suffrages, tout en faisant d'énormes sacrifices personnels et professionnels. Cela dit, je souhaite de tout coeur que le gouvernement de Pauline Marois fasse tout en son pouvoir afin de faire de la politique autrement en écoutant et surtout en entendant le peuple. Qu'elle fasse aussi les efforts nécessaires afin que le climat à l'Assemblée nationale devienne plus respectueux et à l'image du Québécois moyen qui respecte et aide son prochain. Quant aux partis d'opposition, ils doivent eux aussi agir de façon responsable et ne pas faire tomber ce gouvernement pour des peccadilles. Après tout, nous ne pouvons et ne voulons pas retourner en élection d'ici quelques mois. Le rôle principal de l'Assemblée nationale est la sauvegarde de la démocratie avec chacun des éléments qu'elle implique. Et cela inclut inévitablement le citoyen qui est au centre de cette même démocratie. Je souhaite aussi que le PQ et ses militants fassent preuve de patience en ce a trait à un éventuel référendum sur la souveraineté. Car, pour l'instant, cette option ne fait pas partie de nos priorités. Ce que nous voulons avant tout c'est un endroit où il fait bon vivre et où les finances publiques seront assainies et où la pauvreté et le sort réservé à nos ainés deviendront enfin des priorités gouvernementales. Je veux voir des politiciens qui ne pensent pas qu'à leur réélection,mais qui sont en poste pour le bien commun et non pour se l'approprier.



Jean Bottari, Montréal